Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
À 15 ans, une «prodige» sur France 2 le 22 décembre
Mélissa Gras a des notes plein la gorge et des mélodies plein la tête. Cette jeune chanteuse, élève au conservatoire, participe à l’émission Prodiges qui sera diffusée le 22 décembre
On a répété au Zénith avec un orchestre complet ! ”
Elle a une voix qui tutoie les anges doublée d’une volonté d’enfer. Un mélange insolite, diablement efficace, au service d’une véritable passion. Car les bonnes notes, Mélissa Gras adore ! Depuis toujours. Celles qu’elle récolte au lycée Saint-Exupéry – l’adolescente confesse une moyenne de 18/20. Et celles qu’elle fait pleurer, délicatement, en pinçant les cordes de sa guitare ou en caressant les touches de son piano. « Mes parents sont dingues de musique, avance-t-elle comme une excuse. Ce n’est pas leur métier ; ils sont profs de physique-chimie tous les deux. Mais j’ai grandi au milieu des instruments. Alors, tout naturellement, je m’y suis mis… »
Disqualifiée... à cause de ses bagues
Elle s’essaie d’abord au clavier, puis glisse vers la six-cordes avant de revenir au piano. Aujourd’hui, elle mène de front ces deux disciplines au Conservatoire de Saint-Raphaël. Plus une troisième : le chant. « J’écoute des musiques très variées,
explique-t-elle. Les mêmes choses que tous les jeunes de mon âge. Mais pour chanter, j’aime le classique par-dessus tout.» En novembre 2016, son professeur, Fabienne Chanoyan, lui parle d’une émission diffusée sur France 2: Prodiges. Il s’agit d’un concours réservé aux moins de seize ans dans trois catégories – chant, danse, instrument.
« J’ai voulu m’inscrire, raconte Mélissa. J’ai envoyé un enregistrement et j’ai été présélectionnée pour une audition à Marseille. Et là… » La jeune les épaules fille s’interrompt : « On m’a en dit haussant que c’était mes bagues. encore J’avais trop tôt, un à cause appareil de dentaire à l’époque… » Mélissa éclate de rire, dévoilant deux rangées de dents blanches parfaitement alignées. « Je n’ai plus ce problème, résumet-elle. Alors je me suis représentée cette année. Et j’ai obtenu mon ticket pour l’enregistrement de l’émission, à Montpellier, pendant les vacances de la Toussaint. » Dix jours, au total, qui resteront «à
jamais » dans sa ‘‘ mémoire. « C’était un rêve éveillé, explose-t-elle. Le premier jour, on a répété à l’opéra. Le deuxième, on a tourné les portraits qui seront présentés aux spectateurs. Le troisième, on a fait une répétition générale au Zénith avec l’orchestre de Montpellier ! Vous imaginez ? Un orchestre complet pour m’accompagner ! » Une étrange lueur brille dans ses yeux pastel. Ce souvenir est si vif, si intense, qu’il semble un instant lui couper le souffle. Elle reprend en écartant les bras : «Ce qui est génial, dans ces concours, ce sont les rencontres. Dans chaque catégorie, nous étions cinq concurrents. J’allais dire: cinq passionnés. C’est formidable de croiser des jeunes qui vibrent pour les mêmes choses que vous. D’ailleurs, nous sommes restés en contact. On espère se revoir. » Pas de concurrence ? Une fois de plus, Mélissa hausse les épaules. «On sait, dès le départ, que deux ◗ émissions doivent être enregistrées : une première, diffusée le 22 décembre, avec les quinze candidats. Et une seconde, une semaine plus tard, à l’issue de laquelle un seul vainqueur est désigné. Mais franchement, ce n’est pas le plus important. Pour moi, en tout cas… » Parfaitement à l’aise devant un objectif, la présence des caméras ne l’a pas dérangée. « Quand je
chante, confesse-t-elle, il n’y a que moi et la chanson. » De l’issue du concours, elle ne dira rien. « C’est défendu, justifie-t-elle d’une voix douce. Il faut garder le suspense pour les téléspectateurs. » Elle consent cependant à dévoiler le titre qu’elle a interprété devant les jurés : Love Story de Francis Lai (1). « Pas franchement adapté à ma tessiture, observe-t-elle en secouant ses cheveux châtains. Je suis soprano. Mais je n’avais pas le choix. La production nous a fait parvenir le morceau imposé à la fin de l’été. J’ai eu six semaines pour me préparer avec mon coach. » Six semaines pour peaufiner ces quelques minutes où elle sera scrutée, en prime time, par des millions de spectateurs.
« Même pas peur, évacue-t-elle d’un clignement d’oeil. J’espère juste que les gens qui m’aiment, qui me verront et m’entendront, seront fiers de moi ! »