Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Recirquel : quel cirque !
La compagnie Recirquel de Budapest débarque en France pour une date unique à Cannes le samedi 14 janvier. Un spectacle total mêlant danse, théâtre, cirque. Époustouflant
Une collerette blanche à terre, dans un halo de lumière. Objet symbolique, tant du cirque que de l’art dramatique. Surgit une petite silhouette pâle, devancée par de bien trop grosses chaussures. Drôle de gnome qui ne manque pas de pointure… Pas un mot. Un clin d’oeil, un sourire, la collerette est endossée. Ni vu ni connu. Enfin presque. Car les spectateurs sont pris à partie. Immédiatement complices. Visage androgyne et grimé, le clown est vêtu. Mais toute son âme se met à nu. Pierrot lunaire aux humeurs lunatiques. États d’âme forte et fragile. Comique et cosmique. Du rire aux larmes. De l’ire au drame. The Naked Clown ,ou les rêves et fantasmes d’un drôle (rigolo comme étrange) de drille, interprétés par une quinzaine d’artistes. Le voile se lève sur une cour du roi où les galants en costumes XVIIIe siècle font assaut de courtoisie envers de gentes dames poudrées.
Les plus folles figures
Ces héros ne manquent pas d’étoffe, et nos précieuses sont loin d’être ridicules. La preuve avec ce premier témoin à la barre. Gymnaste enthousiaste qui se suspend au mât, y accomplit les plus folles figures. C’est aussi ce jongleur qui fait virevolter une valise avec ses pieds, sans jamais qu’elle ne se fasse la malle. C’est un trampoline qui propulse les prodiges sur un mur, comme un tremplin allégorique. Ou sur le fil d’une vie, telle cette ballerine magnifique, qui réussit le grand écart entre équilibre physique et harmonie esthétique. C’est encore notre clown « Potter » qui mène ses athlètes à la baguette. Les fait danser avec maestria, tels Mickey dans Fantasia .Au gré des danses lestes et prouesses acrobatiques, tout un univers onirique. Poésie chantée et enchanteresse, qui flatte la vue et transporte d’allégresse. Spectacle total, tant visuel que musical. Où les parents ne sont pas les moins contents d’avoir accompagné leurs enfants. Quel cirque ! Version ultramoderne de la piste, aux danseurs étoiles et voltigeurs du ciel. Recirquel Company Budapest, où l’histoire d’une bande de gamins qui a pris son destin en mains. Née au bord du Danube, pour triompher à travers le monde. Empruntant à l’art traditionnel de l’école du cirque hongroise, pour le magnifier de leurs talents pluridisciplinaires. « Pour moi, ce n’est pas du cirque, mais du théâtre avec des arts du cirque, interprétés par des personnages vivants », justifie le directeur artistique, Bence Vagi. Même nu, le clown n’est pas mort. Vive le clown !