Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

LES GILETS JEUNES À L’ÉCOLE DES GILETS JAUNES

Dracénie A Draguignan comme aux Arcs, les gilets jaunes restent plus que jamais mobilisés. Lycéens dracénois et lorguais ont rejoint hier les rangs du mouvement. Inquiets pour le futur Manifestan­ts et sous-préfet dialoguent

- M. B. mbescond@nicematin.fr

À Fréjus, Draguignan et Lorgues, des lycéens ont rejoint le mouvement hier matin. Dans le même temps, des gilets jaunes ont été reçus par le sous-préfet, tandis qu’une centaine de poids-lourds était immobilisé­e aux Arcs. D’autres actions sont prévues aujourd’hui.

Nouvelle journée de mobilisati­on pour les gilets jaunes. Hier matin, une centaine d’entreeux se sont rassemblés devant la souspréfec­ture pour faire entendre leurs voix. Avec des revendicat­ions aussi larges et variées que le nombre de manifestan­ts. Dans la matinée, ils étaient rejoints par une cinquantai­ne de lycéens (lire encadré). Sam est chef d’entreprise dans le BTP.

Lui réclame tout bonnement « la démission d’Emmanuel Macron, et la dissolutio­n de l’Assemblée nationale ». «Ona trop de charges salariales, trop de taxes, notre pouvoir d’achat est nul ! On est pris entre le marteau et l’enclume. »

Sans oublier les retraites : « On ne peut pas demander à quelqu’un qui a travaillé dans le BTP toute sa vie d’arrêter à 65 ans. Il faut tout remettre à plat ! » Le rassemblem­ent devant la sous-préfecture? « C’est symbolique, poursuit-il. On a l’impression de ne pas être pris au sérieux. On veut être entendu! Et on est convaincus qu’on le sera. Ça va marcher, Rome ne s’est pas faite en un jour… » Plus loin, d’autres pointent les inégalités toujours plus criantes entre riches et pauvres. « On veut une Europe sociale, pas une Europe de la finance. »

Échanges constructi­fs

«Je vais faire remonter tous les sujets

que vous abordez. » Face aux grilles de la sous-préfecture, Eric de Wispelaere, est venu à la rencontre des manifestan­ts. À l’écoute, dans le dialogue, le sous-préfet prêtait attention aux revendicat­ions de chacun. Et elles étaient nombreuses : fiscalité, pouvoir d’achat, accès à l’emploi, baisse des cotisation­s sociales… Pêle-mêle, les échanges allaient bon

train. «On s’insurge contre tout un système. Nous sommes en insurrecti­on. On essaie de se structurer, de se mobiliser. On a la prétention de se prendre en main. Il faut revoir la constituti­on, avec un vrai contrôle des pouvoirs».

Ce à quoi le sous-préfet arguait : « Nous sommes dans un système démocratiq­ue… ». « Oui, mais il nous a été volé », répondaien­t les gilets jaunes. «On veut tout simplement changer le système. On crève de faim », insistait un

autre manifestan­t. « Il faudrait que nos hommes politiques passent un mois au côté d’un chef d’entreprise, d’un ouvrier, d’un retraité ou d’un chômeur. Pour qu’ils voient comment nous vivons… », suggérait un autre. Les cas personnels s’enchaînent. Et ils ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd. «Il faut que vous nous aidiez. Avez-vous des solutions, des idées?», questionna­it une manifestan­te. « Je n’ai pas de conseils à vous donner, lui répondait le sous-préfet. Les problémati­ques soulevées sont nombreuses. Il faut vous mettre d’accord sur un certain nombre de points. » Chefs d’entreprise­s, salariés, chômeurs… tous auront pu exprimer leurs doléances dans une rencontre

constructi­ve. « Je vais maintenant pouvoir rendre compte de nos échanges à qui de droit, concluait le représenta­nt

de l’Etat. J’ai eu affaire à des gens molestés qui ont exprimé leur souffrance. Je note que parmi les gilets jaunes, il y a à la fois des gens responsabl­es et d’autres plus révolution­naires qui remettent en cause l’intégralit­é du système. Les échanges ont été respectueu­x. Je vais faire remonter tout ce que j’ai entendu. »

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 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? A Draguignan comme à Lorgues, les lycéens ont rejoint, hier, le mouvement des gilets jaunes.
(Photos Dylan Meiffret) A Draguignan comme à Lorgues, les lycéens ont rejoint, hier, le mouvement des gilets jaunes.

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