Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Frédéric Masquelier dégaine ses vérités

St-Raphaël Ses premiers pas de maire, sa méthode, son caractère, ses projets : à l’aube d’une année pré-municipale­s charnière, le maire Frédéric Masquelier répond à nos questions

- Propos recueillis par Thomas HUET thuet@nicematin.fr Photos : Dylan MEIFFRET

Ceux qui ont suivi son parcours vers le fauteuil de maire et ses premiers pas de premier magistrat pourront en attester : Frédéric Masquelier a changé de braquet en l’espace de quelques mois. L’année 2018 a été marquée par un tournant dans la gestion de la Ville, avec une rupture assumée et affichée avec Georges Ginesta. L’exercice 2019 s’annonce tout aussi passionnan­t.

Que peut-on souhaiter, à vous et à votre équipe municipale, pour cette nouvelle année ?

De bien travailler... et tous les voeux de santé et de bonheur, comme adressés à l’ensemble des Raphaëlois. La consigne que j’ai donnée, c’est que les élus soient sur le terrain, que les projets soient menés et on travailler­a jusqu’à la dernière minute de notre mandat. C’est l’une de mes exigences.

L’année dernière a été marquée par l’affirmatio­n de votre méthode travail et de votre caractère...

J’avais quelques idées sur des sujets auxquels il fallait répondre. Quand j’étais premier adjoint, j’ai rencontré beaucoup de monde, j’ai pu prendre le pouls de la population. J’avais discerné trois sujets récurrents : l’urbanisme, l’animation de la ville et la jeunesse, être davantage à l’écoute en ayant plus de transparen­ce dans le cadre de la gestion publique. Sur ce dernier point, il est nécessaire d’expliquer. Il faut que le message public puisse passer, car on a tellement de brouilles qui peuvent intervenir avec les réseaux sociaux, les rumeurs... Il faut savoir revenir à l’essentiel pour que le message soit compris et discuté. Comment je devais mener et engager ma fonction de maire ? J’y ai beaucoup réfléchi, car je me sens responsabl­e. Pour pouvoir mettre en oeuvre les projets, il fallait une administra­tion moderne et efficace. Pour cela, il fallait sortir d’une logique, propre au monde politique, qui est féodale. J’ai voulu changer ce système d’obligés, en étant davantage transversa­l et en ayant comme obligation d’essayer de répondre favorablem­ent à l’usager. J’ai voulu un système avec une meilleure gestion des deniers publics, où l’on ne sert pas forcément à plaire. Je ne suis pas obnubilé par les élections. Je regarde l’intérêt général. Les gens ont sans doute découvert quelqu’un de déterminé, qui n’hésite pas à affronter les obstacles. C’est dans le cadre d’une conviction profonde. Cette année, par exemple, je vais rediscuter l’ensemble des questions sociales avec le personnel. C’est nécessaire.

Justement, vous avez opéré des changement­s d’organisati­on dans les services municipaux pour, disiez-vous, gagner en efficience. Cette méthode a-telle été comprise et digérée par l’ensemble du personnel ?

Par l’immense majorité du personnel, oui. Il n’y a aucun problème de personnel, sauf quelques cas individuel­s. On voit bien qu’il n’y a pas une ambiance de terreur ou de malaise. J’associe le personnel et je leur explique. Ils comprennen­t qu’on a un peu moins de moyens, qu’on doit essayer de faire mieux. La méthode est aussi importante que le fond. D’où la mise en place du plan d’administra­tion, qui a été discuté pendant près d’une année. Mes principes sont posés : on étudie, on évalue, on se concerte et on décide.

Il y a aussi eu ces joutes verbales avec votre prédécesse­ur, Georges Ginesta, qui ont surpris beaucoup de personnes…

Je rappelle que je n’en suis pas à l’origine. Les déclaratio­ns d’hostilité ont été de son fait, avec des propos extrêmemen­t violents. Cette querelle n’a pas ou plus beaucoup d’intérêt. En ce qui me concerne, c’est du passé. Non, je pense que c’est terminé. J’ai fait le deuil de toute relation. Après, il faut un petit peu de sagesse. On peut voir ce que la division politique a pu causer à Fréjus... Je n’ai pas envie que ça se passe à Saint-Raphaël.

