Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Quand le hip-hop s’accorde aux notes du divin Mozart

Dans Un Break à Mozart 1.1, ce soir au Théâtre Debussy, dix artistes hip-hop dansent au rythme de Don Giovanni et Requiem. Présentati­on du chorégraph­e Kader Attou

- Un Break à Mozart, ce soir à 20 h 30 au Théâtre Debussy (1 h 05 sans entracte). Tarifs : 12 à 34 euros. Billetteri­e : 0 492 986 277 ; billetteri­e@palaisdesf­estivals.com

LLes corps s’accordent avec les cordes, comme sur un fil ? Oui, dix danseurs et dix musiciens virtuoses qui évoluent ensemble, entre fragile légèreté et puissance. Le hip-hop brut peut être fragile, voire très sensuel, ainsi incarné par des hommes et des femmes. Ce n’est pas braiment une battle, mais une confrontat­ion. Mozart aujourd’hui, il pourrait composer du rap-hip hop ? Ah certaineme­nt ! Quand on prend son oeuvre classique, on se dit : quel génie ! C’est un talent intemporel. Et ce qui me rend heureux avec ce spectacle c’est qu’une passerelle se crée entre des gens qui ne connaissai­ent que la musique classique, et d’autres que la danse hip-hop. C’est l’occasion d’une rencontre qui n’aurait jamais eu lieu autrement.

C’est aussi une façon de ne pas enfermer le hip-hop dans son image de danse de quartier ? Le hip-hop est un courant qui ne cesse d’évoluer, il n’est pas figé. La danse, mais aussi la musique et le graff sont des arts qui ne cessent de trouver de nouvelles voies, et ne s’essoufflen­t pas. Le hip-hop, c’est avant tout la culture de l’appropriat­ion de codes déjà existants. Aujourd’hui, le hip-hop est parlé à l’échelle mondiale. À Casablanca, en Inde, dans les favelas du Brésil, il y a des B-girls et des B-Boys, qui ont aussi leurs spécificit­és locales.

Avec la Cie Accrorap, vous avez définitive­ment donné ses lettres de noblesse artistique­s au hip-hop ? On a contribué à ça, mais il y a d’autre endroits où il est encore vécu et porté avant tout comme une force de revendicat­ion sociale et politique. En France, on a avancé pour ne plus en faire qu’une culture de quartier pour une masse d’exclus, aidés par une spécificit­é française : une culture chorégraph­ique extrêmemen­t forte, portée par toute l’histoire de la danse.

Et vous, la première fois que vous avez écouté de la musique classique ? Oh, ça remonte à ma tendre enfance. Je suis avant tout un gône qui a grandi à Lyon, et je ne suis pas issu d’une famille qui avait tendance à écouter du classique. Mais j’ai été sensibilis­é à cette musique par l’éducation républicai­ne. Ce ne fut pas difficile, car on parle avant tout d’émotion. Comme la danse, qui en est également vecteur, c’est un langage universel et sans frontières.

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