Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Marine Le Pen se fait “chiper” la vedette par un ado
Avant son meeting, aujourd’hui à 14 heures, la présidente du Rassemblement national s’est offerte hier matin un bain de foule médiatique. Avec un invité surprise : Axel, 14 ans
Votre caméra, c’est une HD
ou une 4 K?» La question arrache le reporter à ses pensées. Le garçon qui la pose ressemble au Petit Prince de Saint Exupéry : cheveux blonds, regard d’azur, voix claire et assurée. Il est 9 h 30. Devant la mairie de Fréjus, un bataillon de journalistes attend que Marine Le Pen pointe le bout de ses talons. La présidente du Rassemblement national a été accueillie une demiheure plus tôt par David Rachline. Elle a claqué quelques bises avant de s’engouffrer, avec son ancien porte-parole, derrière la façade de l’hôtel de ville débarrassée depuis quatre ans du drapeau européen. Ce manège n’a pas échappé à Axel. Le Raphaëlois de 14 ans est venu, avec ses copains, pour visiter les arènes (1). « Et puis, j’ai vu qu’il se passait quelque chose… »
« Que pensez-vous d’Emmanuel Macron ? »
Tandis que l’équipe de TF1, déstabilisée par l’indifférence des commerçants, traque la couleur locale entre les tomates et les artichauts,
l’ado s’informe : «Elle vient pour lancer sa campagne des européennes ? Elle fait un meeting demain à 14 heures au théâtre Le Forum? Vous y serez ? Vous allez faire un direct ? Moi, à votre place… » Le journaliste de RCF apostrophe ses collègues en pointant leurs micros baladeurs : « Eh, les gars, c’est ce gamin que vous devriez interroger ! Il a des trucs à dire. » À 10 heures, remue-ménage dans le hall de la mairie. La fille de JeanMarie Le Pen paraît, entourée par le premier magistrat et une poignée d’élus locaux. Les caméras basculent sur les épaules, les micros se tendent… mais Axel grille la politesse à tous ces professionnels. Il s’avance crânement : « Bonjour Madame, que pensez-vous d’Emmanuel Macron ? » L’ancienne candidate à la présidentielle, visiblement surprise, marque un temps. Puis répond à son interlocuteur. Les objectifs se braquent aussitôt sur Axel. « Tu es satisfait de la réponse de Mme Le Pen?» Le jeune homme hoche gravement la tête. La candidate du RN, tout sourire, glisse son bras sur l’épaule du collégien et l’entraîne dans sa – courte – visite du marché. Toujours cernée par les intervieweurs qu’elle n’hésite pas à rembarrer lorsqu’une question lui déplaît : «Chaque fois que vous ouvrez la bouche, il y a du fiel qui sort ! » Chemin faisant, elle distille ses éléments de langage. « Je n’ai pas d’esprit de revanche, martèle-t-elle, je veux protéger notre peuple. Mon objectif, c’est d’amener un maximum de patriotes [au Parlement européen] en mai prochain. »
« À Châteaudouble, je dois les remercier… »
Elle moque la « grande paresse intellectuelle » de Christophe Castaner (2), assure que sa formation est portée par « une dynamique » et fait jeu égal avec LREM. Puis elle ironise sur les manifestants qui l’ont chahutée mercredi dans le Var (3) : « Je dois les remercier. Grâce à leur action, relayée dans tout le pays, chacun connaît désormais le scandale de Châteaudouble
! » Marine Le Pen rejoint enfin les militants à la permanence du RN, où elle est accueillie par des vivats. Les médias sont priés de rester au large. Axel, lui, sourit. Prêt à remettre ça le lendemain. 1. Ce que nous a confirmé sa maman par téléphone. 2. Le délégué général de LREM a déclaré avant-hier à Paris : « La France, c’est le pays de Marianne, pas le pays de Marine. » 3. Traités «d’ivrognes» et de «gauchistes», le lendemain, par Marine Le Pen.