Les dernières semaines ont été marquées par le mouvement des Gilets jaunes, mouvement que vous avez critiqué dès le début et qui perdure. Quelle pourrait en être l’issue ?

Je considère que la vague est terminée ou qu’elle doit se terminer. Tout cela traduit la faiblesse des corps intermédia­ires. Moi je pratique déjà une démocratie participat­ive, je reçois des citoyens. On n’a pas besoin de cahiers de doléances en mairie, c’est à l’État d’organiser une consultati­on nationale. Et je ne pense pas que le Ric (Référendum d’initiative citoyenne) soit le meilleur mode d’expression démocratiq­ue. Le meilleur mode est d’avoir des élus présents, qui ne sont pas ‘‘ hors-sol ’’, qui sont responsabl­es et qui ne cherchent pas à faire carrière à tout prix.

Qu’est-ce qui a véritablem­ent changé en  pour les Raphaëlois ?

Ils ont pu voir qu’il y a davantage d’écoute, qu’il y a un maire présent. J’ai beaucoup travaillé pour que chacun soit fier de sa ville, alors même qu’on avait un discours assez négatif ces dernières années. Les Raphaëlois peuvent être fiers car on a aussi créé des événements, des rencontres. Je sens qu’une âme est en train de se recréer. Les Raphaëlois ont envie de pouvoir faire. On a libéré les énergies, on donne suite à de nombreuses propositio­ns, on est très à l’écoute des commerçant­s notamment. On essaie d’apporter des réponses pragmatiqu­es, audelà des clivages politiques. Sur l’agglomérat­ion avec Fréjus, par exemple. On ne pense pas la même chose, il n’y a pas d’accord politique, mais on travaille ensemble sur un certain nombre de projets, comme les équipement­s sportifs. Les Raphaëlois ont pu voir qu’il y a moins de posture politique. L’état d’esprit a changé. Et il y a eu des mesures concrètes comme la vidéo-protection, le Plu – on bétonnera moins –, l’animation avec la réouvertur­e de l’exColisée [renommé Estérel Arena N.D.L.R.] au mois de mars et une programmat­ion culturelle ambitieuse.

Les taux d’imposition ne bougeront pas cette année et a priori pas davantage en , année des élections municipale­s... Comment comptez-vous maîtriser les dépenses et résorber la dette ?

‘‘ On voit bien qu’il n’y pas une ambiance de terreur ou de malaise ”

Par une meilleure gestion. Il y a des marges d’économies comme dans toutes les collectivi­tés, sur les dépenses de fonctionne­ment notamment. Il faut aussi mieux valoriser notre patrimoine, qui est vivant. Lorsqu’il y a des ventes

‘‘ Il y a moins de posture politique, l’état d’esprit a changé ”

de foncier communal, il ne faut pas se contenter de l’avis des domaines, il faut vendre au meilleur prix. On a besoin de susciter plus de concurrenc­e, de mieux négocier avec les entreprise­s. Pour obtenir de meilleures recettes, on recourt au mécénat, on obtient de meilleures redevances sur l’occupation du domaine public... Et ce qui est essentiel, en sortant de cette logique féodale, c’est de nouer des partenaria­ts plus forts avec le Départemen­t et la Région. Le vrai sujet de demain sera les relations avec la Dracénie : avec les mutations de l’hôpital, il faut que les maires de l’Est-Var et du Golfe s’unissent pour avoir une offre de soins de qualité. Bref, il faut savoir ne pas rester dans son fief. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas laisser des conseiller­s départemen­taux en marge de la majorité, car on s’isole. L’inclusion de Françoise Dumont et Guillaume Decard participe à une meilleure gestion de la ville.

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Les principes de Frédéric Masquelier : « On étudie, on évalue, on se concerte et on décide ».
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