Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Handicapé, au 3e étage sans ascenseur

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Pascal Pivin est devenu Gilet jaune dès la première heure. Depuis un mois, il tient le coup quotidienn­ement au camp de base de l’entrée d’autoroute du Muy. Il y a fait des rencontres, trouvé des amis, certains dans le même cas que lui. Presque une famille. Handicapé depuis son accident, il ne touche chaque mois que 500 euros d’allocation handicapée et 350 euros de pension de la sécurité sociale qui l’a reconnu invalide catégorie 3. Avec 850 euros, Pascal Pivin ne s’en sort pas, d’autant qu’il doit toujours vivre dans le logement qu’il louait lorsqu’il était valide et pouvait monter les trois étages sans ascenseur.

«Je suis Gilet jaune pour essayer de faire entendre les problèmes des handicapés. Nous sommes plusieurs dans ce cas à ne toucher que quelques centaines d’euros, invalides ne pouvant plus gagner notre vie. Nous survivons dans la précarité, de plus en plus isolés. C’est vraiment la misère. On n’ose pas sortir avec les gens, car on ne peut même pas se payer un café. Alors, les Gilets jaunes, c’est une fraternité. On se fédère pour sortir de la misère. On n’est ni violent, ni dans la dégradatio­n. Nous sommes pauvres et on veut faire entendre la voix du peuple maltraité. C’est tellement formidable de voir la population

nous soutenir. Si vous voyiez tout ce que les gens nous apportent en nourriture. Tous les jours depuis un mois et ça n’a jamais

baissé », explique-t-il. Chauffeur livreur l’hiver et cuisinier dans les restaurant­s pendant la saison estivale, Pascal Pivin a toujours travaillé pour élever ses deux filles. Aujourd’hui, à 52 ans, il loge dans un appartemen­t de 39 m2 qu’il loue 500 euros par mois, au 8 de la rue François-Taxil, en centre-ville du Muy.

Collecte sur Pot commun pour acheter un fauteuil roulant

« Comme je suis paralysé, je suis obligé de descendre ou monter les trois étages sur les fesses. Ce n’est pas très reluisant et ça me fait beaucoup souffrir mais c’est comme ça depuis un an. J’ai fait une demande de logement social en raison de mes faibles revenus et il me faudrait surtout un logement adapté, soit en rez-de-chaussée, soit avec un ascenseur et avec des portes qui puissent laisser passer mon fauteuil roulant », précise Pascal Pivin. On m’a proposé un appartemen­t mais au premier étage sans ascenseur. J’ai été obligé de refuser car ça ne m’avançait pas ». Les autres Gilets jaunes admirent son courage : « Il reste là tout le temps, la nuit, quand il pleut!» Ils ont même décidé de mettre

tout en oeuvre pour l’aider. « On veut se servir du mouvement social pour initier des élans de solidarité. Je viens de mettre en ligne une collecte sur internet sur Pot Commun, intitulé « Tous ensemble pour Calou ». Car Pascal, dit Calou, doit changer son fauteuil roulant mais il coûte 3 000 euros. La sécurité sociale ne rembourse que le tiers. On voudrait arriver à récolter 2000 euros pour que Calou puisse s’offrir ce nouveau fauteuil. Dans ce grand système capitalist­e, on crée un sous-système de solidarité. Macron nous prend pour des benêts mais ce n’est pas parce qu’on est le peuple qu’on est idiot. Nous sommes en train de mettre en place un référendum d’initiative citoyenne», confie Leïla, très touchée par la précarité de Pascal Pivin.

Pas de dossier

Contactée, la municipali­té muyoise n’a pas trouvé trace du dossier de Pascal Pivin. « Nous n’avons aucune demande, aucun numéro enregistré à son nom, a répondu Liliane

Boyer, maire du Muy. On vient de traiter la demande d’un autre monsieur en fauteuil roulant qui va être relogé en janvier mais on n’a pas de dossier de Monsieur Pivin. Il doit le déposer en mairie pour qu’on le fasse traiter par les bailleurs sociaux ».

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