Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Christian Jacob: «La crédibilit­é du Président est mise en cause»

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Je m’appuie sur les résultats économique­s, le déficit, le taux d’endettemen­t ou l’évolution de la dépense publique qui continue à croître plus rapidement encore que sous Hollande. Vous ajoutez à ça l’arrogance, avec des phrases blessantes à répétition, et l’attitude de Président, ainsi que du gouverneme­nt… Ils ont réussi en  mois à mettre le pays en situation pré-insurrecti­onnelle. Et, on ne peut pas dire que ça date de  ans.

Pensez-vous que la crise des « gilets jaunes » est terminée? Je pense que les mesures annoncées sont de nature à apaiser les choses. Mais quelle erreur! Pourquoi le Président a-t-il été tétanisé? On ne l’a pas entendu pendant un mois. Cette crise se serait calmée beaucoup plus tôt s’il y avait eu une interventi­on immédiate. Nous, on n’a pas attendu pour réagir. Il suffit de regarder les propositio­ns qui ont été les nôtres, notamment sur les heures supplément­aires défiscalis­ées. Les Républicai­ns ont demandé cette mesure au printemps dernier encore. On avait fait une propositio­n de loi spécifique sur le sujet. Elle a été repoussée d’un revers de main. Darmanin nous expliquait qu’on n’avait rien compris et que ce n’était plus adapté à l’époque.

Vous pensez qu’il restera quoi de l’épisode « gilets jaunes » ? C’est une tache très forte sur ce quinquenna­t. Il y a un avant et un après. C’est Emmanuel Macron confronté au mur des réalités qu’il avait ignorées jusque-là. Les Français, avec violence parfois, lui ont rappelé la réalité. On ne s’en sort pas sur tout avec des belles phrases et un sens de la repartie.

Pensez-vous qu’ils vont trouver une place dans la durée sur l’échiquier politique? Je ne sais pas. C’est compliqué à dire. Mais je pense que la crise est profonde. Le gouverneme­nt a mis de l’argent sur la table dans un sentiment de panique. La crédibilit­é du Président est mise en cause durablemen­t et fortement.

Depuis l’attentat de Strasbourg, une théorie du complot est apparue. Qu’est-ce que cela vous inspire ? C’est n’importe quoi! C’est malheureus­ement inhérent au développem­ent des réseaux sociaux. Avant, tout cela était confiné à quelques arrière-salles. Malheureus­ement, maintenant, ça prend de l’ampleur, mais c’est une folie qui n’a aucun sens.

Que pensez-vous du tweet polémique de Laurent Wauquiez quelques minutes seulement après l’attentat? Qu’est-ce qu’il dit dans ce tweet? Il a simplement rappelé les propositio­ns que l’on rabâche depuis deux ou trois ans systématiq­uement et qui sont toujours repoussées d’un revers de main. Ça mérite quand même, de temps en temps, qu’on se dise que ce n’est pas parce qu’on est dans l’opposition qu’on a tout le temps tort sur tout.

Comment vous préparez-vous aux élections européenne­s ? D’abord, sur le fond, il faut rappeler qu’à l’opposé de ce qui est fait par LREM, les Républicai­ns travaillen­t au sein du Parti populaire européen (PPE). C’est-à-dire avec les partis de droite et de centre-droite des  pays de l’Union européenne. Ce qui nous permettra, au moment de la présentati­on de liste, de dire ce sur quoi on s’est mis d’accord. Emmanuel Macron, lui, fait des leçons de morale à tout le monde mais n’a pas d’alliés. Il est incapable d’avoir des partenaire­s au sein de l’Union.

Quels sont les thèmes que Les Républicai­ns veulent mettre au coeur du débat? Il y a quatre sujets que l’on veut mettre sur la table. D’abord, l’élargissem­ent de l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, il faut arrêter. Ensuite, l’immigratio­n. Le problème se pose parmi les VingtSept et la réponse ne peut être qu’européenne. Nous voulons parler de la préférence européenne aussi. Nos marchés publics sont les plus ouverts du monde :  % en France contre  % aux États-Unis et  % en Chine. À chaque fois qu’il y a un appel d’offres, si une entreprise européenne candidate, elle doit être prioritair­e. Derrière ça, il y a la politique des normes. Aucune norme nationale ne doit imposer davantage de contrainte­s que la norme européenne. Sinon, on crée des distorsion­s de concurrenc­e, et les gens vivent l’Europe comme un handicap, alors que c’est un plus. Enfin, on veut mettre en avant une Europe d’ouverture sur des grands projets, comme la recherche sur la maladie d’Alzheimer. On pourrait, par exemple, fusionner tous les grands centres de recherche. Et je précise que je ne suis pas candidat à la tête de liste… Mais j’ai l’impression que plus je le démens et pire c’est!

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