Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
New York attaque en justice le studio Weinstein
Le procureur de l’État de New York a assigné en justice le studio fondé par Harvey Weinstein, pour ne pas avoir protégé ses employés face au harcèlement sexuel et empêche ainsi son rachat
Le procureur de l’État de New York, Eric Schneiderman, a annoncé dimanche, avoir assigné en justice le studio The Weinstein Company (TWC) fondé par Harvey Weinstein et son frère Robert Weinstein.
Un rachat estimé à millions de dollars
Quatre mois après le début de l’affaire Weinstein, le procureur décrivait dans l’assignation, le rachat du studio The Weinstein Company (TWC) comme «imminent». Il ajoutait avoir des «éléments
substantiels» permettant de penser que le projet, d’un montant estimé à 500 millions de dollars et emmené par une ex-responsable de l’administration Obama, Maria Contreras-Sweet, ne prévoyait pas une indemnisation « adéquate» des victimes. Et que certains responsables ayant
«une responsabilité partagée » dans le comportement de Harvey Weinstein pourraient
à nouveau «avoir des postes de responsabilité dans la nouvelle entité». Selon plusieurs médias américains, l’assignation a eu pour effet immédiat de faire capoter les négociations de rachat. Selon des sources proches du dossier citées
hier par le Wall Street Journal, l’assignation « introduit trop d’incertitude pour que le rachat puisse aller de l’avant». Le projet de Maria ContrerasSweet, le plus avancé parmi plusieurs projets de rachat pour le studio qui a produit notamment Le Discours d’un
Roi ou Django Unchained, comportait pourtant des mesures pour les victimes présumées,
y compris la création d’un fonds d’indemnisation, selon le site spécialisé Deadline. Mais ces dispositions étaient apparemment insuffisantes pour le procureur,
qui a souligné que « toute vente de (la société) devra s’assurer que les victimes seront dédommagées, que les employés seront protégés à l’avenir, et que ni les coupables directs ni ceux qui les ont aidés ne s’enrichiront injustement».
Violations du droit du travail
L’assignation du procureur accuse par ailleurs TWC, Harvey et Robert Weinstein de violations des droits de l’homme, des droits individuels, et du droit du travail. « The Weinstein Company a violé à plusieurs reprises le
droit new-yorkais en ne protégeant pas ses employés d’un harcèlement sexuel invasif, des intimidations et de la discrimination », a souligné M. Schneiderman dans un communiqué. L’assignation cite plusieurs cas où des employées de TWC ont porté plainte, en vain, auprès du département des ressources humaines de la société, après qu’Harvey Weinstein les eut obligées à des attouchements ou d’autres contacts sexuels. Cette action devant la Cour suprême de New York marque l’aboutissement de quatre mois d’enquête, au cours de laquelle des employés, des cadres et des victimes de Harvey Weinstein ont été interrogés, et les archives et mails de la société passés au peigne fin, a encore précisé le bureau du procureur. L’enquête a notamment montré qu’un groupe d’employées de TWC avait «pour tâche
principale» d’accompagner Harvey Weinstein à des événements et de faciliter ses «conquêtes ». Le producteur déchu âgé de 65 ans, invisible depuis que le scandale a éclaté, serait actuellement en traitement contre les addictions sexuelles dans un centre spécialisé de l’Arizona.