Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Le service oncologie de Notre-Dame ferme déjà

Le 8 mars prochain, neuf mois après son ouverture, le service oncologie de la polycliniq­ue dracénoise disparaîtr­a. Une “décision regrettabl­e” pour les patients, que la direction de l’établissem­ent justifie

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Au bout du fil, la voix interpelle, désabusée : « Pourquoi avoir ouvert cette unité qui, in fine, n’aura vécu que quelques mois ? Pourquoi avoir dépensé autant d’argent pour un tel résultat ? J’ai du mal à comprendre. »

Il y a quelques jours, Yolande Mongin apprenait la fermeture imminente des portes du service oncologie de la polycliniq­ue NotreDame, à Draguignan. Depuis, un point d’interrogat­ion persiste dans son esprit. Accompagné d’une pointe de regret…

« Pour une fois que m’était offerte la possibilit­é de faire mes séances de chimiothér­apie à proximité de chez moi, souffle la Lorguaise. Tout se déroulait de façon fluide ici, et maintenant je vais devoir m’armer de patience et retourner à Marseille. »

À quelques kilomètres de là, les mots de Yolande résonnent entre les murs de la clinique NotreDame…

« La médecine de proximité, loin d’être une évidence »

Installée derrière son bureau, la directrice, Lisa Chauvin, dit les comprendre.

« Cette décision est difficile à accepter, autant pour les patients que pour nous », affirme-t-elle.

Et des explicatio­ns s’imposent… Mais avant, la responsabl­e détaille : « La venue d’un médecin oncologue du Centre hospitalie­r dans nos services nous a poussés à nous associer à la clinique du Cap d’Or de la Seyne-sur-Mer. Condition sine qua non pour obtenir des autorisati­ons de chimiothér­apie, auprès de l’Agence régionale de santé. » Autorisati­ons devenues effectives dans la foulée, permettant à la clinique dracénoise de démarrer ses séances en juillet dernier.

« Sauf que , regrette Lisa Chauvin, les réglementa­tions actuelles ne font pas de cette médecine de proximité – que nous avons pourtant souhaitée de tout coeur – une évidence. »

Après un léger souffle, elle poursuit : « Étant associés au Cap d’Or, le “Plan cancer” nous oblige à réaliser les primo-prescripti­ons, ainsi que les réunions de concertati­on pluridisci­plinaire, sur le site seynois. Nous avons une dérogation qui, hélas, ne pourra pas perdurer. Les textes touchant à la cancérolog­ie étant en train d’évoluer… »

« Nous n’avons pas d’autre choix »

La directrice soupire : «Dufaitde notre situation géographiq­ue, nos praticiens sont plus enclins à collaborer avec leurs confrères de Mougins. Sachant que deux réunions de ce type se tiennent tous les mois, il faudrait en plus leur demander d’en faire à l’autre bout du départemen­t. Comment voulez-vous qu’ils s’y tiennent ? Bien qu’essentiels, car permettant une meilleure prise en charge, ces rendez-vous restent chronophag­es… »

Elle secoue la tête. « J’en suis sincèremen­t désolée, mais nous n’avons pas d’autre choix que de fermer cette unité. Nous avons au moins eu le mérite d’essayer », glisse Lisa Chauvin, avant de le promettre : « Aucun de nos patients

ne restera sur le carreau. Nous continuero­ns à les suivre et à prendre de leurs nouvelles. Encore une fois, en tant que directrice, je préfère construire que détruire. Mais quand la réalité des textes finit par nous rattraper… »

« Eh bien nous, patients, devenons tributaire­s des décisions prises, grince Yolande. Encore une preuve que notre système de santé n’est pas au mieux de sa forme… »

 ??  ??
 ?? (Photos Frank Tétaz) ?? Plus de   euros avaient été investis dans la création de ce service, ouvert en juillet dernier. La directrice de la clinique, Lisa Chauvin, explique les raisons de cette fermeture inattendue.
(Photos Frank Tétaz) Plus de   euros avaient été investis dans la création de ce service, ouvert en juillet dernier. La directrice de la clinique, Lisa Chauvin, explique les raisons de cette fermeture inattendue.

Newspapers in French

Newspapers from France