Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Christiane Lambert découvre la diversité agricole du Var
La présidente de la FNSEA a visité hier plusieurs exploitations du département. Céréales, maraîchage, plantes à parfum... La palette des filières varoises l’a surprise
Les agriculteurs sont engagés dans la transition écologique depuis une vingtaine d’années, avec des actions amplifiées par le Grenelle de l’environnement. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) accompagnent le développement de ces formes d’agriculture pour répondre aux consommateurs et éviter l’importation de produits bio venant de pays qui ne respectent pas les mêmes normes de production. Nous sommes favorables à la transition mais ce qui est problématique, c’est la fiscalité écologique très punitive avec des hausses de plus de % de la redevance pollution diffuse (RPD) sur les produits phytosanitaires que payent les agriculteurs. Aujourd’hui (hier Ndlr), nous menons des actions dans départements auprès des préfets et pour sensibiliser les parlementaires qui doivent se prononcer le décembre sur une hausse de la RPD lors de l’examen du projet de loi de finances pour .
Les traités internationaux de libre-échange mettent en danger l’élevage français. Quelles vont être vos parades face à l’arrivée massive sur le marché de ces produits ? Nous sommes opposés à ces accords et à leur multiplication. On l’a dit au ministre du Commerce extérieur et au président de la République lundi. Il faut que les consommateurs soient cohérents, qu’ils aient autant d’exigences envers les produits étrangers qu’envers les agriculteurs français. Les citoyens doivent dire qu’ils refusent ces traités. Mais ce sont eux qui vont dans les supermarchés acheter ces produits à bas prix et qui veulent payer pas cher les repas des cantines.
La filière fruits et légumes est également confrontée à une concurrence étrangère, au sein même de l’Europe. Êtes-vous favorable à un prix minimum d’entrée sur le marché intérieur ? Cette proposition n’est pas réaliste, c’est un slogan. Nous souhaitons une harmonisation des conditions de production en Europe et que la France arrête de faire de la surtransposition dans la réglementation. Notre doctrine c’est : à marché unique, réglementation unique. En revanche, la mobilisation de la FNSEA et des JA a permis d’inscrire dans la loi Egalim un article interdisant d’importer des produits ne respectant pas les mêmes règles de production.
Vous sentez-vous défendus au sein de l’Union européenne ? La PAC et son budget sont défendus par la France. Notre pays est leader et doit le rester.
La répartition des subventions européennes entre petits paysans et grandes exploitations, notamment avec les primes à l’hectare, vous semble-t-elle légitime ? Il y a aujourd’hui des plafonnements et une surdotation pour les premiers hectares qui permettent de mieux servir les exploitations familiales. Dans le projet de la PAC , elle pourrait aider, sous forme de programmes opérationnels, les maraîchers et la vigne. C’est une orientation positive. Le foncier agricole est en danger, particulièrement dans le Var. Que préconisez-vous alors que la Safer est impuissante ? La Safer n’est pas impuissante mais ne permet pas assez d’installations. Il faut que les agriculteurs gardent du poids dans la Safer pour continuer à préserver des terres dans un département où le foncier est très convoité.
Quelle est votre position vis-à-vis du loup ? La priorité, c’est le pastoralisme, bien plus bénéfique pour la biodiversité que le loup. Le loup chasse le pastoralisme, crée des déserts, ce qui aggrave le risque d’incendie et d’avalanche. La FNSEA veut donner aux éleveurs tous les moyens de défendre les troupeaux et de continuer à travailler. Les attaques sont un drame humain pour les éleveurs. Il faut réguler plus pour stopper la surpopulation de ce prédateur. Il est protégé mais il faut faire reconnaître qu’il n’est plus en danger de disparition. Il importe de protéger davantage les troupeaux que le loup. La vidéo serait-elle une solution pour lutter contre la maltraitance dans les abattoirs ? Nous élevons les animaux dans de bonnes conditions et souhaitons qu’ils soient abattus dans de bonnes conditions. Les images montrées ne sont pas la généralité. Toute mauvaise pratique doit être supprimée pour atteindre % de bonnes pratiques. Les caméras ne sont pas forcément la bonne solution car les salariés auraient une pression trop forte. Ce qui produira de meilleurs résultats, ce sont de meilleures formations aux bons gestes, des cadences appropriées et une modernisation des équipements tant pour la protection des salariés que pour les animaux.
Le mouvement vegan fait du tort à la filière élevage. Que leur dîtes-vous ? Les végétariens et vegans représentent moins de % de la population française. Leur surmédiatisation agace les agriculteurs. La bonne nouvelle, c’est que la consommation de viande se maintient et même hors domicile avec les restaurants à viande et les burgers. Nous sommes un pays de tradition carnassière. Les éleveurs veulent s’adresser aux % de Français mangeurs de viande.
Les états généraux de l’alimentation étaient porteurs d’espoir pour les producteurs. Pourtant, ils n’ont pas obtenu grand-chose. Quel est votre sentiment ? Les grands distributeurs n’ont pas tout obtenu. Les ordonnances qui ont été passées au conseil des ministres hier (Ndlr mercredi), grâce à la pression de la FNSEA, permettent d’encadrer les promotions et d’éviter la braderie permanente des prix cassés pratiquée en grande distribution. Il est très important que les nouveaux dispositifs de la loi (promotions, seuil de vente à perte, prise en compte des coûts de production…) s’appliquent aux négociations commerciales en cours.
Comment gérer le problème de la retraite des agriculteurs ? Ils subissent une injustice insupportable avec des niveaux de retraite extrêmement bas ( par mois), soit % de moins que la population française. Leurs retraites sont calculées sur la totalité de leur carrière. Nous souhaitons une revalorisation des retraites agricoles avec la solidarité nationale pour atteindre % du Smic. Nous participons aux travaux sur la réforme des retraites pour qu’un euro cotisé donne les mêmes droits à tous, y compris aux agriculteurs.
Comment redorer l’image des agriculteurs auprès des Français qui voient en eux des pollueurs ? Les Français aiment les agriculteurs, tous les sondages le montrent. Les caricatures tiennent à la méconnaissance des pratiques agricoles. Nous avons besoin de faire davantage connaître la façon dont nous travaillons, de montrer nos pratiques d’aujourd’hui. La communication directe est la meilleure formule avec des fermes ouvertes sur les réseaux sociaux pour rassurer les consommateurs.