Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La première semaine du procès Air Cocaïne en bref

Les premiers jours du procès, à Aix-en-Provence, ont été l’occasion pour la défense de déminer le terrain de l’accusation. Des tensions entre juge et enquêteurs ont aussi été « déballées »

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Le procès de l’affaire Air Cocaïne qui s’est ouvert lundi devant la cour d’assises spéciale des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, a atteint sa vitesse de croisière. En attendant la reprise des débats ce lundi, retour les temps forts de la première semaine.

Lundi : deux absents avec de bonnes excuses

Comme annoncé la veille dans Var-Matin, deux des onze accusés ont bénéficié d’une dispense. Ils seront jugés ultérieure­ment. Nicolas Pisapia, le passager unique des vols suspects (lire nos « repères » ci-contre) est empêché de quitter la République dominicain­e avec une condamnati­on à 20 ans de prison au-dessus de la tête. L’apporteur d’affaires Alain Castany – qui a mis en relation le client avec la compagnie aérienne – vient de subir une lourde interventi­on chirurgica­le. Sur les bancs de la défense, on réclame un renvoi de l’ensemble du procès au nom du « droit à un procès équitable ». La cour rendra sa décision à l’issue des débats.

Mardi : un premier coup de théâtre

Les avocats du commandita­ire présumé, Ali Bouchareb, font la démonstrat­ion que l’une des pièces à conviction n’a pas été saisie au domicile barcelonai­s de leur client, contrairem­ent à ce que soutenaien­t les enquêteurs. Cette note manuscrite – sur laquelle est inscrite l’adresse d’une station-service du Muy, lieu supposé d’une première livraison de valises – a été retrouvée au domicile d’un autre individu, jamais inquiété dans l’affaire Air Cocaïne… Cette pièce avait été présentée par erreur ou négligence par la justice espagnole.

Mercredi : la piscine d’un accusé

Un enquêteur du service national de la douane judiciaire (SNDJ) témoigne à la barre. Me Antoine Vey, l’un des avocats des pilotes, l’interroge sur la fameuse piscine que Pascal Fauret a indiqué faire construire, dans un SMS présenté comme une pièce à charge. « Les démarches ont été faites en amont, reconnaît le témoin, cette piscine n’a aucun lien avec cette affaire .» Me Thierry Fradet, avocat de François-Xavier Manchet, douanier toulonnais soupçonné d’avoir usé de sa qualité pour aider au trafic, obtient également des concession­s sur les motivation­s de son client : « C’est quelqu’un qui aime rendre service (...) Il n’a pas reçu d’argent. »

Jeudi : l’amertume des pilotes

La cour d’assises aborde notamment le procès de Saint-Domingue, à l’issue duquel les pilotes ont été condamnés à vingt ans de prison. « Ce procès était un peu comme celui-là, on se demandait ce qu’on faisait là », commente

Tout se passait bien pour nous,

Odos, on n’avait pas l’intention de partir en pensant que la vérité serait faite. » Les deux pilotes avaient fini par fuir la République dominicain­e sans attendre leur procès en appel.

Vendredi : une guerre des polices

La semaine se clôt sur le témoignage d’un policier de l’office de répression des trafics illicites de stupéfiant­s (OCRTIS), qui avait fini par être dessaisi, pour « manquement à la loyauté », au profit de la gendarmeri­e et de la douane judiciaire. Cette décision – rare – a été prise après que la juge d’instructio­n a découvert en mai 2014 qu’un accusé, Fabrice Alcaud (actionnair­e de la compagnie aérienne en cause) était fiché comme « indic » depuis mars 2013. « La veille de son interpella­tion, le 2 septembre 2013, j’avisais (par téléphone) la magistrate du statut de M. Alcaud »,

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le Toulonnais Frank Colin (au second plan), organisate­ur des vols, pendant l’audition d’un policier.

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