Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Face au Stade français, le rêve inavoué des juniors
C’est l’histoire d’une bande de minots dracénois qui vont sans doute jouer le match de leur vie. Certes ils n’ont même pas 18 ans, et ils ont encore pas mal de temps devant eux pour disputer d’autres rencontres aussi prestigieuses... Mais à moins que nombre d’entre eux deviennent professionnels, il y a tout de même bien peu de chance pour que cela se produise de nouveau. Car ce dimanche, à 15 h 30, les juniors balandrade du RC Draguignan vont tout simplement défier le Stade français. Oui, oui, vous avez bien lu !
Flanquart, Slimani, Bonneval...
Le Stade français, le club parisien quatorze fois champion de France en senior, et qui a notamment sorti des joueurs comme Alexandre Flanquart, Hugo Bonneval, Jules Plisson, Rabah Slimani ou Antoine Burban, récemment. Rien que ça. En résumé, c’est un peu comme si la Namibie affrontait la Nouvelle-Zélande... On exagère sans doute un peu, mais au vu des moyens des deux clubs, on n’est pas très loin de la vérité non plus. Sur le papier en tout cas, car les joueurs et le staff dracénois y croient ! Mais comment en sont-ils arrivés là ? Sans doute grâce à un savant mélange de talent, de chance et de solidarité. «En début de saison, l’objectif était de se qualifier pour les championnats
de France, en terminant premier ou meilleur deuxième de poule », raconte Jérôme Decap, l’entraîneur. Raté : Draguignan termine troisième de son groupe, derrière La Seyne et Hyères-Carqueiranne. La saison semble terminée... Jusqu’à l’exclusion du club hyérois pour des raisons disciplinaires. Le RCD est en16e de finale. «Àce moment-là, pas grand monde ne
croyait en nous », sourit Christophe Zingraff, l’un des autres coachs de cette équipe. Sauf que peu à peu, ils vont surprendre leur monde. D’abord, face à Sud Grenoble, le vainqueur du comité des Alpes. Le résultat est sans appel : 40 à 5 pour les Varois, et six essais marqués. Le message est passé, le RCD mérite sa place en phase finale.
Un drop à la dernière minute contre Narbonne !
Quelques jours plus tard, ils réalisent un exploit. Leur match référence jusqu’ici. En 8e de finale, ils éliminent Narbonne, l’un des favoris de la compétition, qui met des tôles à tout le monde. Menés 20-6 à 20 minutes de la fin, les Dracénois ne lâchent rien et finissent par s’imposer sur le fil, après un drop à la dernière minute de son ouvreur Lucas... Dopre (21-20). Contre toute attente, le RCD est en quart de finale du championnat de France. Et après un match maîtrisé, ils s’imposent de nouveau, cette fois contre Villeurbanne (17-9). Désormais, c’est un prestigieux adversaire qui se dresse devant eux, aux portes de la finale. Les 22 juniors du RCD, qui se côtoient pour la plupart depuis 10 ans (le secret de la réussite ?), n’ont désormais plus qu’une seule chose en tête : le Stade français.
Le Stade français en tête plutôt que le lycée...
« Franchement, c’est compliqué de penser à autre chose. Il y a le bac dans un mois mais en ce moment je pense beaucoup plus au
rugby », avoue le trois-quarts centre Carl-Enzo Pisano. Difficile de ne pas le comprendre, tant l’enjeu de cette rencontre est immense pour ces jeunes joueurs. L’ailier Stanislas Iordanov : « On est tous heureux de jouer une équipe comme ça. On va défier le Stade français ! C’est un match exceptionnel, le match de notre carrière.» Pas question toutefois, de s’avouer vaincu. Comme ses coéquipiers et ses entraîneurs, le demi de mêlée Victor Decap
veut y croire. « Lorsqu’on a appris qu’on affrontait le Stade français, la première réaction a été “ouf, ça va être dur !” Et puis on a eu des infos, on a vu des vidéos et on se dit finalement que c’est largement abordable. On y croit fort!» L’adversaire est de taille, mais ces minots ont montré, tour après tour, qu’ils sont capables de tout.