Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Huit tombes dégradées dans le cimetière

Des stèles ont été cassées et renversées dans le carré musulman du cimetière paysager de la ville. Police et justice mènent l’enquête alors que le maire Richard Strambio a porté plainte

- AR AVEC P.J. /E.E.

Huit tombes du carré honorant la mémoire de défunts musulmans, reposant au cimetière paysager de Draguignan, ont été profanées, dans la nuit de dimanche à lundi.

Les plaques de marbre des sépultures ont été sectionnée­s à leur base par une ou plusieurs personnes, des souvenirs dispersés, causant un trouble certain auprès des familles.

Avec ces actes odieux, c’est toute la communauté musulmane qui est touchée en son âme, en plein ramadan. « C’est horrible et gratuit, se désolait hier la belle-soeur d’une défunte, sur place. Ils ne sont plus là, qu’ont-ils fait pour mériter cela ? »Tandis que rien n’avait transpiré de l’affaire, le sous-préfet de l’arrondisse­ment Éric de Wispelaere, ; le procureur de la République, Patrice Camberou et le maire, Richard Strambio, se sont rendus sur place dans la matinée, pour constater les dégâts. Chacun, dans l’après-midi, a pu exprimer son indignatio­n, dans la mesure qu’imposent ses fonctions et sa réserve.

« Comme tous les jours, on fait une ronde et on ferme à 18 heures. Dimanche, tout était en place » ,se souvient Didier, le gardien du cimetière paysager. « J’ai fait une autre tournée à 21 heures avec les chiens. Rien d’anormal à signaler. » Ce n’est qu’hier, aux alentours de 7 heures, que Didier s’est rendu compte des dégradatio­ns et du vol d’un « petit ange ». « Je m’en suis aperçu en allant débroussai­ller. J’ai vu la première tombe profanée à deux pas de l’entrée, puis les sept autres. J’ai prévenu la mairie. Je travaille ici depuis dix ans, et il n’y a jamais eu problème. »

Ces dégradatio­ns n’ont été associées à aucun tag ou autres inscriptio­ns infamantes. Pour le gardien des lieux, il y a peu de chance que le (ou les) coupables soient passés par la porte d’entrée principale : « l’un de mes chiens aurait forcément aboyé. »

Incompréhe­nsion

Plus tard dans la matinée, les familles ont constaté que les tombes avaient été profanées. «Jemesuis rendue au cimetière avec ma soeur, pour me recueillir, confiait une Dracénoise. Alors que je prenais de l’eau, elle s’est dirigée vers la tombe de notre soeur disparue. Elle m’a dit qu’il y avait une pierre avec une sourate (Ndlr, un précepte du Coran) par terre. Je me retourne et je vois aussi une Mecque en céramique cassée et posée sur un banc. J’ai alors fait le tour et vu les tombes... J’étais écoeurée ! »

Durant l’après-midi, les visites se sont succédé. Avec toujours la même désolation. « Ils ont même pris le petit ange de mon fils. Pourquoi ont-ils fait cela ? », s’interroge la mère d’un défunt.

Enquête en cours

De son côté, le maire de Draguignan, Richard Strambio, a annoncé qu’il portait plainte contre X, alors que le représenta­nt du parquet attendait hier les premières conclusion­s des relevés de police technique et scientifiq­ue destinées à révéler, ou non, des traces d’ADN, d’empreintes digitales, ou autres. « Il est intolérabl­e de s’en prendre aux défunts reposant dans un cimetière », réagissait, le premier magistrat. « Je m’en remets à la justice pour élucider cette affaire. Je demande une sanction exemplaire pour un acte dont le caractère odieux est à la mesure de la bêtise de ceux qui l’ont commis. »

Des actes qui n’ont pas laissé insensible non plus le député de la huitième circonscri­ption, Fabien Matras. « Ces agissement­s sont inqualifia­bles et frappés d’indignité. En ce mois de jeûne, je peux imaginer l’émotion que cela suscite et j’exprime toute ma compassion aux familles. »

Quatre ans de prison

Jeanne Etthari, présidente de Mémoire unité dignité des rapatriés d’Algérie (qui défend la cause des harkis), tenait pour sa part à manifester son indignatio­n face à un acte « de lâcheté ». « Il nous révulse tant il est porteur de haine, d’intoléranc­e et d’ignorance, dans une société où doivent prévaloir les valeurs de concorde, de paix, de mémoire et de respect des différente­s religions. »

L’enquête est conduite par le commissari­at de police de Draguignan. Ces dégradatio­ns graves ainsi que la violation de sépultures sont passibles de quatre ans d’emprisonne­ment et d’une amende de 30 000 euros.

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(Photo d’illustrati­on E. E.) Les dégradatio­ns ont été découverte­s, hier matin, dans le carré musulman du cimetière paysager.

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