Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Bonaparte à Fréjus: le livre clé de Pradeau réédité

Une gravure représenta­nt le général a inspiré feu l’ancien président de la Société d’histoire. La Ville a financé la publicatio­n de son livre, présenté par le nouveau président Daniel Hainaut

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La Ville de Fréjus vient de financer la publicatio­n du dernier ouvrage de Bernard Pradeau, décédé en juillet 2017. Un livre que l’ancien président fondateur de la Société d’histoire de Fréjus et de sa région (SHFR) a mis dix ans à peaufiner. Fruit de recherches sérieuses et contenant la reproducti­on des pièces justificat­ives des faits relatés, le document est dédié aux ports de commerce de Fréjus et de Saint-Raphaël de 1790 à 1815. L’oeuvre est illustrée de la gravure montrant le général Bonaparte de retour de la campagne d’Égypte, posant le pied… à Fréjus ! Un volume qui clôt la polémique, en mettant en valeur, archives à l’appui, le passage de celui qui sera empereur dans la cité romaine et non dans celle de l’archange. C’est le nouveau président de la SHFR – forte d’une centaine d’adhérents et dont la vocation est de « promouvoir, étudier, diffuser les connaissan­ces de l’histoire locale » – Daniel Hainaut, qui présente ce volume.

Il s’agit d’une réédition ?

Oui, Bernard Pradeau a publié son ouvrage en . Il y démontre que deux ports de commerce ont existé simultaném­ent à Fréjus et à SaintRapha­ël, sous la Révolution et le Premier Empire (-). Il explique comment le cours du Pédégal a été déplacé et il précise le lieu du débarqueme­nt de Bonaparte le  octobre . Il avait entrepris une étude sur les abords du golfe de Fréjus vers , avec la même rigueur qu’exigeait son métier de géomètre, selon lui « proche du rapport d’expertise ». Dans un souci d’hommage, nous avons redoublé d’efforts après sa disparitio­n pour trouver le financemen­t d’une édition reliée digne de lui. C’est la municipali­té de Fréjus qui en a mesuré l’intérêt. L’appui du maire, David Rachline, et de ses adjoints ont permis au projet de devenir une réalité de  pages.

Vous connaissie­z bien Bernard Pradeau ? J’étais au cercle généalogiq­ue avec lui et lorsqu’il a souhaité créer, en , la Société d’histoire de Fréjus et de sa région, je l’ai suivi pour devenir le rédacteur en chef des publicatio­ns, les bulletins, les inventaire­s (essentiell­ement destinés aux chercheurs) et les hors-séries. Nous sortons un bulletin par an et le numéro  vient de paraître. Il relate la lutte entre les candidats à la succession de Jules César, du côté des Arcs. Le bulletin consacré au barrage de Malpasset va être réédité en  pour les  ans.

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette associatio­n ? Je suis curieux. J’étais ingénieur chimiste dans la banlieue parisienne et à la retraite, ma femme ayant de la famille ici, on s’est installé à Puget. Un jour, une dame a commencé à m’expliquer l’origine du nom du secteur, la lieutenant­e. Je me suis vite pris au jeu et j’ai voulu en savoir plus. J’ai découvert que ce domaine avait été hérité par la femme d’un lieutenant de juge et noté dans le cadastre au XVIe siècle comme «le bien de madame la lieutenant­e ». Mon implicatio­n dans la société a commencé à ce moment. Je me suis mis à fouiller dans les archives municipale­s de Puget et ça m’a passionné. Il y avait beaucoup d’autres sujets à traiter qui m’ont donné envie de plonger dans tout ça. J’ai édité un inventaire des archives de Puget, la liste des biens et propriétai­res au XVIe siècle. J’ai fait un inventaire des meules de Puget, un autre sur les camps militaires de Puget. J’ai dactylogra­phié et apporté les complément­s au manuscrit des archives départemen­tales, « l’histoire de Puget, des origines à la révolution » de l’abbé Espitalier. J’ai aussi fait une conférence sur Capel, un Anglais, mentor de Coco Chanel et mort en  juste à Puget.

La société diffuse les connaissan­ces de l’histoire locale ”

La société organise aussi des colloques… Nous venons de terminer le douzième avec le service du patrimoine. Cette année, on a aussi publié deux inventaire­s, le hors-série de Bernard Pradeau et deux fascicules sur le centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale. Le premier retrace la participat­ion de notre région avec des témoignage­s. Le XVe corps d’armée regroupait tous les Provençaux engagés contre les Allemands. La deuxième partie porte sur le colonel Lame et les monuments coloniaux de Fréjus. J’ai écrit les textes et Pierre Nicolini a fourni les photos et illustrati­ons. Tous les ans, je fais au moins un article dans le bulletin annuel. Dans le dernier, j’évoque l’usage des défends et des terres gastes (incultes), à Puget. Les défends étant les forêts, interdites d’accès par le seigneur qui était l’évêque de Fréjus en . Le seigneur accordait certains droits aux habitants, faire quelques semis, ramasser du bois mort, faire paître les moutons. Je raconte l’historique car à la révolution, tout a été annulé et la commune a vu ses droits reconnus en  grâce à son obstinatio­n et à la transactio­n de .

PROPOS RECUEILLIS PAR JOCELYNE JORIS jjoris@nicematin.fr Conférence tous les premiers jeudis de chaque mois, salleAgric­olaàFréjus,à14h30.Tel:04.94.40.83.29 hainaut.daniel@wanadoo.fr

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(Photo Philippe Arnassan) Daniel Hainaut, président de la SHFR.

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