Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)
Tarifs douaniers : la Chine réplique aux Etats-Unis
Malgré les mises en garde de Trump, Pékin a annoncé, hier, son intention d’imposer des droits de douane sur 60 milliards de dollars de produits américains dès le 1er juin
Escalade dans la guerre commerciale Pékin-Washington : la Chine a annoncé, hier, qu’elle allait augmenter ses droits de douane sur des produits américains représentant 60 milliards de dollars d’importations annuelles, en représailles aux mesures de Donald Trump.
A partir du 1er juin, les tarifs douaniers seront relevés à 10 %, 20 %, voire jusqu’à 25 % sur un ensemble de marchandises américaines déjà taxées, a annoncé le bureau de la Commission tarifaire du gouvernement, une annonce bousculant un peu plus les places boursières. De nouvelles négociations visant à mettre un terme à la guerre commerciale bilatérale se sont achevées la semaine dernière à Washington sans accord. La Chine et les Etats-Unis ont cependant appelé à poursuivre leurs discussions.
« Nous travaillons sur des dates » pour de nouvelles négociations qui devraient se dérouler à Pékin, a déclaré, hier, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin de Washington. « Rien n’est confirmé pour le moment », a-t-il ajouté. Le ministre de Donald Trump s’est, en revanche, refusé à faire des commentaires sur les représailles chinoises annoncées hier.
Les Etats-Unis avaient augmenté, vendredi, de 10 à 25 % les droits de douane punitifs sur des marchandises chinoises représentant 200 milliards de dollars d’importations annuelles. Une procédure en vue d’augmenter des tarifs douaniers sur la quasi-totalité des produits chinois devait, par ailleurs, être lancée
hier. Une décision prise par Donald Trump pour maintenir la pression sur la Chine. « L’ajustement de nos droits de douane est une réponse à l’unilatéralisme et au protectionnisme commerciaux américains » ,a indiqué, hier, Pékin dans son communiqué. « La Chine espère que les États-Unis retourneront sur la bonne voie des consultations économiques et commerciales bilatérales. »
Boeing visé ?
Le gouvernement chinois avait déjà promis à plusieurs reprises ces derniers jours qu’il allait prendre des « mesures de représailles nécessaires ». L’échéance du 1er juin, soit dans près de trois semaines, semble toutefois indiquer que Pékin souhaite donner aux deux pays le temps de parvenir à un éventuel accord. Les regards sont désormais tournés vers Donald Trump, qui s’était montré particulièrement menaçant, hier, peu avant le relèvement des droits de douane décidés par Pékin : « La Chine ne devrait pas répliquer -- ça ne ferait qu’empirer les choses ! », avait twitté le président américain.
En vain. « La Chine ne cèdera jamais à aucune pression extérieure. Nous avons la détermination et la capacité de défendre nos droits et intérêts légitimes », a encore martelé lundi Geng Shuang, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Nous l’avons déclaré à maintes reprises : l’ajo ut de droits de douane ne permet de résoudre aucun problème », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse régulière.
Avant les mesures punitives annoncées lundi par Pékin, la quasi-totalité des marchandises américaines importées en Chine étaient déjà surtaxées par Pékin -- soit 110 milliards de dollars sur un total annuel de 120,34 milliards (en 2018). La Chine pourrait également cesser d’acheter des produits agricoles et réduire ses commandes d’avions Boeing, a jugé sur Twitter Hu Xijin, l’influent rédacteur en chef du Global Times, quotidien réputé proche du pouvoir. Dans un éditorial mis en ligne hier soir, le journal au ton volontiers nationaliste affirme que Pékin « prendra certainement d’autres mesures de rétorsion ».
Réformer l’OMC
« Avec leur politique douanière, les Etats-Unis semblent tirer des balles dans tous les sens », opine le journal. « Ils s’infligeront beaucoup de dégâts à eux-mêmes, et ce sera difficile à tenir sur le long terme. La Chine, quant à elle, va viser avec précision, en essayant d’éviter de se faire mal. » La Chine a, par ailleurs, fustigé les politiques commerciales « unilatérales et protectionnistes » des EtatsUnis qui provoquent, selon elle, « une crise existentielle » de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Dans un document posté sur le site internet de l’OMC, elle a demandé une réforme de l’institution pour qu’elle puisse résister aux pressions de Washington.