Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
GILETS JAUNES: ILS CAMPENT SUR LEUR POSITION
Les forces de l’ordre ont fait lever les camps installés aux entrées de l’A8 par les manifestants. Ces derniers sont partis sans violence... avant de revenir l’après-midi
Délogés par les forces de l’ordre aux péages de Fréjus, Puget et Le Muy, les manifestants entendent poursuivre leur mouvement. Ils ont déjà commencé à réinvestir les lieux.
Encagoulés, vêtus de gilets pareballes et fusils mitrailleurs au poing, ils nous ont traités comme des terroristes»,
s’exclame un manifestant, choqué devant tant d’autorité pour leur groupe pacifique. Avant-hier après-midi, les gendarmes sont arrivés en force pour déloger les Gilets jaunes. Plus d’une quarantaine d’hommes, une douzaine de fourgons, ont investi les ronds-points aux entrées de l’autoroute A8. Tout d’abord au Muy, vers 14 heures, les gendarmes ont intimé l’ordre aux contestataires de déguerpir immédiatement. Ces derniers, ne voulant pas l’affrontement , se sont exécutés. Tout s’est passé sans violence et sans heurt majeur.
« Ça nous motive encore plus pour continuer»
« Les gendarmes étaient nombreux et méprisants. Ils nous ont encerclés et nous ont dit de partir, sinon ils allaient utiliser la force et charger. On est resté abasourdi, car tout se passait bien jusqu’à présent. On n’a jamais fait de dégâts, on ne faisait pas de mal. On a réussi à mettre quelques affaires dans les voitures, car la population nous amène sans cesse de la nourriture pour nous soutenir. Ensuite, on a plié bagage », a raconté l’une des manifestantes. Pour les Gilets jaunes : « Pas question d’affronter les forces de l’ordre. Mais on est vraiment dégoûtés d’être traités comme ça, comme des chiens. Et ça nous motive encore plus pour continuer ». Les équipes de la société Vinci ont rasé le camp de base, détruisant les abris de fortune et jetant le bois dans des bennes, fermant à clé les toilettes. Les gendarmes se sont ensuite attaqués au campement de l’entrée d’autoroute de Puget-sur-Argens en direction d’Aix-en-Provence. « C’était la même équipe qui nous a fait partir du dépôt pétrolier dans la nuit. Nous, on est des travailleurs, artisans, salariés mal payés, des retraités, on n’est pas des bagarreurs. Alors à la vue de ce déploiement de force, on a été vraiment écoeuré. Mais on gardera notre ligne de conduite ». Pour finir, vers 16 h 30, les gendarmes sont venus à bout du camp implanté au quartier du Capitou,
au Gargalon, à l’entrée du péage
menant à Nice. «Les gendarmes étaient vraiment hargneux, armés comme s’ils allaient attaquer un camp de dangereux bandits. Heureusement, la police nationale est arrivée, beaucoup plus dans la négociation. Les policiers ont vraiment calmé le jeu. Ils ont parlé avec les gendarmes pour nous laisser le temps de prendre nos affaires. Il y a
tellement de nourriture apportée par la population... On a réussi à en sauver 90 % », souligne un contestataire. Et d’autres d’ajouter avec conviction: «Les employés de Vinci ont pris tout le bois et les palettes. Ils ont mis le paquet pour tout enlever. Mais on va remonter notre bastion, un peu plus loin sur un espace communal ». Ce qu’ils ont fait hier.
Le mouvement se poursuit aujourd’hui
Aujourd’hui, les manifestations ne devraient pas tarir et les camps de base sont déjà en reconstruction. « Maintenant, on va jouer au chat et à la souris car les Gilets jaunes sont remontés. On veut réfléchir pour mener d’autres actions. Ça ne plaît pas que le peuple montre son mécontentement. On est des gens pacifiques et on ne veut pas se battre mais on veut montrer qu’on est bien présent en province. On veut sensibiliser les gens, poursuivre notre mouvement. On veut occuper l’espace dans les régions. Ils veulent tuer notre organisation mais on ne lâche rien. On n’a qu’un seul genou à terre et on se relève », ajoutent les protestataires du Muy. Et ceux du
Gargalon de renchérir : «On est déterminé, on est de plus en plus nombreux au fil des semaines, contrairement à ce que certains veulent faire croire. Les gens nous soutiennent de plus en plus. On ne lâchera rien ».