Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
LA FOLIE TATTOO S’EMPARE DES SENIORS
Pour cacher, pour montrer, pour se distinguer ou simplement pour relever un défi, le tatouage au grand âge est un joli pied de nez à la vie. Parfois joueur, mais souvent réparateur
Le tatouage n’est pas seulement en vogue chez les jeunes. C’est aussi un moyen, pour une génération touchée par les épreuves de la vie, de transformer son corps afin de mieux les surmonter.
Madeleine vient de sauter le pas. Juste une petite rose sur l’épaule ; à 84 ans, son premier tatouage. Nady, 68 ans, a opté pour un pantin « tristounet, nostalgique », sur tout l’avant-bras. Pied de nez à la maladie de Parkinson qui, depuis deux ans, la harcèle. Jacky, 68 ans lui aussi, s’est fait tatouer sur le coeur le portrait de sa femme adorée. Qu’un accident lui a brutalement arrachée, mi-décembre, après quarante-sept ans de mariage. Dominique, 64 ans, a recouvert d’une branche de cerisier les stigmates de quatorze opérations après un cancer du sein qui, en meurtrissant son corps, avait endolori son âme. Il y a aussi ce policier de cinquante ans devenu paraplégique après être tombé d’un toit. Il a voulu se moquer de son sort en se faisant tatouer sur les jambes des articulations mécaniques donnant l’illusion de pouvoirs fantastiques.
Qu’il soit grave ou léger, réparateur ou frivole, le tatouage des seniors ne répond à aucun code.
Ici, pas de mode. Mais un désir intime qui s’affranchit de la pression sociale et du jugement de l’entourage. Libre, mûri, réfléchi. Le tattoo sur le tard est aussi un défi. Pour le reste de la vie.