Le devoir de bien faire

Désormais Toulonnais de coeur et dans l’âme, Raphaël Lakafia veut soigner tout particulièrement cette dernière sortie à Mayol pour mieux se projeter vers l’avenir

On ne va pas s’amuser à comparer et rappeler qu’il y a eu aussi quelques échecs retentissants ces dernières saisons en termes d’intégration à Toulon.

Mais l’adaptation de Raphaël Lakafia à la vie et aux valeurs toulonnaises a été si naturelle et réussie qu’elle méritait d’être soulignée. Là où certains n’ont jamais réussi à comprendre le Toulonnais, lui se l’est tout de suite approprié. Peut-être à cause du soleil qui tape fort toute l’année sur la tête, et de la mer qui adoucit la vie et lui rappelle ses origines néo-calédoniennes. Plus sûrement parce que Raphaël Lakafia, qui a grandi à Tours, sait apprécier la beauté naturelle et les choses simples. Et parce que le guerrier des îles qui sommeille en lui s’est un peu reconnu dans les valeurs de ce pays de cocagne obligé d’être toujours en résistance pour continuer d’exister entre deux villes trop envahissantes... Aujourd’hui, l’ex-Parisien, qui n’est surtout pas en villégiature dans le Var, reconnaît bien sûr quelques manques d’un point de vue sportif. Mais le troisième ligne et capitaine par intermittence du RCT qui a prolongé son engagement jusqu’en 2023 n’a aucun doute sur ses choix et ses désirs. Sa vie est désormais ici. Son oeuvre s’accomplira jusqu’à la fin en rouge et noir... Et pour qu’elle soit belle, il est important, à plusieurs titres, de bien finir cette saison.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à deux matches du terme de la saison ?

J’ai envie d’en profiter à fond. C’est un cycle de deux ans qui s’achève. Il y a des gens importants qui vont partir. Il faut profiter de jouer avec eux. Profiter de Mayol aussi et surtout essayer d’engranger de la confiance pour la saison prochaine.

Ce match de Clermont est donc plus important que celui à Castres ?

Oui. On a le devoir d’offrir une bonne sortie à pas mal de joueurs. On a le devoir de faire un gros match pour les gens qui ne nous ont jamais lâchés malgré une saison compliquée. Les sources de motivation sont toutes trouvées. Je pense qu’on a les armes. À nous de montrer notre meilleur visage. On sait de quoi on est capable. On l’a vu par intermittence cette saison. Quand tout se met bien en place, ça fait aussi de gros matches...

On a souvent stigmatisé votre indiscipline cette année. Mais n’est-il pas normal finalement de faire des fautes quand on subit ?

J’ai envie de dire oui et non. Ce qui est sûr, c’est que c’est très pénalisant pour le club et pour l’équipe. À un moment donné, chacun à son tour, on a pété les plombs parce qu’il y a eu énormément de frustration. Et pas forcément parce qu’on subissait. Cela dit, même si on reste humain, on est professionnel et on n’a pas le droit de faire ces fautes stupides.

Malgré toutes les difficultés de la saison, vous semblez très épanoui à Toulon. Comment est-ce possible ?

Je suis tout simplement heureux ici. Je me sens bien, ma famille est bien aussi. C’est très important pour moi aussi et à partir de là, c’est plus facile niveau rugby. C’est une région et un club que j’ai appris à découvrir et je m’y sens vraiment bien. J’ai envie de continuer à vivre de belles années ici et même d’y finir ma carrière. C’est un ensemble de choses. C’est un club dans lequel je me sens bien. Il y a ici des valeurs dans lesquelles je me retrouve. La région vit pour le rugby. C’est un cadre de vie exceptionnel pour ma famille et pour moi. De plus, je bénéficie de la confiance de Patrice et j’ai envie de rendre tout ça... Tout ce qu’on nous a donné. Je n’ai pas envie que ça s’arrête...

Paris, c’est donc bien fini ?

Mon arrivée à Toulon a un peu changé les plans familiaux. Ma famille n’est pas loin de la région parisienne, celle de ma compagne y vit. Au départ, notre plan, c’était de repartir à Paris après cette expérience à Toulon. Au final, j’ai bien peur qu’on ne reparte jamais...

Malgré de bonnes prestations, vous ne figurez pas dans la pré-liste de Jacques Brunel pour le Mondial. C’est une déception ?

Ça fait un moment que j’ai compris que je n’étais pas dans les plans... Je serai à la maison pour m’occuper de mes enfants cet été et voilà... Je ne veux voir que le verre à moitié plein. Je serai au contact de ma famille et au final, n’est-ce pas le plus important dans la vie ?

Un souhait aujourd’hui ?

Qu’on termine ces deux matches correctement. Il le faut pour les joueurs qui partent et pour le public qui le mérite. Et surtout qu’on reparte sur une grosse saison. Qu’on mette tout ça derrière nous, qu’on se serve cette fois à bon escient de la frustration emmagasinée toute l’année.

Le titre des Espoirs ?

J’ai envie de dire : c’était tellement prévisible ! Il y a tellement de jeunes qui ont évolué avec nous, à qui Patrice a fait confiance. Ils ont acquis de l’expérience en accéléré et cela s’est traduit par un titre, directement. On a vraiment un réservoir de qualité avec des jeunes qui de surcroît ont un excellent état d’esprit. Chaque fois qu’ils sont venus avec nous, ils nous ont apporté leur fraîcheur, et derrière, ils sont champions. Je suis content pour eux.

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Des valeurs dans lesquelles je me retrouve ”

Ici tout est vraiment différent ! Ce sont les jeunes qui montrent l’exemple ?

Exactement. Ce sont eux qui nous ramènent à des choses simples et c’est vrai qu’on a tendance à se compliquer la vie. Avec une bande de copains, un staff qui te met en confiance, tu peux faire de grandes choses. C’est la leçon à tirer de leur titre...

»(Photo L. Boutria) Malgré les difficultés de la saison, Raphaël Lakafia se sent comme un poisson dans l’eau à Toulon. Désormais engagé jusqu’en  avec le RCT, le troisième ligne ne veut plus se « lever de la raison.