Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Jacques Lecointe : la « der » en sérénité

Trans-en-Provence A 73 ans, le maire estime avoir « accompli sa mission » auprès de ses administré­s. Il évoque les projets de 2019 et revient sur trente ans de carrière politique

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Élu au conseil municipal en 1989, premier magistrat depuis 2001, Jacques Lecointe a appris le métier de maire sans brûler les étapes. À 73 ans, après 30 ans de carrière politique, il estime être allé au bout de son engagement envers ses administré­s. Il ne briguera pas de nouveau mandat. Rencontre.

Dans quel état d’esprit abordezvou­s cette année  ?

C’est ma dernière année d’élu. Je ne me représente pas. Je vais assumer la mission confiée par les Transians jusqu’en mars . Et je suis très serein.

À la fin de ce mandat, cela fera  ans que je suis élu, dont  ans en tant que premier magistrat. Je serai dans ma e année, il faut savoir tourner la page. L’arrivée d’un nouveau maire, d’une nouvelle équipe, de nouvelles idées peut que donner un élan supplément­aire à la ville.

Quelle est la situation financière de la commune?

Elle est plutôt bonne. Et cela en construisa­nt une école maternelle. Cette opération est deM mais elle ne met pas, au niveau de l’endettemen­t, la commune dans le rouge. Je tiens à préciser que les aides de l’État et du Départemen­t me paraissent insuffisan­tes pour un budget de  M€ hors taxes. Nous avons obtenu du conseil départemen­tal   euros et, à ce jour, de l’État (avec la DTER)   euros. C’est peu, tout le reste est à la charge de la commune. Pour cela j’avais prévu en  une hausse des impôts de façon à ce que cette augmentati­on couvre le remboursem­ent de l’emprunt et les intérêts. Depuis nous n’avons pas voté de nouvelle hausse et il en sera de même pour cette année. Nous avons une gestion rigoureuse car nous sommes obligés de compter que sur nousmême. Et il n’y a pas de gaspillage !

Deux dossiers ont suscité l’incompréhe­nsion de certains de vos administré­s. D’abord l’achat d’un terrain pour plusieurs centaines de milliers d’euros afin d’établir une maternelle. N’y avait-il pas un autre emplacemen­t moins onéreux ?

Il y avait deux aspects dans cet achat de terrain. Nous avons recherché le côté pratique. Éventuelle­ment on aurait pu délocalise­r une école mais imaginez la gymnastiqu­e que cela peut engendrer pour les parents ayant deux enfants, l’un en primaire, l’autre en maternelle. Nous avons choisi de regrouper les deux établissem­ents. Les familles pourront ainsi déposer leurs enfants sans trop de déplacemen­t. Deuxième avantage : cet emplacemen­t est situé à proximité de la salle polyvalent­e qui sert aux enfants. En délocalisa­nt l’école, cela aurait généré, sur le long terme, des dépenses supplément­aires pour les déplacemen­ts en bus. Nous avons jugé préférable de regrouper en centre-ville l’ensemble des écoles. Il est vrai que le terrain était cher mais il est situé à proximité, le contrôle de légalité n’a pas retoqué cette opération.

Chemin des Suous, vous avez fait marche arrière. Avez-vous définitive­ment abandonné ce projet de cession à l’euro symbolique pour des logements ? Comptez-vous dépolluer le terrain ?

Je n’aurai pas le temps de le mener à bien. Dans l’état actuel je pense qu’il est un peu prématuré. On s’est peut-être un peu précipité, parfois c’est bien d’être alerté. Je ne suis pas quelqu’un de buté, si je constate que cela pose problème pour certains, on trouvera d’autres formules. Et puis, je pense qu’il y a un côté politique à un an des élections. Je ne veux pas aller à l’affronteme­nt, cela ne m’intéresse pas.

N’est-il pas paradoxal de ne plus présenter vos voeux à la population par soucis d’économie et d’être prêt à céder un terrain à l’euro symbolique ?

Ce terrain est une ancienne décharge, il était dans ce contexte dépollué par le promoteur. Donc cela ne coûtait pas un sou à la commune. Pour le faire dépolluer il faut compter 130 000 à 140 000 €. Après j’ai retiré cette délibérati­on, ce n’est pas une opération électorali­ste puisque je ne me représente pas. En revanche, je pense aujourd’hui qu’il est préférable de mettre à la charge de la commune l’opération de dépollutio­n puis ensuite procéder à la vente en tenant compte des frais engagés pour la dépollutio­n.

Vous ne regrettez pas de ne plus faire de voeux à la population ?

Avec l’expérience, je pense que les voeux n’intéressen­t plus la population locale. Aujourd’hui, il y a des moyens de communicat­ions comme le bulletin municipal et le site internet de la commune qui relatent tous les trimestres les travaux, le suivi des projets. En revanche, il ne s’agira pas de voeux mais en - je viendrai dire au revoir à la population en tant que maire. Je les remerciera­i de la confiance accordée pendant  ans.

Quels sont les grands chantiers de  ?

L’une des priorités est la création d’un parking d’une quinzaine de places sur le chemin menant au nouveau cimetière. Compte tenu des méfaits des inondation­s et des eaux de ruissellem­ent, nous avons acheté un terrain au quartier des Suous pour aménager un troisième bassin de rétention. Les travaux commencero­nt cette année. Je souhaite également mener une étude pour reprendre totalement le coeur du village (élargir les trottoirs…).

Que retenez-vous de ces  ans de carrière politique ?

J’ai été conseiller municipal, puis e adjoint avant d’être élu maire en . La fonction de premier magistrat est une belle fonction. Pas toujours facile, mais quand je fais le bilan il y a plus de satisfacti­ons qu’insatisfac­tions. Lorsqu’on améliore le quotidien de chacun on a l’impression de ne pas avoir perdu son temps. Les maires sont proches des gens, à l’écoute, contrairem­ent aux députés d’aujourd’hui coupés de la réalité. Je pense que le cumul des mandats de maire-député avait un sens. Je pense aussi que si le Président ne travaille pas avec les maires cela ne pourra jamais marcher. L’informatio­n vient de chez nous.

Votre plus belle réussite ?

Avec les équipes successive­s on a su redynamise­r le village. Nous lui avons donné une âme qu’il n’avait pas forcément avant. A la décharge de mon prédécesse­ur, il avait fait beaucoup sur les réseaux. Nous avons poursuivi avec nos idées. Je suis très satisfait de ce qu’on a pu faire pour amener du bien-être aux Transians.

La réalisatio­n la plus importante ?

La salle polyvalent­e. Lors des inondation­s de  elle n’était pas faite et nous nous sommes retrouvés avec pas mal de personnes à mettre à l’abri. C’était un réel manque. Cette salle n’était pas un besoin mais une nécessité.

Un regret ?

J’aurai aimé refaire un beau coeur de village avant de partir. Avec des trottoirs accessible­s, quelque chose d’agréable.

Allez vous adouber quelqu’un pour vous succéder ?

Dans une équipe il est toujours difficile de recommande­r quelqu’un… Il y a des personnes avec moi depuis  qui ont les compétence­s et l’honnêteté requise pour cette fonction.

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(Photo Dylan Meiffret) «J’aurai aimé refaire un beau coeur de village avant de partir.»

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