Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Un sacré bout de femme
La Raphaëloise Cendrine Guereau tente de décrocher aujourd’hui le titre de Madame France 2018
Le âge charme ? Cendrine n’aurait-il Guereau, qu’un en s’efforçant de ne pas dire une grossièreté, glisse : « oui, mais
lequel ? ». C’est vrai qu’elle fait un peu fi de l’imaginaire collectif, cette drôle de dame. Qui dit qu’une femme serait moins épanouie à vingt ans qu’à quarante ? « Sophie Marceau prouve le contraire, observe Cendrine. Elle donne l’impression de ne jamais s’incliner face aux aléas du temps… » Et c’est sur ce credo que Cendrine « défile » sur un terrain miné. En 2014, la femme de 46 ans contracte deux maladies auto-immunes, « préjudiciables dans ma vie de tous les jours. Une touche mes intestins, l’autre mes articulations, je ne peux plus travailler, à cause d’elles. » Et pour faire pendant ? Cendrine n’en avait ne seraitce que l’ombre d’une idée. Pas par manque d’imagination, mais plutôt parce que les papilles de la quadra n’avaient jamais côtoyé la saveur de la passion. « J’ai toujours jalousé les férus, car
moi-même je ne l’ai jamais été .» Mais, si elles tardent, les bonnes choses viennent à point. Tombent les 45 ans de Cendrine où un photographe est présent pour des shootings… et là, coup de foudre, oblige, elle n’a que d’yeux que pour le mannequinat. Hobby insolite, c’est le moins qu’on puisse dire, surtout que ce dernier « n’a rien d’inné. J’ai toujours eu une certaine proximité avec la mode. Pourtant, petite, jamais je me suis dit : je serai mannequin un jour. » Puis, de fil en aiguille, l’histoire se tisse. Cendrine tape dans l’oeil de moult photographes - de Saint-Jean-Cap-Ferrat à Auriol, rien que ça - jusqu’à février dernier où elle est sélectionnée pour participer à Madame France. L’appellation est on ne peut plus limpide: Madame France est l’aînée de Miss France, bien que le concours - un poil alambiqué, il faut le dire - ne fît son apparition qu’en 2014. « Je performe dans la catégorie 40 - 55 ans (il y a une autre catégorie 28-39, Ndlr). Le concours a lieu aujourd’hui. Bien que je compte ramener au moins un bouquet de fleurs, je trouve que participer est déjà une chance vu mon bout de chemin. » Un défi, peu à redire là-dessus, mais qui est « venu un peu comme
ça ». Cendrine glisse s’y être inscrite sans s’attendre à un retour, un iota aguichée par l’élégance de la rencontre. Car la coquetterie, c’est un peu son dada. « Une femme se doit d’être élégante, confie-t-elle. Car, une femme qui est élégante est une femme qui se fait confiance. » Toujours est-il que celle-ci agonise, souvent malmenée par un monde surfait. « Être élégante, c’est être humble, ce n’est pas être bling-bling ou vulgaire. Prenons soeur Emmanuelle, par exemple. Ce n’est pas un canon, certes, mais elle dégage une beauté dans ses shootings grâce à son humilité .» Là est peut-être le noeud d’aujourd’hui, des temps où le statut de la femme est tourneboulé. « On a voulu notre indépendance face aux hommes. Ce qui est une
bonne chose, je suis moi-même une maman seule avec deux enfants. Mais on en oublie d’être femme .» C’est en arrivant à Saint-Raphaël que Cendrine, elle, a découvert son petit bout de femme. Faute à l’univers de la ville, « chaleureux » et « humain », assure-t-elle. « Des quinzaines de villes où j’ai emménagé, il n’y a qu’à Saint-Raphaël où je n’ai pas senti ce besoin immédiat de bouger .» Enfin dans son nid donc ? Cendrine aime bien aller dans ce sens. Saint-Raphaël, ses plages, ses sourires, ses énièmes recoins… Difficile de s’en dispenser. D’autant plus qu’elle estime que Saint-Raphaël « n’a nul autre
pareil ». Cela vient notamment de ses commerçants. « Ils ont toujours un sourire avec moi. Ils suivent de près mon parcours et m’encouragent énormément.» Si bien finalement que Cendrine se devait de confier sa mise en beauté à des acteurs locaux - Azur Coiffure et Couleur Caramel parmi tant d’autres. Et pour la suite ? Mystère et boule gomme ! Cendrine préfère défiler sur la route qu’on lui présente, à condition qu’il y ait un podium au bout. « Il y a 15 ans, je faisais 100 kg. On ne sait jamais où on va atterrir… Après tout, peut-être vais-je me lasser du mannequinat ? » Pour l’instant, Cendrine préfère se cantonner à ce qu’elle fait de mieux : prendre la pose. Il y a quinze jours, elle ouvrait un blog cendrine.style ,où elle s’abandonne au conseil image. Une piste ? Elle-même n’en sait trop rien. « J’aimerais aider les femmes bénévolement à se sentir mieux dans leur peau. » Et avec un diadème raflé en cours de route ? C’est encore mieux !
Une femme qui est élégante, c’est une femme qui se fait confiance »