Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Une journée trop banale au Secours populaire

Loin des tumultes provoqués par les Gilets jaunes, et à l’approche des fêtes de fin d’année, les bénévoles de l’associatio­n humanitair­e ne ménagent pas leurs efforts au bénéfice des plus démunis

- ROMAIN ALCARAZ

Cindy est là pour demander un colis alimentair­e. Liliana, qui reçoit les bénéficiai­res dans ce cas précis, demande, afin de déterminer la quantité dont a besoin la jeune femme : « Vous êtes

seule ? » Le regard de Cindy plonge vers son ventre tandis que ses mains remontent sur son nombril :

« Non, on est deux. » Est-ce parce que la situation n’est pas si exceptionn­elle ou bien arrive-t-elle à contenir son émoi? Dur à dire. Toujours est-il que la bénévole poursuit sans sourciller : «Ettout se passe bien ? C’est un garçon ou une fille ? » Le dialogue illustre à lui seul l’action admirable que produisent chaque jour les bénévoles du Secours populaire, « seule associatio­n du territoire ouverte tous les jours », souligne Annie, trésorière. En pleine comptabili­té, la dame trouve le temps de nous faire visiter les lieux(1). « C’est une journée dont on sort avec la migraine », sourit-elle en nous dirigeant vers la salle de tri. Là, Fathia et Jocelyne réceptionn­ent les dons. Sous un bon millier de cintres, les vêtements défilent. « En ce moment, je trie les habits neufs fournis par une grande surface », explique la première qui

ajoute : «On n’est pas beaucoup, alors même quand je suis fatiguée, je viens.»

« J’ai ressenti le besoin d’apporter de l’aide »

Tout autour, des étagères immenses sont remplies de boîtes sur lesquelles on peut lire “cravates”, “ski”, ou encore “tenues de soirée”… « En fonction des besoins,

nous faisons ensuite descendre les vêtements dans l’espace solidarité. » Jocelyne, elle, trie les vêtements “enfant”. « Il y a trois semaines, j’ai voulu donner des habits. J’ai ensuite ressenti le besoin d’apporter de l’aide. Parce que quand on voit les difficulté­s que rencontren­t les gens, c’est intolérabl­e. » Un étage plus bas, ce sont les denrées alimentair­es qui sont gérées par un autre groupe de bénévoles. Les jeunes Jesse et Théo sous la supervisio­n des expériment­ées Marcelle et Rita. « Nous préparons les colis alimentair­es, en fonction des besoins du bénéficiai­re. » Des besoins identifiés avec Liliana, donc. En plus des fruits et légumes, féculent, café, boîtes de conserves, mais aussi couches ou produits d’hygiène peuplent les étals, à côté des réfrigérat­eurs remplis de yaourts ou produits frais. Dernière pièce, et non des moindre: l’espace solidarité. C’est là que le public peut, comme dans un magasin, choisir vêtements, livres, ou autres objets comme des bijoux ou de la vaisselle contre quelques euros (« Un don, pas un

achat », précise la trésorière). Mado met en rayon des vestes. « Je me suis retrouvée seule. Je me suis mis à aider les gens dans l’associatio­n. Et ça m’aide aussi… »

Samira cherche « pour les enfants ». Lëlla, elle, souhaite trouver « des cadeaux pour la famille ». Chacune à sa manière le dit : c’est de plus en plus difficile. Retour avec Cindy. La jeune femme souhaite donner des vêtements, mais sa grossesse l’empêche de transporte­r des sacs trop lourds. Elle répond ensuite à Liliana : « C’est un petit gars ! » Il arrive dans un monde injuste. Mais peuplé de gens là pour l’améliorer.

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(Photos Dylan Meiffret) < La trésorière Annie en pleine compta’. = Fathia dans la salle de tri. > Rita prépare un colis alimentair­e. ? Mado dans la “boutique” de l’espace solidarité. ?
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