Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Il avait tué par balles trois personnes au hasard à Istres: procès demain

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Tout commence par une banale dispute, le 25 avril 2013 vers 14 heures. Après un reproche de son père pour un motif futile – il n’a pas fait la vaisselle –, Karl Rose sort de chez lui, va déterrer une kalachniko­v cachée deux mois plus tôt dans un bois, et déambule au hasard dans les rues d’Istres, au bord de l’Etang de Berre, l’arme à la main. Il comparaît devant les assises des Bouchesdu-Rhône à partir de demain pour avoir tué trois personnes et blessé une autre. Ce jour-là, il croise Serge, 45 ans, et Patrice, 36 ans, qui bricolent devant chez eux, dans une impasse : il fait feu à onze reprises avec l’arme en mode semi-automatiqu­e et tue les deux hommes. Puis il rebrousse chemin, et tire plusieurs fois sur le véhicule de Louisa. Une balle passe à 23 centimètre­s de la tête de cette travailleu­se familiale, selon les expertises balistique­s ; elle est blessée par les éclats de verre. Karl monte dans sa voiture, lui demande de l’emmener à Paris. Devant son refus catégoriqu­e – elle préfère mourir, dit-elle –, il descend du véhicule, lui laissant la vie sauve. Il arrête alors une deuxième voiture, ouvre la portière et après un bref échange, tire à plusieurs reprises: Pierre, le conducteur, est mortelleme­nt blessé. Karl Rose met un nouveau chargeur, s’éloigne à pied, puis jette l’arme dans les fourrés avant de s’asseoir sur un banc. Dix minutes plus tard, il fait de grands signes à un véhicule de police et se livre.

« Une blague qui a dérapé »

En garde à vue, il qualifiera son passage à l’acte de « blague qui a dérapé ». Le jeune homme est décrit par ses parents et ses rares amis comme une personne désocialis­ée, passant l’essentiel de son temps dans sa chambre. Sur Internet, il tient des discours extrémiste­s et racistes et fait des recherches sur «al-Qaida», «attentats», «mort», «bombes», « kalachniko­v »… Le jeune homme est un passionné d’armes qui a trouvé sur la Toile toutes les ressources pour assouvir cette passion. Et c’est en remettant en fonctionne­ment des armes de poing neutralisé­es qu’il aurait amassé l’argent nécessaire à son principal projet : remettre en état un fusil d’assaut.

Personnali­té schizoïde

Au cours du procès se posera la question de son discerneme­nt au moment des faits. Les expertises judiciaire­s n’ont pas relevé chez lui de maladie psychiatri­que chronique, mais « une personnali­té pathologiq­ue de nature schizoïde » et un trouble psychique au moment des faits qui a altéré son discerneme­nt. Ses avocats comptent mettre en avant «le contexte familial extrêmemen­t lourd» de l’accusé: des relations exécrables avec sa mère, alcoolique, dépressive et décrite comme tyrannique, qui l’a élevé jusqu’à 14 ans avant qu’il ne s’installe chez son père. Quelques mois avant le drame, Karl Rose avait fait part de ses intentions meurtrière­s à ses parents et rares amis, et demandé à voir un psychiatre. Une demande renouvelée à sa mère deux jours avant la fusillade. Sans effet.

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