Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Cet éleveur est excédé par les attaques du loup

Claude Marcelin n’en peut plus. Sans cesse confronté aux attaques du canidé, il témoigne d’une certaine vérité qui contraint son activité. Et il espère un sursaut des pouvoirs publics

- ROMAIN ALCARAZ ralcaraz@nicematin.fr

Claude Marcelin est un homme fatigué. Mais combatif. « Petit à petit, à force de le dire, peut-être que ça entrera dans les esprits. » Voilà l’objectif de son témoignage aujourd’hui. Confronté à une meute de loups depuis un paquet d’années, l’éleveur de Tourtour veut que les choses changent. Mais ce n’est pas gagné. Et l’homme le sait. « On voit bien, à la télé, les images des abattoirs. Mais la violence des attaques de loup, c’est autrement

plus cruel.» Dans son salon réchauffé par un poêle, histoire de combattre les températur­es qui approchent le zéro ces temps-ci, Claude Marcelin soupire. Les images dont il parle, ce sont celles de l’associatio­n L214, qui ont favorisé une opinion publique franchemen­t défavorabl­e aux industries agricoles. Mais pour le Varois, on passe à côté d’un autre problème. « Des agneaux retrouvés avec la trachée ouverte »

«Le loup, il tue tout ce qui bouge. Pas seulement pour se nourrir, ce n’est pas vrai. » Et les souvenirs de bêtes blessées remontent à la surface. « On a vu des agneaux avec la trachée ouverte, qui respiraien­t encore. D’autres animaux traînant ses tripes sur le sol. La dernière fois, une agnelle avait l’épaule arrachée, toujours vivante. Là oui, les bêtes souffrent. » Sans compter le « gaspillage » que produisent ces attaques. Alors l’éleveur s’adapte. Propriétai­re d’un cheptel d’environ 120 animaux (une centaine de moutons, une quinzaine de chèvres

et une dizaine de vaches), il investit pour protéger son exploitati­on. « Nous avons augmenté notre installati­on de clôtures électrique­s, avec davantage de fils pour essayer que les loups ne pénètrent pas sur nos terres. Sans compter les deux chiens patous, un troisième que l’on élève. » De nouvelles bornes pour envoyer le courant dans les clôtures ont également dû être installées. Mais ça ne suffit pas. « Tous les matins, quand je me réveille, la première chose que je fais, c’est le tour des bêtes. » Les indemnités, dont peuvent bénéficier les éleveurs, Claude Marcelin «ne les demande pas ». « Trop compliqué », notamment parce que « parfois, on ne retrouve qu’une oreille ». Il explique: « Après une attaque de loup, si on ne retrouve pas le cadavre, les sangliers passent, puis les renards. Et maintenant, les vautours aussi ! »

Pour l’heure, Claude Marcelin, avec ses fils, poursuit l’activité agricole de son exploitati­on. Fromage de chèvres, veaux et agneaux

pour la boucherie… « Le loup, on vit avec depuis longtemps. On a toujours eu des petites attaques. Mais là, à force, ça fait beaucoup.» Et

de conclure: «Si ça continue, j’ai peur pour mon exploitati­on. »

 ?? (Photos Dylan Meiffret) ?? Claude Marcelin pointe l’endroit de la dernière attaque. Une agnelle dont l’épaule avait été arrachée.
(Photos Dylan Meiffret) Claude Marcelin pointe l’endroit de la dernière attaque. Une agnelle dont l’épaule avait été arrachée.
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