J.-L. Masson: «Il y a un espace pour Les Républicains»

La chute de Macron, je ne m’en réjouis pas pour la France, mais elle est patente. Il échoue parce qu’il n’a pas traité les sujets centraux pour le pays que sont l’emploi, la sécurité, le pouvoir d’achat, l’immigration ou les territoires.

Vous pensez que les Gilets jaunes illustrent le divorce avec le Président ou avec l’ensemble des élus ? C’est un décalage avec le Président. Le décalage avec les politiques, il n’est que superficiel. Le problème, c’est que les députés En marche n’ont pas le sens de la représentation nationale. Ils représentent Emmanuel Macron à l’Assemblée au lieu de représenter leurs électeurs. Or, si on critique les élus, c’est parce qu’ils doivent constituer un contrepouvoir par rapport à l’exécutif. Vous n’avez pas le sentiment qu’on reproche à Emmanuel Macron de conduire une politique de droite ? Pas du tout ! Dans son cortex, il est imprégné par une idéologie de gauche et fait un mélange malsain entre le libéralisme sociétal et le gauchisme culturel. Le bouillon de culture n’est pas adapté à ce que veut la société française. Il construit une société française qui annonce la fin de la civilisation occidentale.

Vous pensez que la crise des Gilets jaunes va rendre service à l’opposition LR ou au contraire lui couper l’herbe sous le pied ? Les Gilets jaunes ne rendent service ni à l’opposition, ni à personne. Peut-être permettront-ils au moins à Emmanuel Macron de prendre conscience qu’il ne peut pas gouverner le pays avec arrogance. Il faut qu’il écoute et en particulier la représentation nationale et les parlementaires de l’opposition. S’il les avait écoutés, il n’y aurait pas eu les Gilets jaunes.

Le prochain rendez-vous, c’est celui des élections européennes, comment se préparent les Républicains ? Les élections européennes ne nous sont traditionnellement pas favorables, mais on a un espace politique entre les extrêmes eurosceptiques et la tendance macronienne qui est un mondialiste multiculturaliste. Il y a un espace pour les Républicains, qui sont pour une Europe qui protège. Je ne prône absolument pas d’alliance avec En marche. On a des élus locaux qui sont suffisamment assis dans leur territoire, je ne vois pas pourquoi on aurait à faire des alliances avec un parti présidentiel qui dénigre les territoires. En plus, je ne sais pas pourquoi on irait s’allier avec quelqu’un qui est malade et décrié. Et puis, je ne connais aucune personnalité estampillée En marche capable de représenter un danger dans aucune ville du département. C’est bien pour ça d’ailleurs qu’ils n’ont pas adopté la stratégie de l’affrontement, mais celle du débauchage.

(Photo Luc Boutria)