Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« Notre époque est une fabrique d’adolescents »
Le drame serait donc parti d’une invitation lancée sur Facebook par une jeune fille de 17 ans à venir partager chez elle, en l’absence de ses parents, la soirée de la Saint-Sylvestre. Marcel Rufo, le célèbre pédopsychiatre toulonnais tente d’analyser la passion des adolescents pour ces réseaux sociaux.
Comment expliquer cet affichage des adolescents sur les réseaux sociaux ? Les adolescents sont des gens qui se cherchent beaucoup, qui doutent. Pour chercher à se rassurer, ils se regardent beaucoup plus dans le miroir que ne le font les adultes. Mais ils sont plus dépendants de leur image que par le passé. C’est l’époque qui veut ça. On l’a vu avec la campagne d’Obama, et aujourd’hui celle de Mélenchon. Notre époque est une fabrique d’adolescents où plus personne n’est vieux. Le virtuel rogne sur le réel et c’est dangereux.
Mais certains vont très loin dans les révélations sur leur vie privée ? C’est ainsi. Le monde d’aujourd’hui est devenu très impudique. La pudeur, qui est un bon sentiment, a beaucoup reculé. Et avec ce recul, s’ouvre le champ de tous les possibles, de tous les dangers.
Quels sont ces dangers justement ? Il y a un paradoxe à révéler son intimité sur les réseaux sociaux. On est à la fois dans l’exhibition et dans l’anonymat. À la différence que cet exhibitionnisme se fait par rapport à n’importe qui. En s’affichant ainsi, on fait entrer virtuellement des gens chez soi qui ne sont pas invités, des intrus qu’on ne connaît pas. Et parfois, la réalité rattrape la virtualité.