Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Reconquistada
Il n’y a, hélas, pas de hasard en politique. Car si la «reconquistada» du président Macron est lancée, en envoyant ses plénipotentiaires gouvernementaux dans les provinces, pour évangéliser les campagnes, le choix des lieux, en tout cas pour les Arcs ce soir, n’est certainement pas innocent. Certes, Nicolas Hulot doit prêcher la bonne parole de l’écologie dans un département qui aurait bien besoin d’un coup de soleil, tant son retard est latent en matière d’énergies renouvelables, photovoltaïque notamment. Au-delà, accordons-nous une petite pause : - Le débat n’est pas public mais circonscrit à des gens qui se sont au préalable inscrits pour avoir un ticket d’entrée ; - On verra ainsi quelle sera la pertinence des questions posées et la volonté de converser avec la France d’en-bas. - Dans la même veine, le choix des Arcs (pourquoi pas Trigance, La Seyne ou Montauroux ?) n’est pas le fruit d’un doigt innocent posé sur une carte. Pourquoi ? - Parce que les cheminots de la gare font partie du lot des durs du rail qui affichent un taux de grévistes avoisinant les % depuis le début du mouvement de la SNCF. Il s’agit ainsi de décrocher les wagons «populaires» de la locomotive contestataire, à peu de frais. Ou de démagogie... - Parce qu’assurer la sécurité de la salle des fêtes d’un petit village gaulois sans histoire, c’est quand même plus facile que de prendre tribune dans les quartiers nord de Marseille ! On prend d’ailleurs la mesure de ce courage politique qui déploie des trésors de sécurité pour aller expulser des «avions à hélices», volant à la biomasse en Loire Atlantique, alors qu’il chante le malheur des banlieues chaudes, rapport à l’appui, sans y mettre un pied... La «com» n’a jamais été aussi verrouillée qu’à ce jour. Mais l’essentiel est que le bon peuple retienne le vernis de la carrosserie plutôt que de s’intéresser à la puissance du moteur ! Décider est un art et un leitmotiv pour faire bouger les lignes. Et il faut les franchir, c’est vrai ! Mais rien n’est pire que de s’attirer des sympathies a posteriori,
en faisant croire au plus crédules qu’on leur a demandé leur avis. La monarchie avait au moins cela de respectable qu’elle ne questionnait pas le condamné de savoir s’il souffrait en place de Grève, lieu de toutes les exécutions durant ans. Aujourd’hui on fait amende honorable pour demander au pendu de faire une «remontada» ! Difficile quand, étranglé, on n’a pas même de quoi se payer la corde...