Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

« Gallieni, le pacificate­ur »

À quelques jours du retour triomphant – pour une halte – du général chez lui, à Saint-Raphaël et Fréjus, le dresse, en mai 1899, le portrait de ce « vaillant soldat »

- (archives.var.fr). Rubrique : Nicolas PASCAL npascal@varmatin.com

Chaque mardi, replongez dans l’actualité locale de l’époque avec le “Saint-Raphaël Journal”

fondé en , ou le “SaintRapha­ël Revue”, fondé en , et dont tous les numéros sont précieusem­ent gardés aux archives du départemen­t

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la semaine, il y a  ans.

CSaint-Raphaël Revue

omme annoncé dans les journaux locaux au début du mois de mai 1899 (lire notre rubrique de la semaine dernière) ,le général Gallieni, gouverneur de Madagascar à cette époque, vient prendre un peu de repos en France. Une halte bienvenue qui le conduira de Marseille à Paris avant de descendre à Fréjus et Saint-Raphaël au tout début du mois de juin 1899.

En attendant, pour faire patienter ses lecteurs, le Saint-Raphaël Revue propose un portrait de ce soldat « qui a rendu d’émminents services pour la France »:« Ce n’est pas sans une émotion patriotiqu­e que nous prononçons le prénom de ce brave. Le général Gallieni, qui fait triompher au loin le drapeau des trois couleurs, est de ceux qui affectionn­ent particuliè­rement notre cher pays de Saint-Raphaël : c’est, en effet, auprès de son aimable et charmante famille, dans sa propriété de la Gabelle, située dans la plaine de Fréjus, au pied de Valescure, que le Commandant en chef des forces de Madagascar et gouverneur de cette nouvelle possession française, se propose de venir goûter un repos si mérité. En cette retraite, momentanée, que rendra plus douce la présence d’une digne compagne, le général [...] parachèver­a ses divers ouvrages. Le dernier, Campagnes au Soudan français, a été couronné par l’Académie française. »

Le képi troué par une balle à Bazeilles

« Durant ses trop courts séjours à la Gabelle, le général se plaît à parcourir son beau vignoble créé, pendant son absence, par sa vaillante épouse [...]. Joseph-Simon Gallieni est né à Saint-Béat (Haut-Garonne), à vingt minutes de Luchon. Élève au Prytanée de La Flèche, il sortit de Saint-Cyr, dans la promotion de Suez, en 1870. L’École fut licenciée quinze jours avant la sortie réglementa­ire, par suite de la guerre. Rappelé peu après, il faisait ses premières armes à Bazeilles, sous les ordres du général Lambert, alors commandant : dans la défense héroïque du village et de la maison des “Dernières Cartouches”, il eut son képi troué par une balle ; fait prisonnier, il fut envoyé à Neubourg-surDanube où il resta six mois.

« De 1872 à 1879, il fit la campagne de la Réunion et du Sénégal. Il se trouvait précisémen­t dans cette colonie lorsque, en 1880, le général Brière de l’Isle le chargea de la mission du Haut-Niger où il fut captif du roi de Segou, Ahmadou, pendant dix mois. »

« Extrême humilité »

« De 1883 à 1886, il prit part à la campagne de la Martinique et, pendant les deux années suivantes, à celle du Soudan.

Reçu à l’École de guerre en 1889 ; breveté d’État-major, étant lieutenant-colonel, avec la mention très bien, il remplit, à Paris, les fonctions de chef d’État-major du corps des troupes de la Marine, de 1891 à 1892. Ensuite, eut lieu la campagne du Tonkin, d’octobre 1892 à février 1896, en remplaceme­nt de M. Laroche, avec le pouvoir le plus étendu de gouverneur et de commandant en chef.

« Avec le général Gallieni, chaque exploit nouveau agrandit, sous le ciel inclément de l’Afrique, le patrimoine de la France, le domaine de la civilisati­on. Son extrême humilité ne nous permettra jamais de connaître les détails de ses épopées où, cependant, le moindre fait mérite d’être signalé, vulgarisé et donné en exemple, au nom de notre gloire militaire si noblement défendue par ce vaillant soldat !

« Les immenses services rendus à la France par le général Gallieni méritaient du gouverneme­nt français une juste récompense. Avant de quitter le ministère des colonies, André Lebon a tenu à honneur de faire rendre cette justice : le Journal Officiel de la République française du 1er juin dernier élevant “élevant à la dignité de grand officier M. Gallieni, Joseph Simon, Gouverneur général de Madagascar et général commandant en chef du corps d’occupation ; 30 ans de services, 20 campagnes dont 9 de guerre. Services exceptionn­els : a dirigé avec la plus grande distinctio­n la pacificati­on de Madagascar et l’organisati­on de notre nouvelle colonie. Commandeur du 7 décembre 1894.”

 : il laisse Joffre être chef de l’armée française

Ajoutons, pour l’histoire, qu’il sera promu général de division le 9 août 1899. Il retournera définitive­ment en France en 1905, décoré de la grand-croix de la Légion d’honneur, il prendra sa retraite en avril 1914 avant d’être rappelé en août de la même pour la Première Guerre mondiale. Avant cela, en 1911, il avait décliné l’offre d’être fait commandant en chef de l’armée française en 1911, au motif de son âge et de sa santé, au profit de Joffre qui avait été l’un de ses adjoints à Madagascar. Après s’être illustré une dernière fois en assurant la défense de la capitale et en contribuan­t à la victoire de la Marne, Joseph Gallieni meurt ensuite le 27 mai 1916 d’un cancer de la prostate.

Pour revenir à 1899, il vous faudra hélas attendre début juin pour le récit de l’arrivée fanfaronna­nte du général à Fréjus et Saint-Raphaël...

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(DR) Le général Gallieni apparaît ici à la une de l’hebdomadai­re Monde Illustré du  mai . Le

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