Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
L’Allemagne va revoir ses services de sécurité
Le ministre allemand de l’Intérieur a dévoilé hier les grandes lignes d’une réforme qu’il souhaite en matière d’expulsions de migrants et de renforcement du renseignement intérieur pour parer aux dysfonctionnements mis en évidence par l’attentat de Berlin. Dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ministre conservateur Thomas de Maizière insiste sur la nécessité de renforcer les pouvoirs de l’État fédéral en matière de renseignements intérieurs, actuellement partagés par les 16 États régionaux. Il propose en outre de renforcer les compétences de la police fédérale et de mettre sur pied un centre de crise qui chapeauterait l’ensemble des services concernés par les questions de sécurité liées aux migrants et l’antiterrorisme. « Nous avons besoin de règles homogènes et d’une meilleure coordination», a-t-il souligné, notamment pour la surveillance des individus classés «dangereux», à l’instar du Tunisien Anis Amri, auteur présumé de l’attaque à Berlin tué en Italie après plus de trois jours de cavale. Autre réforme voulue par Thomas de Maizière: les expulsions des demandeurs d’asile déboutés. En effet, Amri aurait dû être renvoyé dans son pays natal, mais Tunis a longtemps tardé à fournir les documents nécessaires. Dans l’intervalle, et malgré les suspicions pesant sur lui, il avait été laissé en liberté. Par conséquent, le ministre veut la mise en place de centres de rétention près d’aéroports où seront placées les personnes en voie d’expulsion pendant les semaines ou les jours précédents leur renvoi.
Un important enjeu électoral
Dans un pays bouleversé par l’arrivée de plus d’un million de réfugiés depuis début 2015 et secoué par des attaques djihadistes, la sécurité devrait être au coeur de la campagne électorale en vue des législatives prévues en septembre. Le dirigeant de l’Union chrétienne-sociale (CSU), parti frère de la CDU de la chancelière Angela Merkel, assure ainsi que la sécurité est «comme une épée de Damoclès » qui pourrait décider de l’issue du scrutin. De son côté, le patron du Parti social-démocrate (SPD) et vice-chancelier Sigmar Gabriel s’est lui montré critique de la proposition du ministre, réclamant des mesures opérationnelles concrètes au lieu d’une « restructuration administrative » qui pourrait prendre des années. Tandis que le parti de droite populiste Alternative pour l’Allemagne (AfD), en plein essor et qui a fait de ces questions son thème de prédilection, a réagi aux propositions de Thomas de Maizière en l’accusant de plagiat.