Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Yann Gonzalez, un Azuréen en sélection officielle

Cet Antibois envoie Vanessa Paradis en enfer !

- par ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

UN COUTEAU DANS LE COEUR Compétitio­n De:Yann Gonzalez (France). Avec :Vanessa Paradis, Kate Moran, Nicolas Maury... Genres : thriller, drame, comédie. Durée : 1 h 42. Sortie : 27 juin.

E

t dire qu’autrefois, avec ses potes, il « mendiait des invitation­s devant le Palais pour assister à une projection cannoise ». Ce soir, l’Antibois Yann Gonzalez sera en tenue de gala pour fouler le tapis rouge, à l’heure de la projection officielle d’Un coup de couteau dans le coeur. L’un des films les plus attendus en compétitio­n, avec Vanessa Paradis métamorpho­sée, coupe carré platine, en productric­e de films pornolesbi­ens ! On annonce un film multigenre­s ? C’est à la fois un thriller, une comédie, une tragédie, et un peu un film d’horreur. Mais c’est d’abord un portrait de femme amoureuse.Vanessa Paradis est ce fil rouge, qui nous fait passer par plusieurs tonalités. On vous dit hostile au réalisme quotidien ? Certains, comme Pialat, filment leur quotidien de façon magistrale. Je préfère tordre un peu la réalité dans le rêve, le fantasme, l’érotisme. J’ai coécrit le scénario avec un Italien qui a la culture des années 1970, le genre Giallo qui mélangeait érotisme et horreur. Pour moi, le cinéma, c’est une traversée du miroir… PourquoiVa­nessa Paradis pour le traverser? Vanessa a vraiment une cinégénie de star, elle vibre et rayonne à l’écran. Avec son allure menue, elle présente une fragilité et en même temps, elle a un coffre hallucinan­t.Tout ça n’a jamais été montré dans un film. Dans Un coup

de couteau…, c’est un personnage lumineux dans un univers de cauchemar. Quel est le pitch ? C’est l’histoire d’une femme qui vient de se faire quitter par l’amour féminin de sa vie, et qui cherche à la reconquéri­r avec un film plus ambitieux que les autres. Mais ses acteurs se font assassiner par un mystérieux psychopath­e. Le fond semble aussi étrange que la forme ? C’est un film immersif, sensoriel, avec une narration qui passe par l’image et l’affect. Il faut lâcher un peu prise pour s’y plonger, mais il n’est pas si bizarre que ça, ce n’est pas un film élitiste. Et puis, il y a du romantisme, dont on a tant besoin dans ce monde si dur. La forme peut dérouter, mais c’est comme une déviance à laquelle on prend goût. En fait, c’est une invitation un peu folle! Vos premiers émois de cinéma ? Mes parents aimaient bien les films d’horreur, mais je n’avais pas le droit de les voir. Ils me les racontaien­t juste un peu et du coup, je les fantasmais, je faisais des cauchemars, c’était encore plus flippant ! Et puis à 10-12 ans, j’ai fouillé dans leur placard pour regarder les cassettes en secret. Vous êtes Antibois, et votre apprentiss­age s’est d’abord fait ici ? Oui. Et je me souviens de Sailor et Lula ,que j’avais vu au cinéma Casino d’Antibes, et qui m’avait hanté durant des semaines. Après l’option cinéma au lycée Bristol de Cannes et un DEUG de com’ à Nice, je suis monté à Paris en fac du cinéma. J’ai d’abord bossé comme critique, car pour moi, la meilleure école de cinéaste, c’est la cinéphilie. Le Festival de Cannes, une habitude ? Je suis d’abord venu comme cinéphile, puis critique, et même membre du jury jeune en 1997, à 20 ans. Mes trois premiers courts ont été sélectionn­és à la Quinzaine des réalisateu­rs, et mon premier long-métrage,

(Les Rencontres d‘après-minuit, avec Éric Cantona, Béatrice Dalle et Alain-Fabien Delon) a été pris à la Semaine de la critique. L’histoire de personnage­s qui se retrouvent dans un appartemen­t pour une orgie qui n’aura jamais lieu ! (rires). Vous avez l’impression de faire un cinéma novateur ? Si je fais des films, c’est parce que certaines émotions me manquent dans le cinéma d’aujourd’hui. Ce qui m’émeut, c’est un cinéma plus transgress­if et plus érotique, car lorsqu’on fait du cinéma, il ne faut pas avoir peur de ses démons. La musique de votre frère Anthony, de M83, accompagne Un couteau… ? C’est très émouvant. Pour ce film, il a retrouvé un ami d’enfance, Nicolas Fromageau,Antibois du groupe Team Ghost, et leur duo s’est reformé pour une compositio­n électrosen­timental, avec des envolées à la Ennio Morricone. La B.O. a été enregistré­e à Los Angeles, c’est un des plus beaux moments de ma vie ! Vous visez la palme d’or ? Ah pas du tout ! (rires) Pour moi, c’est déjà génial d’être ici en compétitio­n. La palme, Ce serait la cerise, sur un gâteau, dont je suis déjà rassasié !

« LORSQU’ON FAIT DU CINÉMA, IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR DE SES DÉMONS ! »

 ??  ?? « Je viens au Festival de Cannes depuis que j’ai 15 ans. Le monstre était déjà en germe ! »
« Je viens au Festival de Cannes depuis que j’ai 15 ans. Le monstre était déjà en germe ! »
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Vanessa Paradis & Nicolas Maury

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