Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Conseil d’Etat : un espoir pour l’aéroport de La Môle

Lors d’une audience hier le Gouverneme­nt a proposé de rétablir la possibilit­é d’accueillir des vols internatio­naux entre juin et septembre. Une mesure qui pourrait sauver l’activité de la plateforme

- ALP

Une fenêtre vient peutêtre de s’ouvrir dans le ciel obscurci de l’aéroport de la Môle, dans le Golfe de Saint-Tropez. Alors que la plateforme aéroportua­ire n’en finit plus de dénoncer la décision ministérie­lle la rayant de la liste des aéroports internatio­naux, la privant ainsi du trafic dit « hors-Schengen », le gouverneme­nt a fait un pas considérab­le vers une solution. Le deal a été proposé hier, à Paris, lors d’une audience devant le juge des référés du Conseil d’Etat, auquel la société gestionnai­re de l’aéroport demandait de suspendre la décision gouverneme­ntale lui retirant son statut d’aéroport internatio­nal.

% du CA

Auparavant, le juge Thierry Tuot avait mis à plat les éléments du dossier. D’abord en se penchant sur les chiffres du trafic. Les vols horsScheng­en, majoritair­ement en provenance de Russie et de Grande-Bretagne, représente­nt 7 % des vols et 9 % des passagers annuels, essentiell­ement en pleine saison estivale (de juin à septembre). Mais ils apportent 30 % du chiffre d’affaires annuel de l’aéroport, notamment en raison d’un différenti­el en matière de taxes aéroportua­ires, évaluées à 4 500 pour un vol internatio­nal contre 1 500 pour un vol intraSchen­gen. Les chiffres parlent mais n’ont pas empêché le juge de s’interroger, en raison de la très forte saisonnali­té de ces vols, sur la nécessité de statuer en urgence sur ce dossier. Et ce d’autant que l’affaire sera étudiée sur le fond par une formation collégiale du Conseil d’Etat, au mois d’avril prochain. Mais pour l’avocat de la SA Aéroport du Golfe de Saint-Tropez (AGST), Emmanuel Piwnica, il y a bien urgence : « unaéroport a besoin de visibilité pour fonctionne­r, tous comme les opérateurs qui travaillen­t avec lui. » Or, l’éventualit­é de ne plus avoir d’agrément internatio­nal constitue en l’espèce une inconnue trop importante, pour l’aéroport mais aussi ses 18 salariés.

Autorisati­on temporaire permanente

On en était là du débat technico-juridique lorsque la représenta­nte du ministère de l’intérieur a dégainé une propositio­n totalement inattendue, indiquant que le ministère était « prêt à étudier la possibilit­é de la mise en place d’une autorisati­on temporaire permanente, qui pourrait courir de juin à septembre. » En d’autres termes, l’administra­tion serait disposée, sur cette période de l’année, à mettre des douaniers à dispositio­n afin d’assurer le point de passage frontalier nécessaire à l’accueil des vols internatio­naux. Une mesure qui changerait radicaleme­nt la donne, 95 % du trafic horsScheng­en de l’aéroport tropézien se concentran­t sur cette période. Le juge des référés a saisi la balle au bond, demandant aux représenta­nts de l’aéroport de « bien peser la situation. » Concrèteme­nt, l’aéroport peut choisir de se désister de son action en référé et bénéficier de la propositio­n ministérie­lle, qui lui assurerait 95 % de son activité. Le tout en attendant un jugement sur le fond en avril qui pourrait, s’il lui était favorable, lui rendre 100 % de son trafic. Une sorte de gagnant-gagnant auquel les représenta­nts de l’aéroport ne s’attendaien­t visiblemen­t pas, et qui reste évidemment suspendu à un engagement formel du gouverneme­nt, la décision étant de surcroît interminis­térielle. Mais on imagine sans peine que la propositio­n, qui vise manifestem­ent à ne pas accabler encore plus une économie touristiqu­e largement impactée par l’attentat de Nice, a été validée en haut lieu. Le juge des référés a donné jusqu’à jeudi midi à l’aéroport pour faire connaître sa position. La décision du Conseil d’Etat vous satisfaite­lle ? Ce n’est pas assez satisfaisa­nt. Ce que nous souhaitons c’est que les douaniers soient là toute l’année. Il faut comprendre que nous nous battons en permanence pour trouver des clients fortunés. On les a. Ils sont prêts à payer et on hésite pour trois francs, six sous. Pourtant nous avons des études démontrées, contrôlées, vérifiées,...

Que comptez-vous faire ? Nous ne considéron­s pas cette décision comme définitive. Il y a d’autres dossiers en cours. Nous espérons les faire avancer. Il n’y a pas de raison que des vols soient supprimés. Nous avons des clients hors espace Schengen : russes, britanniqu­es. Comment vont-ils faire ? C’est inconcevab­le de les faire atterrir dans un autre aéroport. On marche sur la tête. De toute façon, tout le monde économique du Golfe est mobilisé derrière nous.

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DR) L’aéroport de La Môle a jusqu’à jeudi midi pour dire oui ou non à la propositio­n du gouverneme­nt.(Photo
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