Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Julien Lambert primé au festival de BD d’Angoulème

Le 46e festival de la bande dessinée a récompensé Julien Lambert dans la catégorie Polar. Zoom sur le petit monde de ce Belge de grand talent, devenu Arcois il y a deux ans

- AURÉLIEN RUESTERHOL­Z 1. Suite de dessins dans lesquels sont insérés du texte pour raconter une histoire.

Le fauve trône désormais dans son salon. La statuette est le symbole du Festival d’Angoulême, récompensa­nt la dextérité et le savoir-faire des auteurs de bandes dessinées. L’Arcois Julien Lambert fait partie de cette caste depuis la fin janvier. Né en 1986, ce Belge, qui habite Les Arcs depuis un peu plus de deux ans, a obtenu le «Fauve Polar SNCF».

C’est avec son premier album «solo» VilleVermi­ne, l’homme aux babioles (sorti en octobre dernier, aux éditions Sarbacane) qu’il a obtenu cette distinctio­n. Plutôt logique d’obtenir cette récompense quand on sait qu’il a été marqué par Soda notamment, polar humoristiq­ue franco-belge.

Journal de Spirou...

Trois ans de travail ont été nécessaire­s à Julien pour la réalisatio­n de deux albums (la suite VilleVermi­ne, le garçon aux bestioles est attendue d’ici avril).

Depuis son plus jeune âge, les phylactère­s

n’ont aucun secret pour lui. « J’ai d’abord (1) été lecteur. J’ai toujours aimé dessiner. À l’école, j’aimais l’expression écrite, raconter des histoires. J’ai grandi à la campagne en Belgique, on allait beaucoup à la bibliothèq­ue. Mes parents m’avaient abonné au Journal de Spirou. »

Celui qui a grandi outre-Quiévrain, à MesnilSain­t-Blaise, a des inspiratio­ns très diverses qui lui ont permis de créer l’univers de son fantasque héros, Jacques Peuplier.

Il lui a fallu plusieurs années pour mûrir le projet. « Il y a dix ans, lorsque je suis sorti de Saint-Luc (école supérieure des arts à Liège, Ndlr), il y avait déjà les prémices. Mon personnage n’était pas encore Jacques mais un grand balèze en chemisette. J’avais déjà la ville imaginaire.

L’étape majeure, c’est lorsque mon personnage a eu des superpouvo­irs pour parler aux objets, ça m’a permis plein de choses. Ça lui a amené des raisons de fuir le contact humain et il a eu ce côté humain avec les objets. Les gens aiment beaucoup le fait qu’il parle aux objets. Il y a cette ambiguïté : est-il fou ? C’est agréable de voir des lecteurs attachés au personnage et qui apprécient le dessin. »

Inspiré par De Crécy, Mignola et Matsumoto

Surpris par son prix, qui est « un bel encouragem­ent pour la suite », Julien trace son chemin de belle manière. Et s’il parvenait à rejoindre ses sources d’inspiratio­n dans l’histoire de la bande dessinée ?

Car ce sont trois grands auteurs qui l’ont particuliè­rement inspiré. Le premier est Lyonnais et a été récompensé à Angoulême en 1998 pour le deuxième tome de la série Léon la came : Nicolas De Crécy.

« Pour ses décors riches et ses illustrati­ons magnifique­s », explique un Julien admiratif. Le deuxième est américain, et se trouve être bien connu dans le monde des comics puisqu’il est le père de Hellboy : Mike Mignola.

« J’aime sa narration, son personnage et son côté humour-aventure à la Spielberg. »

Le troisième est plus exotique et nous vient du pays des mangas : Taïyo Matsumoto. « Lui, c’est pour ses histoires très touchantes, et ses personnage­s d’enfants dans des mondes fantastiqu­es. Mon préféré, c’est Amer Béton. Les dessins de Taïyo me touchent beaucoup, il a été influencé par des auteurs européens comme Moebius. » Que de belles références...

Si Julien ne mange pas encore à la même table que ces légendes, il s’en rapproche fortement. Encore plus si le deuxième opus fonctionne. Et quid du troisième ? « J’en ai envie, mais il n’y a rien de concret...»

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(Photos Dylan Meiffret) Grâce à VilleVermi­ne, Julien passe de l’ombre à la lumière.

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