Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
«Des mises en conformité permanentes»
Patron du e groupe pharmaceutique français, Pierrick Lefranc nous livre sa vision sur la grave pénurie qui frappe actuellement plus de médicaments.
Que vous inspire cette liste de médicaments devenus quasiment introuvables en pharmacie ? Par le passé, on a déjà connu en France des pénuries dans l’approvisionnement de médicaments. Il faut savoir que l’industrie pharmaceutique est un monde qui évolue en permanence, soumis à une réglementation très stricte. Il en résulte des mises en conformité régulières. Or, en fonction de la complexité du processus de fabrication de tel ou tel médicament, l’arrêt d’une ligne de production, même relativement courte, peut avoir une incidence sur la disponibilité d’un produit. Il faut donc anticiper. C’est ce que nous avons fait à Signes où, pour éviter la contrefaçon, on doit mettre en place la « sérialisation ». C’est-à-dire l’émission d’un code-barres unique pour chaque boîte de médicament. Pour anticiper la fermeture prochaine de lignes de production, on a décidé d’augmenter nos stocks en travaillant les derniers samedis d’octobre. Certains dénoncent une politique du « stock zéro » ? Le « stock zéro » est très peu utilisé dans l’industrie pharmaceutique où l’on est bien conscient que l’arrêt, même temporaire, d’un traitement peut être catastrophique. Notamment dans les traitements des cancers.
Parmi les recommandations pour remédier au problème, on évoque la création d’un « programme public de production de médicaments essentiels » ? Ce serait très compliqué à mettre en place, ne seraitce que pour arrêter la liste de médicaments dits « essentiels ». Un exemple : les patients souffrant d’une allergie doivent suivre un traitement quotidien pendant trois ans pour être désensibilisés. Si le traitement vient à être interrompu, pour cause de rupture de stock par exemple, il faut recommencer depuis le début. Or, il y a très peu de chances que ces antiallergiques soient déclarés essentiels…