Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
De l’humain derrière la dématérialisation !
Antibes - Juan-les-Pins De plus en plus de démarches administratives s’effectuent en ligne. L’espace numérique inauguré par la Ville offre un accompagnement aux victimes d’illectronisme
C’est un progrès indéniable : en effectuant, derrière son ordinateur, chez soi, des démarches administratives, on gagne du temps. Fini les déplacements. Fini la longue attente en mairie ou en préfecture, pour une carte d’identité, un passeport, une carte grise, un permis de conduire… En quelques clics, l’affaire est rondement menée. Sauf que tout le monde ne dispose par d’un ordinateur personnel. Pour certains, c’est même impossible, car ils ne savent pas, tout simplement, utiliser un PC. Encore moins, tout court, surfer sur internet. Dans ce cas, on parle d’illectronisme. De fracture numérique.
Ces exclus de l’e-administration sont nombreux (voir article ci dessous). Au point que l’État qui va poursuivre le développement de son plan de dématérialisation des actes administratifs, engagé il y a quelques années et qui a entraîné la fermeture des guichets dans les préfectures et les sous-préfectures, encourage aujourd’hui les mairies à créer des points numériques ! Des permanences ont déjà été installées à la préfecture de Nice et la sous-préfecture de Grasse, forte demande oblige. Depuis septembre, les Antibois n’ont plus à se déplacer jusqu’à la capitale des Parfums. Le service démocratie de proximité, inauguré dans le Bâtiment Orange Bleu, en centre-ville, accueille un espace numérique. Deux bureaux, deux ordinateurs. L’endroit est convivial. Très accessible, en rez-dechaussée. Anne-Sophie Gonzalez a inauguré ce tout nouveau service aux Antibois avec enthousiasme Pour l’instant, l’accueil fonctionne uniquement sur rendez-vous, le mardi et le jeudi.
Pas que les seniors
Depuis son ouverture, quelque deux cents personnes ont été reçues. Qui sont-elles ? Y a-t-il un profil type ? Non, justement ! «On avait dans l’idée que les demandeurs étaient en majorité des personnes âgées, mais au final, on s’aperçoit que cela touche toutes les générations. Il y a ceux par exemple qui ont tenté de faire les démarches et qui ont abandonné, parce qu’il y avait un point de blocage » explique Roselyne Papin, responsable du service. Il y a aussi une question de budget, souvent. Pour effectuer une démarche en ligne, il faut un ordinateur, l’accès à Internet, un scanner pour les documents papier, etc. Tout cela nécessite un investissement conséquent. Certaines personnes âgées n’ont pas de téléphones portables, de cartes de crédit, etc. « Dans ce cas, nous pouvons travailler avec un membre de la famille. Mais, il y a de plus en plus de retraités qui sont isolés… C’est complexe » constate Roselyne Papin.
L’espace numérique donne accès
au matériel, gratuitement. «Lebut est de ne pas effectuer les demandes à la place des personnes, notamment parce qu’il y a des données confidentielles, mais de leur montrer la marche à suivre. On leur apprend par exemple à créer une adresse de messagerie électronique ». Le demandeur peut accéder au site internet de l’ANTS (Agence nationale des titres sécurisés), en liaison avec les points et espaces numériques. Scanner ses documents, imprimer les reçus.
« Les retours sont positifs. C’est encourageant » sourit Anne-Sophie. On part de loin. Bien souvent. « Pour certains, le langage informatique est incompréhensible. Comme, par exemple le terme identifiant. C’est pourquoi chaque rendez-vous est prévu pour durer une heure. Il faut prendre le temps. Et il y a un suivi ».