Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Au Salon, les agriculteurs veulent redorer leur image
Alors que les pratiques intensives sont très critiquées, le monde paysan, en pleine mutation, souhaite profiter de la grand-messe parisienne pour se réconcilier avec l’opinion publique
Des pratiques plus vertes, plus respectueuses des animaux : les agriculteurs français veulent profiter de leur salon annuel pour montrer ce qu’ils font de bien, espérant endiguer les attaques qui les visent et justifier une rémunération à la hauteur de leurs efforts. La 56e édition du Salon international de l’agriculture (SIA), qui ouvre ses portes aujourd’hui et jusqu’au 3 mars, devrait accueillir, selon ses organisateurs, entre 650 000 et 700 000 visiteurs. L’année dernière, 672 000 personnes avaient arpenté les allées de la porte de Versailles à Paris.
Plus que jamais, le Salon souhaite refléter une agriculture proche de la réalité que vivent une majorité d’agriculteurs : ils ne se reconnaissent pas dans un modèle ultra-intensif néfaste pour les hommes comme pour les animaux, ni dans une agriculture passéiste, mais pratiquent un modèle raisonné, majoritairement familial.
« Des bleus au coeur »
« Nous trouvons que les critiques sont de plus en plus fréquentes et extrêmement blessantes, notamment sur les modes de production et les intrants [tout ce qu’on ajoute pour permettre la culture : engrais, azote, désherbant...]. Les agriculteurs ont vraiment des bleus au coeur. Ça pèse sur leur moral », regrette Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, 1er syndicat agricole français. Pour elle, «ily a une énorme envie des agriculteurs de s’exprimer » et ils vont passer à une « communication offensive ». « Ensemble, arrêtons “l’agri-bashing”, ce sera le thème de ma présence au Salon », a annoncé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, faisant référence au dénigrement systématique des pratiques agricoles. Des manifestations d’organisations anti-viande ont déjà émaillé de précédents salons, et la France a connu ces derniers mois une multiplication d’actes de vandalisme contre des boucheries et commerces de bouche. Au-delà du bienêtre animal, les critiques touchent l’utilisation de produits phytosanitaires dans les champs, comme le glyphosate, qui focalise l’attention du grand public.
« Expliquer comment on fait les choses »
Pour le président du Salon de l’agriculture, Jean-Luc Poulain, « nous avons besoin d’expliquer aux Français comment on fait les choses. » Selon lui, les agriculteurs « sont prêts » à signer des contrats où ils prennent des engagements « vis-à-vis de l’environnement, des demandes sociétales ». Mais « à condition que le paiement promis arrive en temps et en heure, car l’agriculture est une industrie très lourde en capitaux ; les virages se prennent mais pas à angle droit, plutôt sur une grande courbe de 10 à 20 ans ».