Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le référendum : l’arme anti “gilets jaunes” de Macron ?

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Selon le Journal du dimanche, qui s’appuie sur les confidence­s de ses proches, le président de la République serait tenté de convoquer un tel référendum dès le 26 mai, jour des élections européenne­s.

La – ou les questions – proposée(s) aux Français lors de cette consultati­on pourrait notamment porter sur des sujets institutio­nnels, comme la réduction du nombre de parlementa­ires, la reconnaiss­ance du vote blanc ou la limitation du cumul de mandats dans le temps. « Tout est sur la table, mais rien n’est décidé », a réagi, hier, l’entourage du président.

Les européenne­s en même temps ?

La concomitan­ce d’un tel référendum et d’un scrutin européen jugé comme déterminan­t pour l’avenir de l’UE ne serait pas sans difficulté. Un ministre, favorable à un référendum à questions multiples mais plutôt en juin voire en septembre, a insisté cette semaine sur le défi logistique que poserait ce double vote. Sans oublier qu’il risquerait de parasiter les enjeux européens si chers à Emmanuel Macron.

Sur Twitter, Matthieu Orphelin, député LREM, estime qu’un référendum «sur4ou 5 questions clefs » sorties du grand débat serait « une excellente chose » , mais sa tenue le jour des européenne­s ne lui semble « pas du tout opportun[e]. Il faut de la clarté et ne pas tout mélanger ».

« Cela ne doit pas être l’occasion d’un “ball-trap” contre le président », prévient aussi dans le JDD l’un de ses proches, l’avocat Jean-Pierre Mignard.

Le chef de l’Etat, lui-même, a estimé dimanche dernier qu’un référendum risquait davantage de « déchirer » que d’« éclairer », lui préférant le concept de « délibérati­on permanente ».

Jeudi, il a cependant confié à plusieurs journalist­es que la question « fera partie des sujets discutés » et « doit être cogitée ». « Il n’y a aucun tabou, aucun interdit pour le chef de l’État, mais il faut évidemment attendre la fin du débat avant d’envisager quoi que ce soit », souligne le ministre Sébastien Lecornu coanimateu­r du grand débat national, dans Ouest France dimanche.

« Complèteme­nt bidon »

Selon un élu LR, la décision d’organiser une consultati­on dès le 26 mai doit pourtant être prise très rapidement, dès la semaine prochaine, « car il y a des délais incompress­ibles ».

Emmanuel Macron aura l’occasion d’aborder le sujet avec les chefs des groupes représenté­s à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen, qu’il recevra tout au long de la semaine. Gilles Le Gendre, patron des députés LREM, et Christian Jacob, président du groupe LR sont les premiers à être conviés par l’Elysée ce matin. Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (RN) seront reçus mercredi. L’opposition, déjà, est très critique. La cheffe du Rassemblem­ent national a vu dimanche une « manoeuvre » d’Emmanuel Macron pour « détourner l’attention » des élections européenne­s dans l’hypothèse d’un référendum organisé le même jour.

« Tout cela est complément bidon. Il va recycler sa réforme constituti­onnelle » ,a ajouté Marine Le Pen qui milite, une fois la proportion­nelle instaurée, pour une dissolutio­n de l’Assemblée nationale, un scénario écarté par Emmanuel Macron. Le patron des Républicai­ns Laurent Wauquiez a lui jugé que M. Macron prend «un grand risque » s’il décide d’organiser un référendum limité aux seules questions institutio­nnelles et portant sur des sujets « très coupés des préoccupat­ions et des priorités des Français.»

En parallèle de ses échanges avec les responsabl­es politiques, Emmanuel Macron tiendra cette semaine ses cinquième et sixième débats publics.

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(Photo AFP) Emmanuel Macron envisage la date du  mai pour un référendum, ce qui coïncidera­it avec les élections européenne­s.

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