Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Les chevaux de trait à gros sabots dans les vignes

Dans une démarche toujours plus bio, Coco et Praline, deux chevaux de trait pur sang, ont remplacé les tracteurs sur les neuf hectares du domaine du Clos des Roses. Tradition !

- PHILIPPE MICHON pmichon@nicematin.fr

En milieu de semaine, le domaine du Clos des Roses a accueilli, avec tous les honneurs, deux invités de marque. Sabots dessus, sabots dessous, Praline et Coco ont convolé en justes labours, non pas dans une chambre d’hôtes luxueuse, mais entre les rangées de vignes de ce terroir fréjusien de neuf hectares. Crinières au vent, courbes généreuses, regard pétillant, ces deux chevaux de trait, de quelque 900 kg, n’ont fait qu’une bouchée des deux hectares de vignes mis à leur dispositio­n. L’espace d’une journée, les deux bestiaux ont remplacé les tracteurs pour une première opération séduction. Une convention bio sur trois ans… «Depuis 2012, le domaine sème sans le moindre désherbant ! Dans le cadre de notre politique d’une agricultur­e toujours plus respectueu­se de l’environnem­ent, nous effectuons aujourd’hui un vrai retour aux traditions ancestrale­s. À ce titre, nous venons de signer une convention bio qui s’étale sur les trois prochaines années », précise la responsabl­e vitivinico­le, Nathalie Millo, en présence de la maîtresse des lieux, Laurence Barbero, sous le charme de Coco et Praline. « Ces chevaux de trait réalisent une mission spécifique de chausse et déchausse de la vigne, poursuit-elle. Leur démarche est plus affinée, plus précise qu’un tracteur qui, lui, a tendance à tasser la terre. Cela étant, les conditions d’une année 2018 particuliè­rement pluvieuse rendent la tache délicate. D’un côté, soit la terre est trop molle au risque de s’enfoncer, soit elle sèche rapidement et devient en quelques heures impossible à travailler. C’est d’ailleurs un des nombreux avantages du travail réalisé avec les chevaux de trait: cela permet à l’eau de s’infiltrer et de préserver la qualité du sol. » Charrue solidement attachée derrière la croupe, les deux animaux s’exécutent doucement mais sûrement sous les ordres de Gilles Fougerouse, lui-même agriculteu­r estampillé bio, originaire du Thoronet (voir ci-dessous). « Je ne suis qu’un prestatair­e de service spécialisé dans le labour des vignes. Je travaille sur une dizaine de domaines dans le Var entre le golfe de Saint-Tropez, la région de Bandol, etc. En France, les vignobles du Bordelais ont été les précurseur­s dans ce domaine devant la Champagne et la Bourgogne. Cette pratique de labour a fait son apparition dans le Var depuis seulement cinq ans. Actuelleme­nt, nous ne sommes que trois au sein du départemen­t à proposer les services des chevaux de trait… » Soit un retour bénéfique sur les traditions d’antan autour desquelles le domaine vinicole a décidé de creuser son sillon. Les siècles défilent, mais la plus belle conquête de l’homme demeure invariable­ment une valeur sûre en ce IIIe millénaire.

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Retour aux traditions ancestrale­s cette semaine dans les vignes du Clos des Roses où deux chevaux de trait ont remplacé les tracteurs.
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(Photos Frank Tétaz)

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