Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

J.-P. Pernaut : « Ces marchés où l’on sent vivre le pays »

Le présentate­ur préféré des Français lancera le 11 mars la deuxième saison d’une chronique à succès : Votre plus beau marché. Ses 30 ans de JT sur TF1, son cancer, le théâtre : le point sur « JP »...

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En 2018, pour la première édition, 3,8 millions de votes avaient été recueillis. Sanarysur-Mer en tête du classement, Votre plus beau marché avait fait un carton. Un vrai succès populaire qui incite Jean-Pierre Pernaut à remettre le couvert. Son cabas sous le bras, la forme retrouvée, il peut à nouveau arpenter les places de nos villes et villages pour inviter les Français à élire leurs étals préférés. En quelque sorte, le dessus du panier.

Le marché de Sanary élu le plus beau de France. Bon souvenir ?

Ah oui ! On y a fait un journal spécial mémorable avec une foule colossale, une ambiance de folie : ça fait partie de mes grands moments de l’année dernière.

C’est ce qui vous a convaincu de renouveler l’opération ?

Ce qui m’a surtout impression­né, c’est l’engouement, partout, avec des élus qui se sont investis et des journaux régionaux qui se sont mobilisés, certains plus que d’autres. Ceux qui ont pris la plus grande part ont gagné. J’ai eu, depuis, quelques contacts avec la ville de Sanary, et je sais que ce coup de projecteur a donné à beaucoup de gens l’idée d’aller s’y promener et de fréquenter le marché. C’est donc positif pour tout le monde.

Vous êtes plus marché provençal que marché boursier ?

Ah, je ne suis pas du tout marché boursier ! (rires) Oui, plutôt provençal, ou basque, ou encore picard, puisque c’est ma région d’origine. Laquelle, d’ailleurs, ne s’est pas tellement engagée l’an passé. Moi, le marché, j’y vais tous les dimanches en banlieue parisienne, où j’habite. J’adore parler avec les gens. Ils ont tellement l’habitude de nous croiser, ma femme et moi, qu’ils ne nous demandent pas à tout bout de champ des selfies et des autographe­s. Sur un marché, on sent le pays vivre. Même dans les tout petits villages, où c’est le lieu où l’on se rencontre, où l’on échange, où l’on achète accessoire­ment de bons produits. Et si l’on parle souvent de la disparitio­n du commerce en milieu rural, on s’aperçoit que les marchés, eux, se portent bien.

À prendre le pouls de ce pays, avez-vous vu venir les « gilets jaunes » ?

Dans le journal de  h, sur TF, on joue le jeu de la proximité depuis trente ans. Avec tout un réseau de correspond­ants, ce qui nous permet de ne pas nous enfermer dans notre bulle. Nous connaisson­s donc les préoccupat­ions des gens. Et nous savions qu’un certain nombre de mesures avaient été mal acceptées. Les  km/h, la CSG sur les personnes âgées, la hausse des taxes sur le carburant. Cela ne date pas du mois de novembre : depuis le printemps dernier, on percevait une grogne autour d’un pouvoir d’achat qui commençait à se serrer. On découvre maintenant que les statistiqu­es de l’Insee ne correspond­ent pas à la réalité, le logement n’étant quasiment pas pris en compte dans la hausse des prix.

Cette crise n’a-t-elle pas mis en évidence une forme de défiance à l’égard des médias ?

Je ne le pense pas. Je vois plutôt une politisati­on de ce mouvement, avec des gens qui ont intérêt à faire croire qu’il existe une défiance à l’égard des médias. Mais les journaux régionaux, tout comme notre JT de  h

– et je le sais car j’y mets toutes mes tripes – sont proches des gens. Agriculteu­rs, pêcheurs, pouvoir d’achat, impôts, taxes et paperasse… Curieuseme­nt, depuis le début de cette crise, on parle très peu de chômage. Et sur le poids croissant dans l’opinion des réseaux sociaux ? Ce sujet était au coeur de la première pièce de théâtre que j’ai écrite en ,

Piège à Matignon. Ou comment n’importe quelle rumeur lancée sur les réseaux sociaux peut être reprise partout, les grands médias se sentant aujourd’hui obligés de la reprendre, sous prétexte qu’elle a fait du buzz. C’est le danger : avoir des débats pendant des heures, sur rien. D’où l’importance de la semaine de la presse à l’école, du  au  mars.

Ces rumeurs, en avez-vous parfois été victime ?

On m’a enterré  fois, on m’a fait partir à la retraite  fois ou divorcer  fois. Quand j’ai été malade, au mois de novembre, un journal à scandale a fait sa une avec ce titre : « Jean-Pierre Pernaut, six heures d’opération ».

Tout cela parce que mon chien, blessé l’été dernier, avait dû subir une interventi­on !

Le chien va bien ?

Oui, très bien. (rires) Son maître aussi ! J’ai eu un cancer de la prostate, aujourd’hui mon médecin me dit que je suis guéri. Entre-temps, mon épouse, qui elle-même a souffert d’un cancer il y a quelques années, mais bien plus grave que le mien, m’avait incité à en parler. Sans tabou. Depuis que j’ai été opéré, vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de dizaines, de centaines de personnes qui me croisent et qui me disent : « Bienvenue au club ! » J’ai eu la chance de le prendre tôt. À partir d’un certain âge, de temps en temps, il faut aller voir un urologue qui vous fait un examen pas forcément très sympathiqu­e, mais bien utile. Pour la prostate, on en est actuelleme­nt à  % de guérison.

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On m’a enterré dix-huit fois ”

Comment fait-on pour surmonter l’épreuve ?

Encore une fois, on en parle, et de la façon la plus naturelle. Ce n’est pas parce qu’un médecin vous dit : « Monsieur, vous avez un cancer », qu’on est foutu. J’ai aussi la chance d’avoir une femme qui m’a soutenu dès le début.

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Le cancer ? Il faut en parler sans tabou ”

Avec Nathalie Marquay, l’aventure du théâtre continue ?

Oui, avec notre deuxième pièce, Régime présidenti­el, en tournée depuis presque deux ans. Du vrai vaudeville qui virevolte dans tous les sens, autour de l’histoire d’une femme très ambitieuse et un peu sotte qui veut absolument que son mari soit Président. On jouera jusqu’en juin, une troisième pièce est sur le feu.

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(Photo Julien Cauvin)

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