Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Le clip d’Eva vum illions de fois !
La Cannoise Eva Garnier, 17 ans, en première au lycée Jules-Ferry, a sorti son premier single le 31 octobre. Son clip casse la baraque... mas elle reste zen et prépare son album
En l’espace de quelques semaines, Eva est passée de l’anonymat aux fans en pleurs sur la Croisette. Comment expliquer un tel succès ? Le mélange entre une jeune fille au physique avantageux, une musique avec des sonorités du moment et une communication savamment orchestrée. Le rendez-vous est donné dans une chambre de l’hôtel cinq étoiles JW Marriott, à Cannes. L’équipe au complet est présente : attachée de presse, producteurs, amis... On peine à croire qu’Eva vient tout juste de débarquer sur le devant de la scène musicale. La jeune femme de 17 ans, en première au lycée Jules-Ferry, correspond à l’image véhiculée dans son clip : visage juvénile fardé, crinière faussement négligée, pose étudiée. Point de robe à paillettes, plutôt un pantalon en simili cuir et un sweat ample estampillé « On Fleek », une série limitée fabriquée pour la sortie de son single.
Plus d’un million de vues en h
Oui, parce qu’Eva est chanteuse depuis peu. Elle a publié son premier son, Mood, le 31 octobre sur la chaîne YouTube EvaofficielVEVO. De la « pop r’n’b » et un clip au « gros budget » – tenu top secret – dans lequel on la voit, entre autres, chanter sur la Croisette avec ses amies et dans une voiture décapotable. La vidéo est visionnée sur YouTube plus d’un million de fois en moins de 24 heures. Le compteur des vues dépasse les huit millions, quelques semaines après. Un départ impressionnant pour une jeune femme sortie de nulle part. Sauf qu’elle n’est pas vraiment une inconnue. Eva est la petite soeur de Jazz, une personnalité publique issue de la téléréalité.
Se détacher de la téléréalité
Plusieurs « célébrités », des connaissances de sa soeur, apparaissent dans le clip de Mood sous la forme de séquences filmées en autoportrait. Des internautes, bien au fait, ont critiqué ce rapprochement, arguant que la jeune femme ne doit son succès qu’à ses connexions. « J’ai profité de sa visibilité, c’est certain, c’est grâce à Jazz, concède Eva. Mais si ma chanson n’était pas bien, les gens ne la partageraient pas et elle ne marcherait pas. » « Eva ne veut surtout pas avoir cette image de téléréalité », abonde Cyril Braun, un des producteurs d’Aldam Production, label indépendant niçois distribué par Universal Music France. « Si on avait investi plus d’argent pour la promo, il y aurait eu le même retour positif », assure-t-il.
« Le profil idéal »
Comment expliquer le succès fulgurant de Mood, si ce n’est ces connexions avec le monde de la téléréalité ? « Le schéma était bon. Ça correspondait aux besoins de la musique : le côté un peu plus naturel des chanteuses. C’est toujours la même chose : une musique agressive, un concept pas toujours très moral. Là c’était un bon mélange : un peu de notoriété, une jeune au profil parfait, une super voix... C’est l’idéal pour une maison de disque », analyse Cyril Braun. Transformer Eva en artiste a été rapide. Le premier rendez-vous avec les producteurs s’est déroulé en août, la signature avec le label s’est faite fin septembre, le tournage du clip a été réalisé en deux jours. Le single a été « co-écrit » par une auteure qui a également prêté sa plume à Aya Nakamura, une artiste nominée aux NRJ Music Awards et dont les médias français, néerlandais et américains ne cessent de parler. Les internautes (encore eux) ont critiqué la ressemblance trop marquée entre les deux artistes. Des remarques que balaie Eva d’un coup de main: « Merci, déjà. Me comparer à elle ça veut dire que ce que je fais est bien. Je ne copie pas, nous sommes des filles différentes qui parlons de la même génération, des mêmes sujets, forcément ça se ressemble. » Quel est le truc en plus d’Eva, alors ? « Ma personnalité. Et je vais aider les filles à travers mes principes et mes valeurs. Je suis une femme comme toutes les autres : je vais en cours, j’aime la mode, j’ai des copines, des histoires avec des copains. J’aimerais styliser la France aussi, faire sortir les gens du moule dans lequel la société leur dit de rentrer. » Rien que ça.
Critique de la société
Eva (et surtout ses producteurs) insiste sur « la morale » véhiculée dans son single. À grand renfort de faux cils, faux ongles et sourcils dessinés, l’adolescente dénonce « les filles trop extravagantes qui veulent se montrer. J’aimerais que certaines se reconnaissent un peu dans ma musique, qu’elles se disent que j’ai raison : pas besoin de se créer une personnalité pour être aimé. Notre génération est trop axée sur ça. » La jeune Cannoise est vendue comme une « une fille normale », à laquelle on peut facilement s’identifier. Une lycéenne lambda catapultée sur le devant de la scène... avec une soeur célèbre, un père directeur d’entreprise d’événementiel et une mère directrice de boutique de luxe sur la
Croisette. « Et alors ? Parce que j’ai des chaussures de marque je suis quelqu’un de différent ? Ben non, je suis comme tout le monde », assène
Eva. « Les gens sont trop dans le jugement alors qu’ils ne me connaissent pas. C’est la société qui veut ça. Quand on regarde mon clip, ouais il y a un gros budget mais ça ne veut rien dire. C’était pour que ce soit joli. N’importe quelle fille aurait préféré être maquillée plutôt qu’être moche. Elles vont peut-être critiquer mon maquillage mais dans deux jours, elles feront le même. »
Au second semestre
Confiants, les producteurs ont déjà prévu la sortie d’un album « pour le
second semestre 2019 », informe Ludovic Osseux, l’un d’entre eux. « On va d’abord devoir instaurer
Eva musicalement », nuance Cyril Braun. Par là, il entend dévoiler sur les plateformes de streaming deux ou trois nouveaux titres et même quelques featuring. Avec quels artistes ? « Je ne sais pas avec qui j’ai envie d’en faire, avec les plus tendances », hasarde Eva, rapidement coupée par son producteur qui gardera le suspense : « Surprise ».