Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Reconquist­ada

- de Pierre JOHANN

Il n’y a, hélas, pas de hasard en politique. Car si la «reconquist­ada» du président Macron est lancée, en envoyant ses plénipoten­tiaires gouverneme­ntaux dans les provinces, pour évangélise­r les campagnes, le choix des lieux, en tout cas pour les Arcs ce soir, n’est certaineme­nt pas innocent. Certes, Nicolas Hulot doit prêcher la bonne parole de l’écologie dans un départemen­t qui aurait bien besoin d’un coup de soleil, tant son retard est latent en matière d’énergies renouvelab­les, photovolta­ïque notamment. Au-delà, accordons-nous une petite pause : - Le débat n’est pas public mais circonscri­t à des gens qui se sont au préalable inscrits pour avoir un ticket d’entrée ; - On verra ainsi quelle sera la pertinence des questions posées et la volonté de converser avec la France d’en-bas. - Dans la même veine, le choix des Arcs (pourquoi pas Trigance, La Seyne ou Montauroux ?) n’est pas le fruit d’un doigt innocent posé sur une carte. Pourquoi ? - Parce que les cheminots de la gare font partie du lot des durs du rail qui affichent un taux de grévistes avoisinant les % depuis le début du mouvement de la SNCF. Il s’agit ainsi de décrocher les wagons «populaires» de la locomotive contestata­ire, à peu de frais. Ou de démagogie... - Parce qu’assurer la sécurité de la salle des fêtes d’un petit village gaulois sans histoire, c’est quand même plus facile que de prendre tribune dans les quartiers nord de Marseille ! On prend d’ailleurs la mesure de ce courage politique qui déploie des trésors de sécurité pour aller expulser des «avions à hélices», volant à la biomasse en Loire Atlantique, alors qu’il chante le malheur des banlieues chaudes, rapport à l’appui, sans y mettre un pied... La «com» n’a jamais été aussi verrouillé­e qu’à ce jour. Mais l’essentiel est que le bon peuple retienne le vernis de la carrosseri­e plutôt que de s’intéresser à la puissance du moteur ! Décider est un art et un leitmotiv pour faire bouger les lignes. Et il faut les franchir, c’est vrai ! Mais rien n’est pire que de s’attirer des sympathies a posteriori,

en faisant croire au plus crédules qu’on leur a demandé leur avis. La monarchie avait au moins cela de respectabl­e qu’elle ne questionna­it pas le condamné de savoir s’il souffrait en place de Grève, lieu de toutes les exécutions durant  ans. Aujourd’hui on fait amende honorable pour demander au pendu de faire une «remontada» ! Difficile quand, étranglé, on n’a pas même de quoi se payer la corde...

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