Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Quand le hip-hop s’accorde aux notes du divin Mozart
Dans Un Break à Mozart 1.1, ce soir au Théâtre Debussy, dix artistes hip-hop dansent au rythme de Don Giovanni et Requiem. Présentation du chorégraphe Kader Attou
LLes corps s’accordent avec les cordes, comme sur un fil ? Oui, dix danseurs et dix musiciens virtuoses qui évoluent ensemble, entre fragile légèreté et puissance. Le hip-hop brut peut être fragile, voire très sensuel, ainsi incarné par des hommes et des femmes. Ce n’est pas braiment une battle, mais une confrontation. Mozart aujourd’hui, il pourrait composer du rap-hip hop ? Ah certainement ! Quand on prend son oeuvre classique, on se dit : quel génie ! C’est un talent intemporel. Et ce qui me rend heureux avec ce spectacle c’est qu’une passerelle se crée entre des gens qui ne connaissaient que la musique classique, et d’autres que la danse hip-hop. C’est l’occasion d’une rencontre qui n’aurait jamais eu lieu autrement.
C’est aussi une façon de ne pas enfermer le hip-hop dans son image de danse de quartier ? Le hip-hop est un courant qui ne cesse d’évoluer, il n’est pas figé. La danse, mais aussi la musique et le graff sont des arts qui ne cessent de trouver de nouvelles voies, et ne s’essoufflent pas. Le hip-hop, c’est avant tout la culture de l’appropriation de codes déjà existants. Aujourd’hui, le hip-hop est parlé à l’échelle mondiale. À Casablanca, en Inde, dans les favelas du Brésil, il y a des B-girls et des B-Boys, qui ont aussi leurs spécificités locales.
Avec la Cie Accrorap, vous avez définitivement donné ses lettres de noblesse artistiques au hip-hop ? On a contribué à ça, mais il y a d’autre endroits où il est encore vécu et porté avant tout comme une force de revendication sociale et politique. En France, on a avancé pour ne plus en faire qu’une culture de quartier pour une masse d’exclus, aidés par une spécificité française : une culture chorégraphique extrêmement forte, portée par toute l’histoire de la danse.
Et vous, la première fois que vous avez écouté de la musique classique ? Oh, ça remonte à ma tendre enfance. Je suis avant tout un gône qui a grandi à Lyon, et je ne suis pas issu d’une famille qui avait tendance à écouter du classique. Mais j’ai été sensibilisé à cette musique par l’éducation républicaine. Ce ne fut pas difficile, car on parle avant tout d’émotion. Comme la danse, qui en est également vecteur, c’est un langage universel et sans frontières.