Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

La Pugétoise N. Ait-Ibrahim à la conquête des JO

Après avoir remporté de nombreuses médailles, Nadège Aït-Ibrahim se fixe comme ultime objectif la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 pour conclure sa carrière en beauté

- Propos recueillis par Alexandre DEMESY Photo : Philippe ARNASSAN

Tous les lundis, notre rubrique Dans le vestiaire avec... vous permet de faire connaissan­ce avec un acteur du sport local. Cette semaine : Nadège Aït-Ibrahim, championne de France, d’Europe et du Monde, revient sur sa carrière et son objectif de devenir la première championne olympique de karaté.

Quel est votre parcours dans le karaté ?

J’ai commencé à l’âge de trois ans avec mon père. Je suis entrée à  ans en sports études. Je suis allée à Boulouris, Talence et après Montpellie­r. J’ai connu l’équipe de France à  ans également. Cela m’a tout de suite plu, les résultats sont arrivés assez vite au niveau national. J’ai toujours gagné les championna­ts de France. J’ai eu ma place de titulaire en équipe de France en junior et je ne l’ai jamais quittée.

Une histoire de famille, le karaté ?

Oui, tout le monde en fait, mon père, ses frères et mes deux soeurs aussi. J’ai quand même essayé d’autres sports, mais il me fallait un sport individuel.

Votre père vous a entraînée, ça doit créer des liens très forts ?

Oui, il m’a entraînée jusqu’à  ans avant que je ne parte en sports études où on est encadré par les entraîneur­s de l’équipe de France. Mais, il a toujours été là dans les grosses compétitio­ns. Même s’il ne me coache pas, il est là dans le public et j’entends toujours ses encouragem­ents.

Quelles sont vos principale­s qualités ?

Je dirais le mental. Au niveau technique, au départ, je n’étais pas très bonne. J’ai gagné quelques compétitio­ns grâce à mon mental et la persévéran­ce.

Comment se passe l’entraîneme­nt à l’année ?

Je m’entraîne seule ici au club du Grand Samouraï à Puget-surArgens, et quand il y a des championna­ts je pars rejoindre la sélection nationale. Je mise beaucoup sur ma préparatio­n physique car on a quasiment toute la même technique. C’est la préparatio­n physique et mentale qui fait la différence. Je fais de la natation, de la course, du crossfit, du yoga.

Vous n’êtes plus en équipe de France maintenant ?

Non, je suis en équipe national d’Algérie. Cela s’est fini il y a un an avec l’équipe de France, ils souhaitaie­nt prendre une autre personne. L’an dernier, j’ai gagné l’Open de Paris et ils ne m’ont pas recontacté­e. Je souhaite faire les Jeux Olympiques pour décrocher la seule médaille qu’il me manque et l’Algérie m’a contactée car j’ai la double nationalit­é.

Il y a eu une grosse victoire il y a quelques semaines aux ÉtatsUnis…

Oui, là c’était du karaté combat avec des coups portés, contrairem­ent au karaté sportif où on maîtrise la touche. Là, dans le combat, on va jusqu’au KO. C’était un gros événement à Hollywood, avec une grosse organisati­on.

C’est Hollywood quoi. C’était mon deuxième combat. À la fin de l’année, il y aura une ceinture à la clé.

Vous avez une préférence entre le karaté de combat ou sportif ?

C’est différent. Dans le karaté sportif, il y a beaucoup de stratégie en jeu, il faut être tacticien. Dans le combat, il faut chercher le contact, la force est en jeu. Les deux sont plaisants.

Quels sont vos derniers résultats ?

Il y a une victoire à l’Open de Paris, à l’Open de Suisse en septembre . Puis après, je me suis préparée pour le combat à Hollywood.

De quoi rêvez-vous encore ?

L’objectif c’est les JO de  à Tokyo, où le karaté rentre en tant que démonstrat­ion. Ça fait longtemps qu’on attend cela. J’avais un peu perdu espoir car le karaté avait été refusé plusieurs fois. Cela a été une vraie motivation pour moi de continuer. On a des qualificat­ions à faire. Cela consiste en plusieurs Open qui se font tout au long de l’année. On marque des points au classement mondial pour être sélectionn­é. Il faut terminer dans les huit premières. Actuelleme­nt, je suis e au classement mondial, mais j’ai déjà connu la première place. Là je suis redescendu­e, car j’ai manqué beaucoup de compétitio­ns. Je n’ai pas pu faire les déplacemen­ts. Financière­ment, c’est compliqué, quand j’étais en équipe de France tout était à leur charge, mais là en sortant de la sélection, j’ai dû prendre tout ça en charge avec le club. Là, il me suffit de faire deux

bonnes compétitio­ns pour bien remonter au classement.

L’absence du karaté aux JO , n’est pas une déception…

Non pas pour moi personnell­ement, je ne pensais pas y aller c’était trop loin pour moi. Après, je suis un peu déçue pour la génération future. J’envisageai­s aussi d’entreprend­re une formation pour amener des jeunes aux Jeux Olympiques.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Le titre de championne du monde en  à Paris, c’était assez grandiose. Après là en , j’ai gagné l’Open de Paris devant toute ma fille, c’est aussi un très bon moment.

Et l’un des moins bons ?

Ma e place aux championna­ts du monde  contre une Italienne lors de ma re année seniors. Mais en , lorsque je gagne, c’est face à la même Italienne.

Quelles sont vos prochaines compétitio­ns ?

Il y a Salzbourg à la fin du mois, Rabat en mars, puis une compétitio­n au Canada et au Japon. J’ai jusqu’à janvier  pour être dans les huit premières. Après, il y a une compétitio­n à Paris où les trois premiers décrochent aussi leur sélection pour les JO.

“C’est la préparatio­n physique et mentale qui fait la différence ”

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