Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les Restos opèrent à coeur ouvert à partir d’aujourdhui
Nouvelle responsable, Françoise Dupont engage la campagne d’hiver avec une équipe investie. Pour soutenir l’antenne raphaëlo-fréjusienne, on peut leur donner frigos et congélateurs
Françoise Dupont est la nouvelle responsable de l’antenne raphaëlo-fréjusienne des Restos du coeur. Elle se confie sans langue de bois.
Comment êtes-vous devenue bénévole aux Restos ?
J’étais directrice à Paris d’un fonds de formation pour adultes, accompagnant et conseillant les entreprises pour faire évoluer les salariés. Je suis Savoyarde. Dès que j’ai pris ma retraite, j’ai voulu quitter la capitale, un purgatoire, pour avoir une vraie vie, de qualité, dans une ville agréable et ensoleillée. Avec mon mari, on s’est installé ici. J’ai de l’énergie et ça va de soi qu’elle aille aux autres. J’ai donc décidé de me rendre utile. Les Restos me correspondent, car c’est une association très structurée. Ma mère a consacré une bonne partie de sa vie aux affaires sociales comme élue et comme présidente des veuves civiles. Elle était à fond dans cette association qui aidait les femmes jusqu’à ses ans. On se doit aux autres, c’est normal pour moi.
Mais s’engager comme responsable est une lourde charge ?
Oui, j’étais bénévole deux jours par semaine à la distribution de l’aide alimentaire et je n’avais donc aucune idée de tout ce que les Restos gèrent tous les jours. Ils ont beaucoup évolué. Mais la responsable, Geneviève Desniou, a dû partir du jour au lendemain pour raison de santé. Si personne ne se proposait pour diriger l’antenne est-varoise, elle allait fermer ! J’ai repris au pied levé. Le problème était qu’aucun bénévole n’était formé au nouveau logiciel. Ce système interne au réseau gère la totalité de l’activité, depuis les inscriptions des bénéficiaires avec la nécessité de rentrer des informations précises et validées à partir des documents originaux, dans le respect de la loi des données informatiques, jusqu’à la gestion des stocks, les approvisionnements, les distributions. Ça nécessite de se mettre devant l’écran et de savoir s’en servir. On est assez fier d’avoir réussi à reprendre la gestion de l’antenne.
Vous lancez donc la campagne ? Certainement. Et je ne regrette pas d’avoir pris ce poste, car je me découvre des réflexes acquis pendant ma vie professionnelle et qui sont utiles aux Restos. Je voudrais que les nouveaux bénévoles puissent accéder à une formation. Mon équipe s’investit sans compter. Car j’ai souhaité avoir des adjoints qui prennent des responsabilités et apprennent à conduire leur activité de A à Z. Déléguer l’organisation des vacances des bénéficiaires ou de la saison des paquets cadeaux. Que les bénévoles soient en mesure d’administrer leur secteur et qu’ils soient reconnus pour leur travail. Mon rôle est d’accompagner les bénévoles sur les tâches qui leur incombent. Car être responsable est un boulot à temps plein et je voudrais, petit à petit, organiser et déléguer suffisamment pour que lorsque mon tour viendra de quitter ce poste, mon successeur ne se dise pas : je ne peux pas accepter, car c’est un boulot à temps plein. Déléguer comme à Gérard Fouldrin qui s’occupe d’une activité importante des Restos ? Oui, il a la charge de l’aide administrative. C’est très important et très prenant. Car les gens ont besoin de manger mais aussi énormément de faire des démarches qu’ils ne savent pas faire. C’est un coup de fil à passer, un courrier ou un modèle de lettre à faire. Pour nous, cela peut sembler facile mais pour eux, c’est insoluble. Comme cette jeune femme enceinte, salariée et en arrêt maladie, mais qui ne savait pas où récupérer ses fiches de paie pour la Sécurité sociale. Gérard a téléphoné à son patron, à la comptabilité. Ce sont de multiples petits incidents, des préoccupations quotidiennes avec un propriétaire qui n’envoie jamais sa quittance de loyer, un dossier pas bouclé qui empêche d’avoir une aide, régler une facture, un problème avec les impôts. Gérard trouve que c’est très enrichissant de résoudre leurs soucis en réalisant les démarches. Il connaît tous les services existants, les numéros de téléphone et les adresses pour bien orienter les gens comme vers l’aide juridictionnelle, le service d’accès au droit. On développe donc cette activité administrative pour nos bénéficiaires.
Vous avez déjà beaucoup d’inscrits ? Oui et il y en aura encore beaucoup d’autres : chaque année, l’effectif augmente. On prévoit environ familles, soit près de mille personnes. Ce qui correspond à plusieurs milliers de repas par semaine. On distribue les aides alimentaires les mardis et jeudis de à heures et de h à h , au , rue du Vignal.
Les bénéficiaires sont-ils différents ? Il y a de plus en plus de femmes. Les jeunes ont des enfants à charge, des bébés. Il y a peu de centres qui ont des petits mais nous, à Fréjus, nous avons beaucoup de jeunes enfants. Et de plus en plus de mamans dont le mari est parti. Nous avons aussi une population de personnes âgées qui augmente. Des femmes à la retraite ou veuves, sans réversion car elles sont divorcées. On les retrouve pratiquement à la rue. Et elles ont tellement honte !
Vous lancez également un appel ? Eh bien, pour l’instant, nous avons des bénévoles mais nous avons un grand besoin de matériel. Nous lançons un appel à tous ceux qui peuvent nous donner des frigos en bon état et des congélateurs. Nous n’en avons pas assez et ils sont vieillissants.
De plus en plus de femmes, des jeunes, seules avec des enfants et des âgées divorcées ou veuves sans réversion ”