Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
« Des solutions pour un monde plus durable »
Chaque cylindre de The Camp a une fonction particulière.
Le « village by CA Alpes Provence » est un « réseau accélérateur » du Crédit Agricole qui héberge une dizaine d’entreprises par trimestre. Lesquelles travaillent notamment sur les questions de mobilité, d’alimentation, ou plus largement sur la ville intelligente de demain. Actuellement, l’incubateur accompagne par exemple une jeune société française, Evo-Pods, dont le rayon est justement de « transformer rapidement un simple vélo en un vélo électrique, rapide, sûr, amusant et résistant aux intempéries ».
Il y a sinon les Italiens de Beeing. Makhtar N’Diaye, coordinateur du marketing à l’incubateur, détaille le projet : « Il s’agit d’une ruche connectée qui permet d’analyser les activités pollinisatrices et productrices des abeilles ». Ces précieuses données serviront autant aux apiculteurs professionnels qu’à ceux qui voudraient se lancer dans la production de miel maison.
Dans un autre cylindre situé face au bar, se trouve la Hive (en anglais, la ruche). L’idée ? « C’est de pouvoir faire un break, ou un simple pas de côté dans sa vie professionnelle, en se mettant dans une situation de création collaborative », présente Sylvia Andriantsimahavandy, codirectrice de la Hive. Deux promotions ont déjà défilé. Soit une quarantaine de résidents « curieux et ouverts » représentant pas moins de 17 nationalités différentes. On trouve, pêle-mêle, des designers, des codeurs, des artistes, des graphistes, des ingénieurs ou des circassiens… « En fait, on sélectionne des individus, et non pas des projets », précise Sylvia Andriantsimahavandy.
« Ce qui nous intéresse, poursuitelle, c’est la confrontation. On ne sait jamais à l’avance ce qui va sortir d’une promotion. La création doit être au coeur du projet ». L’objectif étant quand même de « trouver des solutions pour un monde plus durable ». Et de citer l’exemple de ce petit groupe qui a travaillé sur un kit pédagogique destiné aux enfants réfugiés afin qu’ils puissent communiquer entre eux.
Ou, dans un tout autre registre, il y a Cached, qui est en démo dans une chambre du campus. « C’est une expérience qui interroge ton moi digital à travers les infos perso que tu mets sur les réseaux sociaux… » On est pris en main, non pas par Morpheus le héros du film Matrix, mais par Jon Flint, veste de survêt’, tignasse longue et épaisse, originaire de Londres. Son équipe a mis au point un algorithme qui parvient « à dresser votre portrait avec vos principaux traits de caractère en analysant ce que vous publiez sur Facebook ou Twitter ». L’idée est d’éveiller les gens sur l’utilisation qu’ils ont des réseaux sociaux… Deux « hivers » de la première promotion ont été embauchés à The Camp. Parmi eux, David Erhun est originaire d’Ashland, « un petit village de 20 000 habitants dans l’Oregon ». Avec ses faux airs de Ryan Gosling, David est interprète anglais, français et espagnol. Il est un peu designer sur les bords, et a un master en développement international. Un profil « disruptif » comme on les aime ici à The Camp. Alors, à 25 ans, David est aujourd’hui chargé de parcourir les universités de toute la planète pour y dénicher des talents et faire la promo de la « Hive ». Lui non plus n’a «pasla prétention de changer le monde ». Juste la volonté de surfer cette « vague qui tente d’explorer le futur ».
On est accueilli par Nadia Trainar, petite blonde à lunettes toute en énergie. « Le Lab, présente-t-elle, est un lieu d’expérimentation qui rassemble entreprises, collectivités publiques et citoyens » autour de questions liées à la qualité de vie.
Nadia Trainar a pour mission d’aider à « l’amorçage de ces projets d’expérimentation » qui sont testés sur le terrain, dans «lavraievie» . L’un des projets phare du moment s’intitule « Demoiselle ». Il s’agit d’étudier les solutions de transport collectif de demain, en se demandant notamment « comment le véhicule autonome pourrait être efficace ».
Ici, c’est un peu l’antre de Géo Trouvetou. Ordinateurs, maquettes et outils jonchent les bureaux. Cet espace de travail est dédié à la création de prototypes. Pour le coup, on est vraiment dans le concret. Zephir, jeune stagiaire en goguette, semble d’ailleurs ravi de bosser sur « l’amélioration d’une imprimante 3D ».
C’est dans cette grande pièce garnie de coussins « normalement » dédiés au bronzage ou à la sieste, que sont accueillis écoliers et collégiens de la région qui participent à des projets collaboratifs.
Un groupe travaille par exemple sur l’amélioration de son école en dessinant un prototype, avec l’aide d’étudiants en design. Pour Stéphanie Ampart, responsable du Youth Camp, tout est, là encore, dans «lacuration ». « On n’a pas forcément besoin d’avoir des idées nouvelles, expliquet-elle face à un groupe d’étudiants studieux mais détendus.