Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Enquête à Lariboisiè­re après le décès d’une femme aux urgences

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L’enquête interne sur le décès inexpliqué d’une patiente aux urgences de l’hôpital Lariboisiè­re en décembre à Paris pointe « une série de dysfonctio­nnements » dans sa prise en charge, dans un contexte plus général de manque de moyens, notamment de médecins, selon ses conclusion­s dévoilées hier.

La « surveillan­ce » de la patiente de 55 ans, retrouvée morte presque 12 heures après son admission, son « identifica­tion » erronée et un « délai de prise en charge très important » font partie des défaillanc­es soulevées dans le rapport commandé par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ilede-France.

Les causes du décès encore inconnues

Ce rapport ne précise pas les causes du décès, encore inconnues et relevant d’une enquête judiciaire.

Si « le tri et l’orientatio­n » de la patiente, reçue par une infirmière 10 minutes après son arrivée à 18 h 40 le 17 décembre, ont « été conformes aux procédures du service et aux recommanda­tions nationales », aucune réévaluati­on de son état n’a été effectuée entre 21 heures et minuit.

C’est à cette heure qu’elle a été appelée pour la première fois, plus de cinq heures après son inscriptio­n. Il s’agissait alors de l’installer dans un box d’examen. « Deux appels (...) n’ont pas abouti à l’identifica­tion de la patiente dans une salle d’attente surchargée», notent les auteurs du rapport, la patiente n’ayant pas répondu, peut-être en raison de son nom erroné. Elle a été considérée comme sortie « sans vérificati­on des bracelets des malades en attente ».

« Ces écarts aux bonnes pratiques ont eu lieu dans un contexte où l’activité », avec 249 passages, « était supérieure à la moyenne » ,de 230 passages par jour environ à Lariboisiè­re, note l’APHP dans un communiqué. Les effectifs paramédica­ux étaient au complet ce soirlà mais l’absence d’un médecin en journée a entraîné «une surcharge sur l’activité de garde ».

  passages par an aux urgences

Plus généraleme­nt, « le ratio des effectifs médicaux (...) au regard de l’activité, est inférieur à celui des autres urgences de l’AP-HP », alors même que les urgences de Lariboisiè­re sont les plus fréquentée­s de la région parisienne, avec plus de 85 000 passages par an. En outre, l’établissem­ent du Xe arrondisse­ment accueille de nombreux patients précaires « avec ou sans pathologie » qui alourdisse­nt la charge de travail des paramédica­ux, relèvent les auteurs du rapport. Autre problème, la « surface » et le nombre de boxes d’examen insuffisan­ts qui contribuen­t à l’engorgemen­t du service « en soirée », selon le rapport. Ses auteurs formulent une dizaine de recommanda­tions pour Lariboisiè­re et au-delà, appelant plus largement à une « réflexion nationale sur la définition de normes relatives aux moyens nécessaire­s » dans les services d’urgences.

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(Photo AFP) L’enquête interne pointe des « dysfonctio­nnements et un manque de moyens. »

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