Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
À Draguignan, cohabitation sans heurt avec la police
Paquets de biscuits fourrés au chocolat, filet de mandarines, rafraîchissements et grosse boîte de tabac à rouler posés sur le trottoir : une cinquantaine de gilets jaunes ont établi leur campement dès l’aube, hier, pour bloquer l’accès au centre des finances publiques de la cité du Dragon. « Ce que nous voulons, c’est bloquer l’État, pas les citoyens qui sont au volant de leurs voitures », explique Jérémy Djenderedjian, porte-parole informel du groupe de militants. « Alors, symboliquement, nous avons décidé d’empêcher l’arrivée des impôts.» Portail d’entrée cadenassé, le public a ainsi été invité, toute la matinée, à rebrousser chemin. Tout comme les employés du site. Chacun a obtempéré sans faire de vagues. «Les employés nous ont manifesté leur soutien d’entrée de jeu , témoigne Sam, l’un des gilets jaunes. Ils sont restés devant les grilles du bâtiment pendant un moment. Et puis, vers 10h, ils ont dû recevoir la consigne d’abandonner puisqu’ils sont repartis. » La police nationale, arrivée elle aussi aux aurores, a suivi l’événement de près. Les deux agents ont discuté avec les manifestants et expliqué la situation aux personnes surprises de tomber sur des portes closes. Aucune tension n’était néanmoins palpable entre forces de l’ordre et manifestants. Seul un brin d’agacement pouvait se lire sur le visage de quelques administrés, contraints de repartir bredouille. La plus grande partie du tapage venait en réalité des coups de klaxon approbateurs d’automobilistes passant parlà. Nombreux arborant fièrement leur maillot réfléchissant sur le tableau de bord. «La plupart des gens qui voulaient aller aux impôts ce matin ont, eux aussi, fait part de leur bienveillance à notre égard », raconte Julien, autre gilet jaune. « Ce soutien bien présent de la population pour notre combat, ça nous conforte », renchérit ce chauffeurlivreur qui ne cache pas ses difficultés à boucler les fins de mois.
La sous-préfecture ciblée aujourd’hui
«Nous restons déterminés et nous allons nous réunir ce vendredi pour décider des actions à venir», martele Jérémy peu avant midi, l’heure convenue avec les policiers pour lever le camp, sous peine d’être délogés de force. Ce qu’ils font sans regret, puisque les salariés du trésor public sont depuis longtemps rentrés chez eux. Quelques instants plus tard, le porteparole informel prend son mégaphone pour annoncer à ses homologues fluorescents qu’ils peuvent « aller au péage du Muy l’après-midi ». Il précise qu’il se contentera, pour sa part, de se reposer en vue de l’opération du lendemain (aujourd’hui Ndlr) qui consistera à bloquer un autre symbole de l’État : la sous-préfecture. « La condition de notre départ sera que le sous-préfet reçoive des gilets jaunes », précise-t-il. Un message sans doute destiné aux policiers présents, plus qu’à ses propres troupes.