Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Quitte ou double ?

- De MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Un référendum en mai ? Le , en même temps que les élections européenne­s ? Pourquoi pas, dit-on aujourd’hui du côté de l’Elysée. C’est une façon de répondre aux « gilets jaunes » : « Vous me reprochez de ne pas donner la parole aux Français, et bien voilà, je vous la donne. » L’entreprise est audacieuse : on ne compte plus en France les référendum­s perdus depuis . Et personne, même parmi ceux qui ne l’ont pas connu, n’a oublié le départ du Général de Gaulle, battu le  avril , par une majorité de Français unis pour contrecarr­er sa volonté de supprimer le Sénat. Car ce n’est pas tant sur le contenu du texte référendai­re proposé qu’est jugé un Président de la République que sur la sympathie, ou l’antipathie qu’il inspire aux Français. Or ce qu’on a beaucoup entendu en France, ces derniers temps, c’est « Macron démission ». Revenir devant les électeurs dans quelques semaines, c’est donc prendre un grand risque.

Si Emmanuel Macron est prêt à le prendre, c’est qu’il n’a pas le choix. Certes, en animant comme il le fait le grand débat national dont il a eu l’idée, il a retrouvé les accents de la campagne présidenti­elle qui l’avait fait élire en  et détourné de nouveau sur lui les projecteur­s longtemps, trop longtemps à ses yeux, braqués sur les «gilets jaunes».

Les premières remontées des rencontres du Président avec les maires rejoignent celles des trois mille réunions, spontanées ou pas, organisées un peu partout en France : il y a aujourd’hui dans la société française une demande réelle de participat­ion à la vie publique, un refus de s’en remettre une fois pour cinq ans aux élus, un désir d’expression, tout cela joint à des remises en cause du système fiscal et sociétal, tels qu’il faut y répondre, d’urgence.

De la même façon qu’il faut pouvoir distinguer entre ceux des « gilets jaunes » qui refusent tout bonnement le débat, enfermés dans leur colère et ceux, de plus en plus nombreux, qui veulent y rentrer.

Ainsi, le référendum, auquel pense l’Elysée, redonnerai­t souffle et vigueur au quinquenna­t, en lui permettant de tourner une page qui a failli lui être fatale. Quitte ou double, ce référendum ? Oui. Mais le seul chemin du Président pour retrouver ou renforcer sa légitimité.

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