Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
La construction de sa villa vire au cauchemar
Gilles Lespines devait habiter dans sa nouvelle villa à Saint-Aygulf depuis le 30 avril dernier. Démolie en raison d’un dénivellement d’1,5 m par rapport au sol, tout est à refaire aujourd’hui
Étant pompier professionnel, je suis donc un fonctionnaire qui gagne sa vie. Je n’ai pas à me plaindre mais aujourd’hui je veux simplement faire partager
ma mauvaise expérience. » Les traits tirés, la tasse de café à la main, Gilles Lespine, père de trois enfants, devait être l’heureux propriétaire d’une petite maison qu’il a fait construire à Saint-Aygulf. Pour réaliser son rêve, il avait fait appel à des professionnels en la matière. « À savoir “Maison d’en France” qui, soit dit en passant, a reçu le prix de la meilleure enseigne qualité de service en 2018. J’aurais fait appel à un pharmacien pour construire ma maison, cela aurait été pareil… » Car si, comme prévu dans le contrat, la construction a effectivement démarré le 31 mai 2017, la livraison était bien annoncée pour le 30 avril 2018. « Mais il n’en est rien. Pire, la maison a même été démolie intégralement. »
La maison construite trop haute… d’, m
Pour la simple et bonne raison que cette maison a commencé à sortir de terre avec pas moins d’1,5 m au-dessus du niveau du sol. Ce que Gilles Lespine a aussitôt fait constater par un géomètreexpert avant d’interpeller les quatre responsables de chantier qui se sont succédé sur l’incohérence de cette réalisation hors-sol. « Malgré cela, ils ont continué les travaux en dépit du bon sens. Les ouvriers ont même fait un trou dans le garage pour pouvoir y accéder avec la brouette alors qu’il y a une porte à un mètre. Par ailleurs, ils ont attaqué la construction sans avoir auparavant déposé une ouverture de chantier comme cela doit être le cas. C’est la mairie de Fréjus qui m’a adressé un courrier, en date du 24 septembre 2018, pour m’avertir de cette anomalie alors que la maison allait être démolie », désespère le père de famille, vidéo à l’appui : « J’ai effectivement réalisé une vidéo que j’ai mise en ligne sur YouTube. J’ai eu plus de 1 400 vues avant qu’elle ne disparaisse, du jour au lendemain sans explication, du site. Elle doit certainement déranger d’autant que je ne suis pas le seul à dénoncer cet état de fait. Mais les gens ont peur. Beaucoup de personnes essaient de réaliser le rêve d’une vie et tout s’écroule. » Après avoir forcé les portes afin d’obtenir gain de cause et stopper net le massacre, il a réussi à se faire entendre.
«On est gentil, on va refaire votre maison »
« Je me suis imposé lors d’une réunion de cette société qui avait lieu à Brignoles. Leur réponse a été : “Ne vous inquiétez pas. On est gentil, on va refaire votre maison”. Mais ils sont obligés de la refaire !
peste-t-il. En toute confiance, j’ai tapé à la porte de professionnels dans la construction et aujourd’hui, la livraison de ma maison aura lieu que tout avec le un monde an de prenne retard. Je ses veux responsabilités Car ce très large dans dépassement cette affaire. » du délai initial des frais engendre de toutes bien sortes. entendu D’abord la location d’un petit appartement à Fréjus : « avec deux chambres alors que j’ai trois enfants. Je dors dans le salon. Il y a aussi tous les frais intercalaires liés au crédit. Sans parler des travaux extérieurs… » Constats d’huissiers soigneusement rangés dans son épais dossier, Gilles Lespine a fait appel à un avocat pour demander des dommages et intérêts : « Autre que l’indemnité journalière pour laquelle je me suis battu et que cette société a consenti à me verser en attendant. » La construction de sa maison a repris depuis seulement quelques jours. « Nous en sommes encore au ferraillage et au terrassement. Cette seconde livraison devrait être prévue fin avril 2019 », espère cette fois le futur propriétaire. « Cette maison était un projet pour mes enfants. Aujourd’hui, je tiens juste à faire connaître ma mésaventure afin que d’autres ne se retrouvent pas dans la même situation que moi. » Et dire que lorsqu’il a posé sa signature au bas du contrat, la promesse du constructeur était de livrer l’habitation onze mois plus tard. Au bout du compte, il aura fallu deux ans. Du moins, en espérant qu’il n’y ait pas d’autres contrefaçons…