Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Les “Jeunes agriculteurs” à la conquête de la Chambre
Epaulé par Arnaud Ferraro, le président des JA Paca Gérald Fabre brigue la succession d’Alain Baccino à la tête de la Chambre d’agriculture du Var. Ils dévoilent leurs projets et leurs objectifs
QG. F. : Au niveau des Jeunes agriculteurs, on a acquis ces dernières années des compétences et une maturité qui nous permettent d’être capables de gérer une structure comme la Chambre d’agri-culture, en s’appuyant sur nos aînés car il n’y a pas que des jeunes sur la liste. Sa moyenne d’âge se situe plutôt à ans. Et des adhérents de la FDSEA font également partie de notre équipe. A. F. : On a eu la volonté depuis - ans maintenant d’avoir structuré les JA pour être représentés dans toutes les instances agricoles et on se sent en capacité aujourd’hui d’apporter notre pierre à l’édifice, notre vision de l’agriculture à long terme. Notre liste est une liste d’union, portée par les Jeunes agriculteurs mais qui représente toutes les générations, toutes les filières et tout le territoire.
Justement, quels sont vos Les Jeunes agriculteurs du Var vont sillonner le département dans les prochaines semaines pour présenter leur liste et leur programme. Voici la liste des réunions publiques qu’ils tiendront, toutes fixées à h . - Jeudi décembre à la cave coopérative de Carcès. - Mardi décembre à la cave coopérative de Saint-Maximin. objectifs et vos priorités ? G. F. : La pierre angulaire, c’est de défendre à tout prix notre foncier agricole et de reconquérir des espaces qui sont en déprise ou laissés en jachère. Dans le Var, la surface agricole utile n’est plus que de %. C’est l’une des plus petites en France, hors Ile-deFrance. Il faut aussi travailler sur le renouvellement des générations agricoles car nous ne sommes plus que dans le Var et notre population est vieillissante. A. F. : De la côte au Haut Var, tous les secteurs ont un problème de foncier de plus en plus cher, rare, et convoité par de nombreux investisseurs, très souvent non Varois pour ne pas dire étrangers. Cela rend très difficile, voire impossible l’installation de nouveaux agriculteurs et la trans-mission des exploitations. -MardidécembreàLa Londe. - Jeudi décembre à Brignoles. -Mardidécembreàla Coopsolfruit à Solliès-Pont. -Mercredidécembreàla salle de réunion de l’Espace Albert-Raphaël à Ramatuelle. - Jeudi décembre à la cave coopérative de La Motte. - Mardi janvier à Saint-Cyr-surMer. Comment comptez-vous lutter contre cette pression foncière ? G. F. : Un premier état des lieux est en cours, une étude mandatée par la Chambre. Il porte sur les friches, estimées à plus de ha dans le Var. Dans un second temps, cela concernera les déprises agricoles, à ha postguerre qui sont partis en espaces forestiers sur lesquels on ne peut pas faire une remise en culture de manière aisée puisque la réglementation des forêts s’applique et qu’il faut obtenir une autorisation de défrichement et payer une taxe. L’étude porte sur les surfaces mais aussi la nature des sols car il faut que ces terres soient exploitables rapidement. Parallèlement, il faut continuer à déployer le conventionnement qui existe entre la Chambre - Mercredi janvier à la salle polyculturelle du Camp romain à Vidauban. - Jeudi janvier à la salle Graziani à Pierrefeu-du-Var. - Mardi janvier au marché aux fleurs à Hyères. - Mercredi janvier à la cave coopérative de Flassans. - Jeudi janvier au complexe des Blaquières à Grimaud. d’agriculture, les communes qui doivent servir de relais auprès des propriétaires fonciers et la SAFER pour reconquérir ces surfaces cultivables, les remettre à la disposition des agriculteurs. Il faut développer une alimentation locale, une autonomie alimentaire. À ce jour dans le Var, on ne produit que % de ce que l’on consomme... A. F. : A un an, fin , l’objectif est de finir l’état des lieux des friches. Puis d’engager la partie reconquête, en définissant les besoins à , , ans de chaque filière : la viticulture, le maraîchage, l’arboriculture, l’oléiculture, l’élevage... G. F. : On souhaite se baser sur l’exemple de la figue de SollièsPont, sur laquelle le marché est important avec une forte valeur ajoutée pour les agriculteurs. La Chambre a fait une étude des friches, a monté avec la SAFER et la commune un partenariat et en l’espace de trois ans, ils ont réussi à reconquérir ha de surface agricole. Donc si tout le monde se met autour de la table, on a des exemples qui montrent que ça marche. Il faut les étendre maintenant à l’échelle du territoire varois.
Quel pourrait être le rôle des agriculteurs du Golfe ? A. F. : Sur Grimaud en particulier, un aménagement foncier est en cours avec des études assez avancées. Il y a une quinzaine de jours, nous avons fait se rencontrer des porteurs de projets et des propriétaires fonciers. Les uns ont montré leur dynamisme, leur volonté de reconquérir la plaine de Grimaud, et ont convaincu je pense qu’au-delà de la valeur financière et patrimoniale des terrains, la terre agricole est faite pour être exploité par des agriculteurs. C’est encore un exemple à suivre.
Faut-il également redorer l’image de l’agriculteur ? G. F. : Certainement. On souffre d’une image d’agriculteur-pollueur. Les gens n’ont pas envie d’avoir une parcelle cultivée à côté de chez eux car ils se demandent si cela ne va pas nuire à leur santé. On a un rôle à la fois de protection de notre profession et d’information des citoyens. On génère de l’emploi, de l’économie, on est acteurs des paysages. À nous de faire le lien pour cohabiter ensemble et aller vers un avenir plus positif.
Quelle est votre position sur le projet d’abattoir dans le Var ? G. F. : Aujourd’hui, un éleveur varois a plus de clients que ce qu’il peut en fournir, et un délai incompressible de deux mois entre la commande et la date où il va pouvoir livrer. C’est impossible pour lui d’être réactif et d’avoir une activité rentable. A. F. : La Chambre a mené une étude de faisabilité d’un abattoir mobile, projet qui remontait de la profes-sion et des communautés de communes du Haut Var. Il semble qu’il ne soit pas réalisable en l’état, car très complexe d’un point de vue financier et structurel avec trois semi-remorques à déplacer. Sur la mandature, on portera, nous, le projet d’un abattoir fixe, dans un lieu proche des axes routiers pour drainer autant le Var que le et le et qui, surtout, comprendrait une salle de découpe et de transformation pour offrir des marges aux éleveurs.
Quand votre liste sera-t-elle dévoilée ? G. F. : A la mi-décembre, quand nous aurons déjà visité une bonne partie du Var. Pour laisser aux gens la surprise de découvrir qui va les représenter sur leur territoire. Et qui dit aussi campagne électorale dit pression : on veut protéger ceux de notre liste qui ne sont pas habitués à ce genre de joutes !