Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)

Assises : le Seynois nie l’assassinat, pas l’empoisonne­ment

- G. D.

Un moment d’incrédulit­é est passé sur la cour d’assises du Var hier matin, à l’ouverture du procès de Gilles Garcia, pour l’assassinat de son épouse et l’empoisonne­ment de leur fils de 11 ans, dans la nuit du 7 au 8 janvier 2015 à La Seyne-sur-Mer. Pour la défense de l’accusé, Me Antoine Beauquier a demandé un nouveau renvoi du procès.

« Mon client a manifestem­ent pris des médicament­s. Il ne me semble pas possible qu’il puisse être jugé dans cet état. »

Déjà un premier faux départ

Effectivem­ent, l’élocution pâteuse de Gilles Garcia semblait indiquer que son esprit tournait au ralenti. Encore avait-il pu décliner son identité et sa profession, ce qui n’était pas le cas il y a trois semaines, quand à l’avantveill­e de son procès il avait fait une tentative de suicide médicament­euse à la prison de La Farlède.

Il avait fallu prolonger la session d’assises d’une semaine.

La cour a rejeté cette demande, aux motifs que, ce procès ayant déjà été renvoyé une fois, qu’aucun témoin ou expert n’étant défaillant, et que l’accusé étant en détention provisoire depuis plus de quatre ans, les conditions pour un procès équitable étaient réunies.

Assassinat nié

« Je reconnais avoir donné des substances à mon fils, a déclaré Gilles Garcia en préambule. Je ne reconnais pas d’autres faits. » Il n’a pas toujours dit ça, comme en a témoigné le policier du commissari­at de La Seyne qui a dirigé l’enquête. Arrivé le premier dans l’appartemen­t du couple à Mar Vivo, après l’appel inquiet de la mère de Valérie Garcia, il avait trouvé l’accusé en caleçon dans le salon, son épouse morte sur le lit conjugal, un crucifix posé sur la poitrine, et l’enfant assis sur son lit, complèteme­nt hagard.

« Gilles Garcia m’a dit tout de suite : “J’ai tué ma femme”. Je lui ai demandé ce qu’il avait donné à son fils, il m’a conduit dans la cuisine et m’a montré deux boîtes de médicament­s. »

Elle voulait divorcer

Dans le salon se trouvaient plusieurs documents, destinés à des proches, où l’accusé expliquait qu’il avait tué sa femme et son fils, puis s’était suicidé. Plus tard en garde à vue, Gilles Garcia avait expliqué qu’il s’agissait d’un suicide familial, pour lequel son épouse et leur fils étaient d’accord, « pour que toute la famille se trouve réunie dans l’au-delà ».

Quel était le plan prévu ?

« De partir tous ensemble », a répondu l’accusé. Pourquoi ne s’était-il pas réalisé ?

« La malchance de la médecine. » L’enquête a vite montré que Valérie Garcia n’était pas dans une dynamique suicidaire. Après avoir entretenu quelques mois une relation extraconju­gale, elle avait le projet de refaire sa vie. Au matin de sa mort, elle avait d’ailleurs rendez-vous avec un avocat, pour entamer une procédure de divorce.

La cour entendra aujourd’hui plusieurs experts en médecine légale sur les conditions de la mort de Valérie Garcia.

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(Dessin Rémi Kerfridin) Le policier de La Seyne a résumé l’enquête qu’il a dirigée.

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