Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Les pieds sur terre, le coeur en mer

Désormais ex-président de la station Estérel de la SNSM, Philippe Perrin restera engagé au service des autres

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Mes années à la SNSM ? Abnégation, amitié et sauvegarde de la vie humaine en mer ! »

Seize années, déjà ! » Sourire aux lèvres, Philippe Perrin se perd dans ses pensées et remonte le fil de son histoire. « Mon tout premier pas au sein de la station Estérel de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) ? Je m’en souviens comme si c’était hier… » Il sourit. « C’était un mardi. Le 1er janvier 2002, très exactement, au lendemain de mon départ de la Marine nationale, après vingt-quatre années de service. » Une lueur pétillante traverse son regard. « La navigation, je ne peux plus m’en passer ! Et pourtant, ce n’était pas une vocation… » Il replonge dans ses pensées. « J’avais bien un oncle qui était dans l’aéronavale à Rochefort, mais l’envie de m’engager ne vient pas de là.» Il sourit de plus belle et

hausse les épaules. « En réalité, c’est beaucoup simple que cela. À l’école, je ne me sentais pas à ma place. Je le savais : il fallait que je me sauve. J’étais déjà fasciné par le monde de la mer, mais je dois dire que le premier à m’avoir inspiré est… Long John Silver ! Le fameux pirate de L’Île au trésor ,qui porte un perroquet sur son épaule. » Ni une ni deux, déterminé et conforté par son goût des voyages, Philippe prépare alors son dossier et l’envoie à la Marine, qu’il intègre quelques semaines plus tard, à l’âge de seize ans et des poussières. « Je ne regrette rien, assure-t-il. Et surtout pas tous ces mois passés dans l’océan Indien, en Polynésie, à Mururoa, à Djibouti ou encore dans le golfe Persique. »

D’abord matelot, puis major, le natif toulousain – Raphaëlois de coeur – finit par se retirer, à l’orée

de ses 39 ans. « Sans perdre une seconde, je suis revenu à Fréjus, où nous vivons aujourd’hui avec mon épouse. Ayant pris contact en amont avec l’amiral Hervé Chevalier, pour lui faire part de ma volonté de m’investir au sein de la station Estérel, j’y suis donc entré le lendemain de mon départ de Toulon, en tant que bénévole. Puis président, huit ans plus tard. » En parallèle, Philippe devient responsabl­e du service achats de la commune. Même si son coeur, lui, reste en mer, 24h/24… « Si je devais résumer mes années à la SNSM ? Je dirais bonheur, rencontres, amitié, abnégation, devoir et, bien sûr, priorité à la sauvegarde de la vie humaine. »

En somme, seize années rythmées par de bons moments entre camarades, tous devenus de véritables copains : « Une fois, à l’entraîneme­nt, on avait demandé à un collègue de se rendre au Vieux-Port de Saint-Raphaël à bord de son Zodiac, et c’est à Port-Fréjus que nous l’avons retrouvé ! Ça a été un bon moment de rire. Un parmi tant d’autres, plaisante le marin. « Ou plutôt “mataf ”, comme on dit dans notre jargon ! » Mais dans ce milieu, le calme (souvent passager) côtoie aussi l’imprévisib­le… « Entre ce qui nous a été annoncé lors de l’appel radio et l’état réel de la situation, qui souvent s’aggrave avant notre arrivée, nous ne savons finalement pas ce que nous allons trouver une fois sur place.» Et l’inquiétude s’installe dans les esprits… « Le temps du trajet, on pense forcément aux personnes qui nous attendent. Et ce n’est qu’une fois sur les lieux, une fois que celles-ci sont placées en sécurité, que nous pouvons décompress­er. » Bien que la situation ne le permette pas toujours… Les bénévoles étant parfois eux-mêmes pris au piège. « Je ne risque pas de l’oublier : lors de ma première sortie en mer avec les bénévoles, nous avions perdu une hélice et la navette était coincée par un rocher aux Issambres. À 2 h du matin, j’ai dû plonger pour la libérer, afin qu’on puisse repartir vers Fréjus. » Plus de peur que de mal mais, au final, un plaisir intact et une passion pour la navigation et le sauvetage qui l’est tout autant. « Il est assez fréquent que les personnes que nous avons secourues viennent ensuite nous remercier, lors de nos permanence­s à la station les mercredis. Les savoir sorties d’affaire est évidemment notre plus belle récompense. » Et si le président de la station Estérel vient tout juste de passer la main à son ancien vice-président, Roland Clémence – avec « fierté et honneur » (lire aussi en page suivante), il n’entend pas se détacher de sa mission de bénévole. Bien au contraire… «Je viens d’être nommé chargé d’affaires à la direction technique au siège national de la Société, à Paris. Mais il n’empêche que je rentrerai tous les week-ends à Fréjus. » Il sourit. «Quoiqu’il arrive, je reste et resterai au service de la SNSM. J’ai déjà donné à mes camarades mes disponibil­ités. » Homme de mer un jour, homme de mer toujours… N’est-ce pas M. Perrin ? Ne reste plus qu’à vous souhaiter bon vent... et de ne jamais perdre le cap !

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