« La France a besoin d’une gauche réformiste »

La campagne de la primaire va être courte. Éclair. S’il a des fourmis dans les jambes, l’envie de courir tous azimuts, Manuel Valls sait aussi qu’il doit convaincre. Alors il prend sur lui. Ronge son frein. Prend le temps de faire oeuvre de pédagogie. Hier à Paris, il devait passer une heure avec une dizaine de journalistes de la presse régionale. L’échange aura finalement duré près de deux heures. L’occasion pour le candidat de marteler son ancrage social-réformiste, d’assumer l’héritage hollandais, de taper sur François Fillon et d’assurer qu’il croit mordicus en ses chances de parvenir à l’Élysée.

● LE QUINQUENNAT

« Ça n’aurait pas de sens que je parle de rupture, ce ne serait pas crédible. Ce serait aussi une faute intellectuelle et morale. J’assume ce qui a été fait depuis 2012. J’incarne un nouvel élan dans la continuité. »

● FRANÇOIS FILLON

« Le projet de Fillon, beaucoup plus dur que celui de Juppé, va changer la donne du débat. Je ne sais pas si c’est le bon candidat pour la gauche, mais il porte un programme de purge que je combattrai. »

● LE FINANCEMENT DE SON PROGRAMME

« J’ai fait la démonstration, au gouvernement, qu’on peut baisser le déficit tout en assumant des dépenses nouvelles de sécurité, en mettant la priorité sur l’éducation et en baissant les impôts des classes moyennes. »

« L’enjeu majeur, ce n’est pas de réduire le déficit, c’est la croissance et l’emploi. Mes choix sont crédibles sur la base d’une réduction de 3 % des déficits. C’est grâce à la croissance que nous réduirons notre déficit. »

● LE REVENU DÉCENT

« Le revenu décent se mettra en oeuvre par étapes, par l’ouverture de ce droit aux 18-25 ans d’abord et la fusion des minimas sociaux. Ce sera un revenu décent et pas un revenu universel, je tiens à la nuance, car je veux une société du travail. Ce revenu doit être perçu comme un coup de pouce, une aide à l’autonomie. Il se situera entre 825 et 850 euros par mois. L’ouverture de ce droit aux 18-25 ans coûtera 8 milliards d’euros et l’ensemble du dispositif, au final, entre 20 et 30 milliards d’euros. »

«Ce que souhaitent les Français, c’est le modèle républicain. Et ils ont aussi une soif de justice. »

● SON MODÈLE SOCIAL

« Non, il ne faut pas réduire le nombre de fonctionnaires. L’État est la colonne vertébrale de la nation. Mais il faut des politiques publiques efficaces et ne pas hésiter à faire des choix. »

« La France a besoin d’une gauche républicaine, laïque et réformiste. »

« Sur le modèle social, il va y avoir débat. Je souhaite qu’à la fin des fins, ait lieu un échange de qualité entre François Fillon et moi. Il n’est pas écrit que le Front national sera au second tour de la présidentielle. »

● L’EUROPE

« Il faut marquer une pause dans l’élargissement de l’Union européenne, tant qu’on n’a pas refondé son projet. »

« Il faut mieux distinguer ce qui relève de l’Union européenne et ce qui relève des États. Si on n’y remet pas de l’ordre, le projet européen va se disloquer. Le sentiment est aujourd’hui profond chez les peuples que l’Europe est ouverte aux quatre vents. »

● LES ÉCHÉANCES A VENIR

« Cette primaire est une chance pour notre démocratie. Sa réussite est la condition de notre dynamique pour la présidentielle. »

« Je ne dis pas que je le serai, mais je peux être président de la République. Je ne suis plus dans la même situation qu’il y a cinq ans. »